Maroc-Algérie : Quand les données deviennent des armes diplomatiques

Le 8 avril dernier, le Maroc a été touché par les conséquences d’une cyberattaque d’une ampleur incalculable qui a visé, entre autres, la Caisse Nationale de Sécurité sociale du pays. Parmi les documents étalés sur la toile, des attestations de salaires de 2 millions d’affiliés dont celles du secrétaire particulier de Mohammed VI, Mohamed Mounir El Majidi.

L’ attaque a visé aussi le ministère de l’Emploi mais aussi et surtout, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Le Mardi 8 avril, depuis un compte ouvert sur Telegram au nom de Jabaroot DZ, des pirates se réclamant de l’Algérie ont diffusé des données provenant de la CNSS. Ces informations concernent les salariés de nombreuses entreprises et entités du pays comme le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, le Crédit du Maroc, la Banque centrale populaire. Mais elles touchent aussi des entreprises de presse, ainsi que Siger, la holding personnelle du roi.

Alertée par les autorités marocaines, la chaîne russe a fini par supprimer le compte des hackers.
Les fiches de paie du secrétaire particulier du roi dans la nature

Les listes publiées permettent de lever le voile sur les salaires déclarés de plusieurs personnalités, dont le secrétaire particulier du roi, Mohammed Mounir El Majidi dont le salaire exhorbitant a choqué la société marocaine : 120.000 euros par mois.

Les fuites ont mis en exergue l’ampleur des inégalités dans les salaires révélés. Des traitements non déclarés aussi. Selon Le Monde, la liste des personnes employées par le bureau de liaison israélien à Rabat a été révélée et ils ont subi des menaces suite à cette révélation.

Escalade numérique

Le conflit numérique entre l’Algérie et le Maroc a atteint un nouveau niveau d’escalade. Depuis mardi, des groupes de hackers des deux pays se livrent à un échange intensif, ciblant les infrastructures numériques des deux États.

Le conflit latent de longue date entre l’Algérie et le Maroc s’est déplacé vers le domaine numérique. Depuis mardi, des groupes de hackers des deux pays ont lancé une série d’attaques et de contre-attaques visant les institutions gouvernementales. Samedi, le groupe algérien DDOS54 a mené une attaque DDoS à grande échelle contre plusieurs sites web gouvernementaux marocains. Dans un message sur sa chaîne Telegram, DDOS54 a déclaré que ces attaques étaient une réponse à de prétendues cyber-intrusions de hackers marocains.

Les attaques de DDOS54 ont entraîné la mise hors service temporaire de plusieurs plateformes gouvernementales marocaines, notamment le site web du ministère de l’Agriculture et celui du ministère des Relations avec le Parlement. Il est intéressant de noter qu’aucune fuite de données n’a été signalée jusqu’à présent, bien que le groupe ait annoncé son intention de paralyser les services numériques marocains pendant 15 jours. Ces attaques marquent un tournant dans l’histoire de ce cyberconflit, selon le groupe.

La récente montée des tensions a commencé mardi, lorsqu’un autre groupe algérien, JabaRoot DZ, a affirmé avoir piraté la Caisse Nationale de Sécurité Sociale marocaine. Des informations salariales concernant deux millions de personnes issues de 500 000 entreprises auraient été divulguées. En réponse, des groupes de hackers marocains ont lancé une série d’attaques de représailles contre des institutions algériennes, notamment le site web d’Algérie Poste et le ministère algérien du Travail.

La contre-attaque la plus significative est venue d’un autre collectif marocain, qui a publié 34 Go de données sensibles, prétendument issues du ministère algérien de l’Industrie Pharmaceutique. Ces données contenaient des documents confidentiels et des communications internes. Telegram s’est imposé comme l’arène principale de ces groupes de hackers, qui l’utilisent non seulement pour revendiquer la responsabilité et publier des données volées, mais aussi pour proférer des menaces et coordonner de futures opérations.

Ce qui n’était autrefois qu’une série sporadique de cyberincidents s’est transformé en un conflit numérique structuré et permanent entre les groupes de hackers marocains et algériens. Bien qu’il n’y ait aucune preuve officielle reliant directement ces acteurs aux États, la nature symbolique des cibles et le calendrier des attaques suggèrent des sous-entendus géopolitiques plus profonds. Déjà pris dans une impasse diplomatique tendue, le Maroc et l’Algérie sont désormais confrontés à une rivalité qui s’étend au domaine numérique, engendrant des risques croissants pour la sécurité des données publiques, la continuité des services essentiels et la confiance des citoyens.

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