Sahara : De Mistura autorisé à visiter El Aaiún (El País)

Staffan de Mistura dans une voiture de la MINURSO à Laayoune, chef-lieu du Sahara Occidental.

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Le Maroc autorise le voyage à El Aaiún de l’envoyé de l’ONU pour le Sahara pour la première fois depuis sa nomination

Staffan de Mistura entame une tournée dans le Maghreb pour informer le Conseil de sécurité en octobre après une année d’arrêt de sa mission.

L’envoyé de l’ONU pour le Sahara occidental, le vétéran diplomate Staffan de Mistura, a voyagé ce lundi à El Aaiún, comme l’a confirmé un responsable de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso). Il s’agit de sa première visite dans le territoire de l’ancienne colonie espagnole depuis sa nomination en 2021. À plusieurs reprises par le passé, le gouvernement marocain avait interdit sa présence dans le territoire, qui est sous son contrôle depuis 1975, après le départ des troupes espagnoles à la fin de la dictature du général Francisco Franco.

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La presse marocaine avait anticipé son voyage la semaine dernière, bien que les responsables des Nations Unies aient refusé de confirmer la visite jusqu’au dernier moment, geste interprété comme un déblocage de la mission de médiation de De Mistura.

La Minurso n’a pas rendu public le programme de ses réunions à El Aaiún. Elle s’est contentée d’annoncer le début de sa tournée régionale, qui devrait traditionnellement la conduire en Algérie, en Mauritanie, au Maroc, ainsi que dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (à l’ouest de l’Algérie, près du Sahara), où le mouvement indépendantiste du Front Polisario a sa base. De Mistura prévoit de présenter en octobre un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU sur l’avancée de sa mission, qui était paralysée depuis que l’Espagne a changé sa position de neutralité en mars 2022 pour soutenir le plan d’autonomie pour le Sahara présenté par Rabat en 2007.

L’arrivée de l’envoyé spécial des Nations Unies à El Aaiún s’est déroulée au milieu d’un important déploiement des forces de sécurité en prévision de sa visite, et dans l’attente de manifestations massives de femmes en faveur de l’indépendance du territoire, selon des sources bien informées sur la situation au Sahara occidental. Avant de se rendre dans la capitale administrative de l’ancienne colonie espagnole, le diplomate italo-suédois s’est entretenu à Rabat avec le représentant marocain aux Nations Unies, Omar Hilale, a rapporté une source diplomatique à l’agence Efe.

Samedi dernier, deux jours avant l’arrivée à El Aaiún de l’envoyé spécial de l’ONU, le sous-secrétaire d’État adjoint américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Joshua Harris, a visité les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, où il a rencontré le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali.

Le Département d’État a souligné par la suite dans un tweet que cette visite avait eu lieu en «soutien au processus politique des Nations Unies au Sahara Occidental». Tant cette déclaration que la présence à Tindouf du responsable pour le Maghreb de la diplomatie américaine sont interprétées comme un geste des États-Unis pour ouvrir la voie à une solution politique négociée entre les parties, conformément à ce que prône l’ONU.

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En janvier 2022, De Mistura a voyagé pour la première fois dans la région après sa nomination en novembre de l’année précédente, mais il n’a pu visiter que Rabat et les camps de réfugiés sahraouis en territoire algérien. En juillet de la même année, l’envoyé spécial des Nations Unies a annoncé qu’il se rendrait au Sahara Occidental sous contrôle marocain, un voyage finalement annulé par Rabat, après que le diplomate ait insisté sur la nécessité de rencontrer des représentants de toutes les parties impliquées dans le conflit. Juste après le voyage dans la région du sous-secrétaire d’État Harris, De Mistura a pu se rendre pour la première fois depuis sa nomination à El Aaiún.

Cependant, l’arrivée du médiateur de l’ONU dans la capitale du Sahara Occidental survient à un moment de tension particulière. Tout d’abord, entre le Maroc et le principal soutien du Front Polisario, l’Algérie, un pays avec lequel il a fermé les frontières terrestres depuis 1994 et qui a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat il y a deux ans précisément en raison du conflit dans l’ancienne colonie espagnole. Mardi dernier, la tension entre les deux voisins s’est aggravée après que deux touristes franco-marocains aient été tués par des garde-côtes algériens, un incident reconnu dans un communiqué officiel diffusé par Alger sur ses réseaux sociaux, dans lequel il était déclaré que ses garde-côtes avaient ouvert le feu sur trois motos aquatiques en provenance du Maroc «qui avaient pénétré clandestinement» dans ses eaux territoriales.

Les efforts de l’ONU pour trouver une solution politique au conflit du Sahara Occidental se heurtent également à la rupture du cessez-le-feu décrété par le Front Polisario en novembre 2020, mettant fin formellement à la trêve entre les parties en vigueur depuis 1991. Bien que le Maroc ne reconnaisse même pas l’existence d’hostilités que les Nations Unies elles-mêmes ont qualifiées de «basse intensité», des attaques marocaines, principalement avec des drones, contre les forces du Polisario sont occasionnellement signalées.

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Le 1er septembre, une attaque avec l’un de ces drones a tué Abba Ali Hamoudi, commandant de la sixième région militaire du Front Polisario, ainsi que quatre autres militaires, dans la région de Mahbes, près de Tindouf, selon des médias liés au mouvement indépendantiste. Cette région abrite le tronçon le plus septentrional de la berme, le mur militaire de sable construit par le Maroc au Sahara Occidental. Cette fortification sépare les 80 % du territoire qui, selon l’ONU, restent sous contrôle marocain, des 20 % restants sous la domination du Polisario.

El País, 04/09/2023

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