Le « Davos du Désert » menacé par les défections

Reuters

Les dirigeants des banques HSBC, Standard Chartered et Credit Suisse ont annoncé à leur tour mardi qu’ils ne se rendraient pas au “Davos du désert”, une conférence internationale sur l’investissement qui aura lieu du 23 au 25 octobre à Ryad, à la suite d’inquiétudes grandissantes concernant le sort d’un journaliste.

Ces défections interviennent dans le contexte de l’affaire Jamal Khashoggi, du nom du journaliste saoudien porté disparu depuis qu’il s’est rendu, le 2 octobre dernier, au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

Les équipes turque et saoudienne chargées de l’enquête sur la disparition de Jamal Khashoggi ont quitté mardi matin le consulat saoudien d’Istanbul après neuf heures de perquisition, a constaté un correspondant de Reuters sur place.

Selon CNN et le New York Times, qui citent des sources non identifiées, Ryad s’apprête à reconnaître que le journaliste et opposant saoudien a été tué lors d’un interrogatoire qui a mal tourné. Donald Trump a avancé lundi l’hypothèse d’un meurtre crapuleux et a dépêché le secrétaire d’Etat américain à Ryad. Mike Pompeo a été reçu mardi par le roi Salman.

“John Flint a décidé qu’il n’irait pas au “Future Investment Initiative”, a dit à Reuters un porte-parole de HSBC. Les directeurs généraux de Standard Chartered et Credit Suisse, Bill Winters et Tidjane Thiam feront de même, selon respectivement un porte-parole et une source proche du dossier.

Ils emboîtent ainsi le pas à Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan Chase, et à Larry Fink, le patron de BlackRock qui avait été le premier parmi les dirigeants du monde bancaire à annoncer sa décision de ne pas aller à la conférence organisée à Ryad.

En plus des dirigeants bancaires, ceux des secteurs des médias, des technologies, dont Google (groupe Alphabet) ou encore de l’automobile, notamment Ford ont également décidé de ne pas participer à la conférence, destinée à attirer des investissements dans le royaume.

PAS DE DÉCISION FRANÇAISE POUR L’INSTANT

Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a également annoncé vendredi qu’il n’irait pas à Ryad. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a toujours l’intention de s’y rendre mais prendra sa décision en fonction des derniers développements de l’enquête, faisait-on valoir dimanche à la Maison blanche.

A Paris, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré qu’aucune décision n’avait été prise pour l’instant.

“Ce sera évidemment le choix du président de la République et ce choix-là sera annoncé d’ici quelques jours”, a-t-il dit à des journalistes en marge de l’inauguration du nouveau siège de l’Insee, à Montrouge (Hauts-de-Seine).

“Nous sommes en train d’étudier ce qui s’est passé exactement”, a-t-il ajouté en précisant qu’il était en contact avec ses homologues européens sur le sujet.

Après être tombé lundi à un plus bas de deux ans en raison des craintes de retombées de l’affaire Jamal Khashoggi, le rial remonte mardi après les informations disant que Ryad est sur le point reconnaître que le journaliste et opposant saoudien a été tué lors d’un interrogatoire qui a mal tourné.

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