Afrique du Sud : Une parlementaire appelle à expulser le Maroc de l’UA

Occupation du Sahara Occidental : Plaidoyer pour l’expulsion du Maroc de l’Union Africaine

Veronica Mente*

L’occupation continue du Sahara Occidental par le Maroc représente une violation flagrante et persistante du droit international, un mépris flagrant des droits humains et une profonde trahison des principes fondateurs de l’Union Africaine.

Alors que nous commémorons le Mois de la Réclamation des Terres en avril au sein des Combattants pour la Liberté Économique (EFF), nous devons nous souvenir de ceux qui luttent encore contre l’occupation des terres sur ce continent. Depuis plus de quatre décennies, le peuple sahraoui endure le déplacement, l’oppression et le déni de son droit fondamental à l’autodétermination.

Cette injustice exige une réponse décisive de la communauté internationale, et l’appel à l’expulsion du Maroc de l’UA est une étape cruciale vers la responsabilisation du royaume et la réalisation d’une résolution juste de ce conflit prolongé.

Le contexte historique du conflit révèle un schéma de colonialisme et de dépossession. Suite au retrait de l’Espagne du Sahara Occidental en 1975, le Maroc a rapidement occupé le territoire, malgré l’affirmation par la Cour Internationale de Justice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Cet acte d’annexion a rencontré la résistance du Front Polisario et a déclenché une lutte armée prolongée et une crise humanitaire qui se poursuit encore aujourd’hui. Des milliers de réfugiés sahraouis restent déplacés dans des camps en Algérie, endurant des conditions difficiles et dépendant de l’aide internationale pour leur survie.

Dans les territoires occupés, la population sahraouie est confrontée à des violations systématiques des droits humains. Les rapports des organisations internationales documentent les restrictions à la liberté d’expression et de réunion, les arrestations et détentions arbitraires, et la torture.

Les autorités marocaines maintiennent un contrôle strict sur l’information, ce qui rend difficile pour les observateurs indépendants de documenter l’étendue totale de la répression. Ce climat de peur et d’intimidation sert à faire taire la dissidence et à perpétuer l’occupation.

L’occupation du Sahara Occidental par le Maroc viole non seulement le droit international, mais mine également la crédibilité et l’intégrité de l’UA. L’Acte constitutif de l’organisation soutient explicitement le principe du respect des frontières existantes à l’indépendance et le droit à l’autodétermination.

En permettant au Maroc de rester membre tout en poursuivant son occupation illégale, l’UA envoie un message dangereux selon lequel l’opportunisme politique et les intérêts économiques l’emportent sur les principes fondamentaux de justice et de droits humains. Ce double standard affaiblit la capacité de l’UA à traiter efficacement d’autres conflits et crises sur le continent. Il remet également en question les intentions du Maroc au sein de l’UA, suggérant que le royaume pourrait privilégier ses intérêts par rapport aux principes de l’organisation.

La dimension économique du conflit complique encore la situation. Le Maroc a investi massivement dans l’exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental, notamment les phosphates et les pêcheries. Ces ressources, qui appartiennent légitimement au peuple sahraoui, sont utilisées pour renforcer l’économie marocaine et enraciner davantage l’occupation. Cette exploitation économique ajoute une autre couche d’injustice au conflit et souligne la nécessité d’une pression internationale pour responsabiliser le Maroc.

La demande d’expulsion du Maroc de l’UA n’est pas simplement un geste symbolique ; c’est une étape pratique vers la réalisation d’une résolution juste. L’expulsion enverrait un message clair selon lequel la communauté internationale ne tolérera pas l’occupation illégale du Maroc et son mépris flagrant des droits humains. Elle isolerait également le Maroc diplomatiquement et économiquement, augmentant la pression sur le royaume pour qu’il négocie un règlement qui respecte le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Certains soutiennent que le dialogue et la négociation sont les voies privilégiées pour résoudre le conflit. Bien que le dialogue soit essentiel, il ne peut avoir lieu sous l’ombre de l’occupation et de la répression. Le Maroc doit d’abord démontrer un engagement sincère à respecter le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Cela inclut la fin des violations des droits humains, la libération des prisonniers politiques et la possibilité d’un référendum libre et équitable sur l’autodétermination. Tant que le Maroc ne prend pas ces mesures, l’expulsion de l’UA reste une mesure nécessaire pour faire respecter le droit international et parvenir à une paix juste et durable.

Le mépris du Maroc pour tous les statuts mondiaux qui régissent et défendent les droits humains a été mis à nu pour tous, en 2017, lorsque la présidente de l’UA de l’époque, Nkosazana Dlamini-Zuma, a réadmis le Maroc à l’UA sans plan pour résoudre l’occupation inhumaine des terres du Sahara Occidental par le Maroc.

La décision de Dlamini-Zuma de réadmettre le Maroc à l’Union Africaine en 2017 a suscité une controverse importante et continue d’être un point de discorde. Alors que les partisans plaidaient pour les avantages d’une Afrique unifiée et l’influence économique du Maroc, les forces progressistes ont considéré cette décision comme une trahison des principes fondateurs de l’UA et un mépris du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. L’examen de cette décision nécessite de comprendre le contexte historique du conflit du Sahara Occidental, les manœuvres stratégiques du Maroc et les ramifications potentielles pour la crédibilité et l’efficacité de l’UA.

La réadmission du Maroc peut être interprétée à travers plusieurs prismes. Sur le plan économique, le Maroc représente un acteur important sur le continent africain, et son inclusion renforce le potentiel économique de l’UA.

Sur le plan politique, le Maroc a activement poursuivi sa réadmission, tirant parti de ses liens diplomatiques et de son influence économique pour rallier le soutien des États membres de l’UA. Le royaume a même présenté son retour comme une étape vers l’unité panafricaine et une opportunité de résoudre la question du Sahara Occidental depuis le cadre de l’UA.

Pourtant, 8 ans plus tard, l’occupation forcée et les abus au Sahara Occidental n’ont pas cessé, et le Maroc n’a pas non plus reconnu la demande de l’UA de reconnaissance de l’autodétermination et de l’indépendance du Sahara Occidental. Le Maroc n’a pas accepté les 33 articles de l’Acte constitutif de l’UA, dont le Sahara Occidental est membre fondateur.

Il ne peut s’agir que d’un tyran qui rallie le soutien des autres pays de l’UA par le biais d’un système abusif qui méprise les droits humains des autres. On peut soutenir que la stratégie employée par l’UA visait à saper la légitimité de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et à consolider le contrôle du Maroc sur le territoire contesté.

Les implications à long terme de la réadmission du Maroc restent incertaines, d’où la seule solution : annuler cette résolution et expulser le Maroc de l’UA. La décision de Dlamini-Zuma a sans doute privilégié l’opportunisme politique et le pragmatisme économique par rapport à l’engagement de l’UA envers l’autodétermination et l’anticolonialisme.

Bien qu’une Afrique unifiée ait un attrait indéniable, la réadmission du Maroc sans une résolution claire du conflit du Sahara Occidental soulève des questions sur l’engagement de l’UA envers ses principes fondateurs. La décision était principalement basée et visait à renforcer la position du Maroc sur le Sahara Occidental et à affaiblir la position internationale de la RASD. De plus, elle crée potentiellement un précédent pour privilégier les intérêts politiques et économiques par rapport aux droits humains fondamentaux et au droit international au sein de l’UA.

L’occupation du Sahara Occidental n’est pas seulement une question régionale ; c’est une préoccupation mondiale. La communauté internationale a la responsabilité de faire respecter le droit international et de protéger les droits du peuple sahraoui. Nous reconnaissons l’initiative du Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter la résolution 2757 (2024), qui prolonge la mission de maintien de la paix de l’ONU pour un référendum au Sahara Occidental, mais cela ne suffit pas car le Maroc continue de saper tous les statuts mondiaux qui incluent plus de 100 résolutions de l’ONU appelant à l’autodétermination du Sahara Occidental.

Essentiellement, l’expulsion du Maroc de l’UA est une étape cruciale vers la réalisation de cet objectif. C’est une action nécessaire pour tenir le Maroc responsable de son occupation illégale, de ses violations des droits humains et de son mépris du droit international.

Lorsque le Maroc était le seul pays en dehors de l’UA en raison de son arrogance et de son mépris pour l’autodétermination du peuple sahraoui, il a subi un coup dur lorsque son adhésion à l’UE a été rejetée et que la Cour de Justice de l’Union Européenne a statué contre lui sur les questions commerciales en raison de l’occupation illégale des terres du Sahara Occidental. Par conséquent, le moment d’agir de manière décisive est venu. Le peuple sahraoui a attendu assez longtemps pour obtenir justice.

*Ntombovuyo Veronica Mente est membre du Parlement de l’EFF

Source : IOL, 18/04/2025

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