Entretien avec le RS de l’UE pour la région du Sahel

Tags : Maroc, Union Européenne, lutte contre le narcotrafic, Reveyrand-de Menthon, Représentant Spécial de l’UE pour la région du Sahel

Projet de Programme de visite M. Michel Reveyrand-de Menthon, Représentant Spécial de l’UE pour la région du Sahel

Mercredi 03 Juillet 2013

HeureEvénementLieu

07h05

Arrivée par vol AT522 en provenance de Bamako accompagné de Mme Carmen Hagenaars, Conseillère

Aéroport Mohammed V de Casablanca

A partir de 10h00

Rencontre avec le Représentant de la Délégation de l’UE M. Rupert JOY
+ programme établi par la Délégation de l’UE (***Certainement rencontre avec certaines Ambassades, Organisation internationales et régionales basées à Rabat)

Jeudi 04 Juillet 2013

HeureEvénementLieu

11h30

Rencontre avec les responsables de la DGED en charge du contre-terrorisme et sécurité
Suivi de la rencontre avec M. Yassine MANSSOURI, Directeur Général des Etudes et de la Documentation (Confirmée)

DGED

12h30

Déjeuner offert par la DGED (Confirmée)

DGED

15h00

Rencontre avec l’Ambassadeur Youssef AMRANI, Ministre Délégué aux Affaires Etrangères et à la Coopération (Confirmée)



MAEC

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Rencontre avec M. Ahmed TAOUFIQ, Ministre des Habous et des Affaires Islamiques (à Confirmer)


Vendredi 05 Juillet 2013

HeureEvénementLieu

10h00

Rencontre avec M. Mohand LAENSER, Ministre de l’Intérieur (Confirmée)

Ministère de l’Intérieur

13h20

Départ par Vol AF 1359 de Rabat vers Paris

Aéroport Rabat-Salé

M. Michel Reveyrand-de Menthon, Représentant Spécial de l’UE pour la région du Sahel

M. Michel Dominique Reveyrand-de Menthon, né le 12 juin 1950, Ancien Ambassadeur de France au Mali (2006-2011) et au Tchad (2011-2013) a était nommé, le 18 mars 2013, Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel jusqu’au 28 février 2014. Dans le cadre de sa mission, il est chargé de :

Diriger l’action menée par l’UE pour contribuer aux efforts régionaux et internationaux en faveur d’une paix, d’une sécurité et d’un développement durables au Sahel.

Coordonner l’approche globale de l’UE à l’égard de la crise qui sévit dans cette région, en se fondant sur la stratégie de l’UE pour la sécurité et le développement dans la région du Sahel.

Diplômé en sciences économiques et sociales et philosophie, il rejoint, en 1987, le Ministère de la Coopération et du Développement ou il occupera diverses fonctions dans la diplomatie et la coopération internationale. Entre 2000 et 2005, il sera détaché à la Direction du Trésor en qualité de conseiller financier pour l’Afrique, en charge de l’Afrique centrale et orientale puis de l’Afrique de l’Ouest, australe et océan Indien. Dans le même temps, il sera président du groupe de travail du CAD/OCDE en charge de mesurer l’efficacité de l’aide au développement.

Son épouse, Mme Marisol Touraine est depuis le 16 Mai 2013, Ministre française des Affaires Sociales et de la Santé

Récentes visites dans la région

Mauritanie (17-19 juin 2013) : M. Michel Reveyrand de Menthon a effectué une visite en Mauritanie du 17 au 19 juin 2013, lors de laquelle il s’est entretenu avec le Président mauritanien et le Ministre de la Défense notamment concernant, l’approche globale de l’UE pour la région du sahel.

Sénégal (20-22 juin 2013) : La visite de M. Reveyrand de Menthon à Dakar a constitué l’occasion de présenter la mission qui lui est confiée par l’UE en réponse à la crise régionale dans le Sahel ; de s’entretenir avec le Président sénégalais, Macky Sall, ainsi que plusieurs membres du gouvernement, des Ambassades et des organisations internationales et régionales basées à Dakar ainsi que de prendre connaissance des efforts entrepris par les autorités mauritaniennes et sénégalaises pour  améliorer la  gestion de leur frontière commune dans la région du fleuve Sénégal.

Algérie (23-25 juin 2013) :  Lors de sa visite à Alger, M. Reyverand de Menthon s’est entretenu avec le Ministre algérien des Affaires Etrangères notamment sur le rôle de l’Algérie dans la région dont il a qualifié de puissance régionale et de grand partenaire du Mali qui a toujours accompagné ce pays dans ses efforts de sortie de crise. Les entretiens ont également porté sur la situation régionale dans toutes ses composantes et la nécessité de travailler dans le cadre de « partenariats renouvelés » pour assurer la sécurité dans la région et le développement économique.

M. Reyverand a pris part, à Oran, aux travaux de la 2ème réunion du groupe de travail régional sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste au Sahel dans le cadre du Forum global de lutte contre le terrorisme (GCTF) (24-25 juin) coprésidée par l’Algérie et le Canada.


Il a été noté, lors de ses visites, l’importance pour l’UE de mener un dialogue inclusif et permanent avec tous les acteurs  de la  sous-région, gouvernements, autorités régionales, organisations régionales et internationales et la société civile, les milieux académiques  en vue de mieux faire connaître l’action de l’UE dans la région et de recueillir toutes les informations et analyses lui permettant de renforcer la pertinence de  ses contributions pour la paix et la sécurité dans le Sahel.


Contexte de la visite au Royaume du Maroc


Depuis l’intensification de la crise au Sahel et les événements qui ont secoué certains pays de la région du Sud de la Méditerranée en 2011, l’Union européenne a renforcé son niveau d’engagement et a multiplié ses initiatives en faveur de la région afin de mieux répondre aux nouvelles exigences régionales en termes de sécurité et de stabilité.

Dans cette perspective, l’Union européenne a adopté, le 21 mars 2011, une « stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel » qui prône une approche globale.

Dotés d’un budget de 167 millions d’euros, cette stratégie s’articulent autour des quatre axes d’actions prioritaires suivants: i) développement, bonne gouvernance et résolution des conflits internes; ii) action politique et diplomatique; iii) sécurité et État de droit; et iv) lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation.

Le 23 juillet 2012, le Conseil Affaires Etrangères de l’UE a adopté des conclusions visant à accélérer la mise en œuvre de cette stratégie notamment en Mauritanie, au Niger et au Mali.

A cet effet et en vue de mettre en œuvre de manière optimale la nouvelle stratégie européenne pour le Sahel, le Conseil de l’UE a crée, en mars 2013, le poste de Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel qui a été confié, pour un mandat d’une année, à M. Michel Reveyrand de Menthon, Ancien Ambassadeur de France au Mali et au Tchad.

Cette stratégie est, aujourd’hui, l’une des priorités de l’agenda de l’UE et bénéficie, de ce fait, d’une forte attention politique et administrative.

En effet, l’UE ne peut ignorer le Sahel car il s’agit d’une région incontournable parmi les pays voisins de l’Europe au sens large. Le sous-développement et l’insécurité générale qui y règnent ont des répercussions directes sur les intérêts de l’UE, qu’il s’agisse des flux migratoires, des trafics illégaux ou du terrorisme, et s’étendent également dans d’autres régions dont l’importance est vitale pour l’UE, notamment l’Afrique de l’Ouest et du Nord (Maghreb).

De plus, l’UE possède les moyens nécessaires pour faire évoluer de manière décisive la situation au Sahel. Dans cette partie du monde, l’UE est un chef de file crédible et doté d’une réelle capacité d’action. L’instauration d’un climat de stabilité et de prospérité au Sahel permettra d’établir une zone de pays voisins bien gouvernés qui garantira la sécurité et la prospérité de l’UE.


Specificite de la Visite au royaume du Maroc


Il s’agit de la première visite au Maroc de M. Reyverand de Menthon depuis sa nomination, le 18 mars 2013 en sa qualité de Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel.

Sa visite a pour objectif de présenter à la partie marocaine la mission qui lui est confiée par l’UE en réponse à la crise régionale dans le Sahel ainsi que de recueillir des informations pertinentes concernant l’approche et la position marocaine concernant la région du Sahel qui est des plus complexes et des plus difficiles à environner.

La concrétisation de cette visite constituera, ainsi, une occasion pour renforcer et conforter davantage notre dialogue politique et notre coopération opérationnelle avec l’UE en matière de sécurité notamment à travers l’exploration conjointe d’actions communes à mettre en œuvre pour relever les défis de la région du Sahel en termes de sécurité, stabilité et développement.

Rencontre avec l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi auprès de l’UE
(Bruxelles, 27 juin 2013).

Lors de cette rencontre, il a été mis en exergue, par la partie marocaine, les principaux facteurs de la menace terroriste contre le Maroc, les facteurs d’exacerbation de l’insécurité dans la zone sahélo-saharienne ainsi que l’impact de l’insécurité du nord du Mali à l’échelle régionale en mettant l’accent sur l’échec de la stratégie menée par l’Algérie et l’implication des éléments du polisario dans la guerre au Mali.


→ Lors de cette rencontre du 27 juin 2013, le Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel a indiqué qu’il souhaite s’entretenir avec les responsables marocains des sujets suivants :

1. La perception marocaine de la situation sécuritaire dans la région du Sahel : le responsable européen a souligné l’importance pour l’UE du rôle du Maroc dans la région et a proposé l’organisation d’un Forum sur les investissements des PME dans la région du Sahel avec la participation des entreprises de la région (dont le Maroc) et pays de l’UE.

2. Les possibilités de coopération Maroc-UE dans le cadre du COTER : le responsable européen avec la a souligné la disposition de l’UE à soutenir le Maroc dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie de lutte contre le terrorisme et contre la radicalisation et souhaite dans ce sens examiner avec la partie marocaine, les possibilités de coopération bilatéral dans ce domaine notamment par l’échange d’information.

3. Le renforcement de la CEN-SAD : dans la perspective de la présidence du Maroc du CENSAD, l’UE est intéressé d’examiner avec la partie marocaine les meilleurs moyens à même de redynamiser ce cadre de coopération régionale en le dotant « d’un bras administratifs et exécutifs » et que ce dernier soit abriter par le Tchad ou Niger et non à Tripoli

4. La coopération dans le domaine de la lutte contre la drogue : Il a été chargé par plusieurs pays européens en vue d’explorer avec le Maroc les possibilités de coopération dans ce domaine notamment à la lumière de la dernier réunion tripartite UE-Maroc et Liban sur les drogues narcotiques (Bruxelles, 02 octobre 2012)

A l’issue de cette rencontre, les observations suivantes sont à noter :

La disponibilité de M. Reyverand de Menthon à l’égard du Maroc et de sa conviction que le Maroc pourrait jouer un rôle important dans la région notamment de part le respect dont il jouit auprès des pays tels que le Mali, le Niger, le Sénégal et le Tchad.


Son proche collaborateur a fortement critiqué, lors d’une réunion au sein du Parlement européen, la stratégie de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel

La visite au Maroc du Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel pourrait recéler une opportunité pour faire valoir les positions et le rôle dynamique du Maroc dans la gestion des défis sécuritaires et non sécuritaires dans région.

Eléments de langage

Souligner la satisfaction pour la première visite au Maroc de l’Ambassadeur Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel qui intervient à un moment fort de la relation entre le Maroc et l’UE et dans un contexte régional marqué par de profonds bouleversements aussi bien au niveau politique que sur les plans socio-économiques et sécuritaires.

Souligner que cette visite témoigne de la reconnaissance par l’UE du rôle pionnier du Maroc dans la région notamment par ses reformes multidimensionnelles endogènes faisant de lui, aujourd’hui, un partenaire crédible de l’UE et un acteur incontournable pour la réalisation de la paix et la stabilité dans la région dans son ensemble.

Réitérer la volonté affirmée du Maroc en faveur d’un plus grand rapprochement avec l’UE et son engagement résolu en faveur de l’enrichissement permanent et continu de son Partenariat avec l’UE sur la base des valeurs partagées, de l’appropriation commune, du respect mutuel et des intérêts communs.

Rappeler que lors de la récentes visite au Maroc, en novembre 2012, de la Haute Représentantes de l’UE pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité/ Vice-présidente de la Commission européenne, Mme Catherine Ashton, il a été soulevé de mettre en place une coopération renforcée et opérationnelle et de définir des actions à géométrie variable.

Position et Rôle du Maroc concernant la region

Le Maroc est particulièrement préoccupé par la précarité de la situation dans la région du Sahel, ainsi que la connexion entre le trafic de drogue, le terrorisme, le crime organisé et la traite des êtres humains dans la région Sahélo-saharienne, qui demeure une zone prioritaire pour la lutte contre ces fléaux.

Rappeler le rôle important du Maroc à travers des actions de coopération bilatérales et triangulaires et à travers également un activisme marqué au sein des instances multilatérales et en particulier au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Saluer, dans ce sens, l’attention portée à cette question dans le cadre des Nations Unies (-Conseil de Sécurité avait demandé, le 5 juillet 2012 élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel ; – Sommet sur le Sahel, 26 septembre 2012 qui témoigne de la «prise de conscience» de la communauté internationale sur l’urgence d’agir dans le cadre «d’une stratégie commune» pour faire face à l’émergence d’un «réel problème de sécurité internationale» et «un sanctuaire pour terroristes»).

Evoquer la stratégie régionale intégrée des Nations Unies pour le Sahel présenté, le 26 juin 2013, par l’Envoyé Spécial du SG des NU pour le Sahel, M. Prodi et qui est fondée sur l’approche « 4 par 4 » basée sur les 4 piliers de la « gouvernance, de la sécurité, des besoins humanitaires et du développement » et qui devrait être coordonnée par 4 série d’acteurs : « les Gouvernements de la région, la communauté internationale, les peuples du Sahel et le système des Nations Unies ».

Souligner la nécessité d’une coopération régionale accrue et d’une approche intégrée dans les domaines de la sécurité et du développement comme stipulé, d’ailleurs dans la stratégie de l’UE pour le Sahel adopté en mars 2011.

Saluer dans ce cadre, la stratégie de l’UE pour le Sahel et exprimer l’intérêt du Maroc à être associé à sa mise en œuvre sur le plan opérationnel, notamment au regard des différentes opérations (Eucap Niger) et initiatives (Mali –Mauritanie) sachant que le Maroc avait déjà participé dans le passé à l’opération Althéa en Bosnie.

Dans ce cadre, exprimer la disposition du Maroc à conclure l’accord cadre pour la participation du Maroc aux opérations de gestion de crises de l’UE et l’accord cadre portant sur les procédures de sécurité pour l’échange d’informations classifiées.

Saluer, également, l’engagement –financier- de l’UE au profit de la population sahélienne et réitérer sa volonté de collaborer avec l’ensemble des intéressés afin d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles.

Réitérer l’importance de renforcer le rôle et le soutien à la CEDEAO, seul acteur à même d’apporter une solution à cette crise dans la région.

Réitérer que seule une stratégie regroupant l’ensemble des pays de la région notamment les pays membres de l’UMA ainsi que les pays africains du Sahel est à même de permettre d’apporter une réponse efficace à cette menace comme il l’a été souligné lors du Conseil exécutif de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) (Rabat, 11 juin 2012).

Souligner que le CEN-SAD peut constituer une plateforme approprié en vue d’explorer et de déterminer les actions prioritaires visant à contribuer aux efforts de paix et de stabilité dans la région ainsi que de jouer un rôle prépondérant dans la région. Le Sommet extraordinaire de N’Djamena (17 février 2013) a permis la création, au sein de la CEN-SAD, de deux organes : le conseil permanent pour le développement durable chargé de la lutte contre la pauvreté qui nourrit le terrorisme-, et un conseil permanent de sécurité pour éradiquer les terroristes.

Souligner que le Maroc peut jouer un rôle vecteur pour propager un islam modéré dans la région pour dissiper l’idéologie radicale d’un islam étriqué prôné par AQMI. Un axe Maroc-Mauritanie et Sénégal peut constituer une force triangulaire dans ce sens.

Souligner que le contexte régional et géostratégique actuel, interpelle aujourd’hui, un engagement plus actif du Maroc dans la région notamment dans le cadre des missions internationales (MISMA, EUCAP,…) ainsi que la définition d’une approche régionale cohérente tenant compte des paramètres et des enjeux de cette situation d’instabilité et d’insécurité qui touche directement ou indirectement la sécurité du Maroc.

Indiquer, à cet effet, qu’une cellule de crise a été mise en place par la mission diplomatique du Maroc à Bamako afin de permettre un suivi plus concret de la réalité des événements sur le terrain et afin d’avoir une vue d’ensemble des défis de la région.

Souligner, également, que le Maroc entreprend des actions conjointe avec certains états de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel pour convenir des actions à mener pour la stabilité et la sécurité de la région.

Sur le plan sécuritaire, constater l’échec de toutes les stratégies mener jusqu’à présent dans la région notamment par l’Algérie qui en s’appuyant ou en mettant pression sur les 3 maillons faibles (Mauritanie, Niger, Mali) a entraîné une extension de la menace en terme géographique (atlantique et corne de l’Afrique) et multiplication des groupes terroristes (Mujao, MNLA, AQMI, Boko haram, Ansareddine) et la diversification des menaces (trafic de drogues d’armes, trafic d’être humains, contrebandes) qui alimentent le caisses des groupes terroristes.

Regretter, dans ce cadre, que l’Algérie persiste à jouer cavalier seul dans cette région et refuse toute coopération avec le Maroc ou tout autres pays concernées sur ce dossier. Inviter l’UE à faire pression sur l’Algérie qui ne cesse de compromettre la voie de la paix et de la stabilité dans la région.

Insister qu’on ne peut déterminer et délimiter la réalité de la région sahel-saharienne sans prendre en compte les interconnections avec l’Afrique du Nord et de l’Ouest

Réitérer la nécessité d’associer le Maroc à toutes initiatives concernant la région du Sahel. Rappeler que le Maroc n’a pas été convié à la Conférence de haut niveau sur le leadership des femmes dans la région du Sahel, organisée conjointement par l’UE, le Bureau de l’Envoyé spécial pour le Sahel et ONU Femmes qui s’est tenue à Bruxelles, le 09 avril 2013.

Position de l’UE concernant le Sahel/Mali

L’UE s’est félicitée de la signature le 18 juin 2013 à Ouagadougou d’un accord de paix préliminaire à l’élection présidentielle au Mali entre le pouvoir malien et les rebelles touaregs occupant Kidal, qui constitue une étape importante en vue de l’organisation de l’élection présidentielle sur l’ensemble du territoire du Mali le 28 juillet 2013, des avancées dans le cadre du dialogue national inclusif et de la restauration de l’autorité de l’Etat dans le nord du pays.

L’UE continuera d’accompagner le processus de réconciliation nationale et de dialogue inclusif ouvert à la fois aux représentants civils et aux représentants des groupes armés non-terroristes et non criminels qui ont déposé les armes. Elle se tient prête à soutenir la mise en œuvre de l’accord préliminaire de paix.

L’UE réitère son attachement à la stabilité, l’intégrité territoriale, la démocratie et le développement durable du Mali, et sa détermination à soutenir les efforts en cours pour éradiquer la menace terroriste dans le Sahel et au Mali ;

L’UE réaffirme son attachement à la coordination régionale et internationale, en particulier avec la CEDEAO, et réitère sa détermination à apporter un appui financier et logistique à la MISMA sous la direction du Haut Représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel P. Buyoya.

L’UE réitère son soutien à la mobilisation internationale en faveur de la stabilité et de la sécurité au Mali, en premier lieu à l’opération Serval et au déploiement de la Mission Internationale de Soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) (le soutien de l’UE à la MISMA à hauteur de 50 millions d’euros à travers la Facilité Africaine de Paix est désormais effectif);

L’UE s’est, également, félicitée de l’opérabilité, depuis le mois d’avril 2013, de la mission militaire EUTM Mali au profit d’un premier bataillon de 650 soldats maliens en soulignant l’urgence d’un engagement européen et international accru en appui aux forces armées maliennes, y compris par la fourniture rapide d’équipement militaire approprié;

L’UE a décidé de renforcer son bureau de liaison à Bamako de la mission EUCAP SAHEL Niger avec des experts Justice et Police. EUCAP Sahel lancée par l’UE en Juillet 2012.

L’UE s’est félicitée de la tenue de la Conférence des donateurs à Bruxelles, le 15 mai 2013, qui a permis de recueillir 3,285 milliards d’euros de promesses d’aide ainsi que de dégager des pistes d’action décisives en matière de gouvernance, de décentralisation, de gestion des finances publiques et de relance économique.

A cet égard, l’UE a annoncé une allocation de 1,350 milliards d’euros pour le Mali, dont 523,9 millions d’euros par la Commission européenne. Le « Contrat d’appui à la consolidation de l’État du Mali » d’un montant de 225 million d’euros a été signé entre la Commission européenne et le gouvernement du Mali le 15 mai 2013 et vise à soutenir le gouvernement dans la mise en œuvre de la Feuille de Route pour la transition et le Plan pour la Relance Durable du Mali 2013-2014.

L’UE appelle la communauté internationale en vue d’appuyer la transition au Mali, notamment à travers des réunions régulières du Groupe de Soutien et de Suivi sur la situation au Mali, ainsi qu’à travers la reprise du dialogue politique entre le Mali et l’UE au titre de l’article 8 de l’Accord de Cotonou.

L’UE demeure préoccupée quant aux risques potentiels que la crise au Mali pourrait engendrer sur la sécurité régionale et internationale (trafics internationaux, des flux financiers illicites et de leurs liens avec des groupes extrémistes dans le Sahel) et a souligné l’importance de la Stratégie de l’UE pour la Sécurité et le Développement au Sahel, de la nomination du Représentant Spécial de l’UE pour le Sahel ainsi que de la mise en œuvre des actions de stabilisation dans le cadre de l’approche globale de l’UE.

Analyse
Stratégie de l’UE pour la sécurité et le développement au Sahel


La stratégie de l’UE pour le Sahel a été adoptée par le Conseil des affaires étrangères le 21 mars 2011 et mise en œuvre, depuis, par le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE).

Cette stratégie politique propose une vision globale concernant l’engagement de l’UE dans la région en identifiant la Mauritanie, le Mali et le Niger comme étant les principaux pays du Sahel, et le point de vue qui y est développé est que l’insuffisance des capacités des pouvoirs publics et la pauvreté structurelle constituent des dynamiques qui se renforcent mutuellement.

Cependant, deux années après son adoption, la stratégie de l’UE au Sahel n’a pas répondu aux attentes.

En effet et en dépit des déclarations soutenant la nécessité d’appliquer une approche globale européenne, le manque de cohésion politique entre certains Etats membres de l’UE constitue le plus grand frein à un déploiement plus politique de la stratégie pour le Sahel. Au nombre de ces freins, il y a la non-reconnaissance de l’importance stratégique de la région, l’absence de champs de compétence de l’UE dans le domaine de la défense (art.42 du TUE de Lisbonne qui favorise dans ce domaine l’action de l’OTAN), les moyens limités, et le fait que la coopération européenne de politique extérieure se heurte aux volontés des souverainetés nationales.

À l’exception notable des répercussions du conflit libyen et des problèmes de gestion de frontières dans la région, la stratégie de l’UE pour le Sahel a cerné avec précision la plupart des problèmes de la région et propose une série de domaines d’action stratégiques qui définissent le cadre de plusieurs projets concrets.

D’un point de vue général, le rapport de mise en œuvre de la stratégie pour le Sahel fait état d’avancées significatives, notamment la forte adhésion des pays partenaires de l’UE en faveur de la stratégie UE pour le Sahel, une convergence des perceptions concernant les menaces et les réactions politiques prévues ainsi que la meilleure prise de conscience de l’interdépendance entre la sécurité et le développement.

Mais, l’un des problèmes majeurs qui subsiste demeure la méconnaissance des réalités de la région et du manque d’expertise qui interpelle nécessairement l’amélioration des échanges d’informations concernant la région ainsi qu’à une coordination plus ciblés des actions européennes et des initiatives bilatérales des États membres de l’UE.

Si l’UE adopte une stratégie plus globale et véritablement européenne dans cette région, il est nécessaire d’inclure dans cette initiative tous les pays voisins du Sahel, de renforcer son partenariat avec la CEDAO autour de la situation au Sahel, de reconnaître qu’il ne faut pas isoler le Nigeria de cette crise dans lequel les groupes terroristes sont actifs et ont des répercussions vis-à-vis de la sécurité et du développement du Sahel et des pays voisins d’Afrique de l’Ouest et du Nord.

#Maroc #UE #Sahel