L’Algérie indignée par l’évasion française d’un militante recherchée

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Amira Bouraoui, l’une des principales dirigeantes des manifestations de masse de 2019 qui ont fait tomber le président algérien, s’est enfuie en France, déclenchant une querelle diplomatique.

Médecin de formation, le journaliste et militant s’est vu interdire de quitter l’Algérie dans l’attente d’un procès en appel mais n’a pas été en détention.

Titulaire d’un passeport français, elle se serait rendue illégalement en Tunisie puis en France avec une aide diplomatique.

L’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris pour cette affaire.

Le ministère algérien des Affaires étrangères a accusé des diplomates français et d’autres personnels d’avoir participé « à l’évacuation illégale et secrète d’un ressortissant algérien ».

Il a déclaré que l’incident était inacceptable et avait causé de graves dommages aux relations entre l’Algérie et la France, qui s’étaient récemment réchauffées après des décennies d’animosité.

Bouraoui avait été condamné en 2021 à deux ans de prison pour « offense à l’islam » et insulte au président, mais faisait appel de la décision. Elle avait passé 11 jours en prison lorsque l’affaire a été portée devant le tribunal.

Plus tôt cette semaine, elle a été arrêtée en Tunisie alors qu’elle tentait de prendre l’avion et a fait face à une audience d’extradition où un juge l’a libérée.

Plus tard, elle a pu monter à bord d’un avion pour la France, où l’on rapporte qu’elle voulait aller rendre visite à son fils.

Ni les gouvernements français ni tunisien ne se sont prononcés sur la question.

L’Algérie a obtenu son indépendance de la France en 1962 après une guerre sanglante de sept ans, qui a mis fin à plus d’un siècle de domination coloniale.

Les relations s’étaient en partie améliorées parce que la France cherchait de nouveaux fournisseurs de gaz alors que les pays européens boycottaient la Russie.

Bouraoui était l’un des principaux dirigeants du mouvement antigouvernemental Hirak, qui a conduit le dirigeant de longue date Abdelaziz Bouteflika à démissionner en 2019.

Son père Mohamed Saleh Bouraoui était un cardiologue bien connu et ancien officier supérieur de l’armée, qui dirigeait autrefois un hôpital militaire dans la capitale, Alger.

Après le départ de M. Bouteflika, les protestations se sont poursuivies contre l’élite militaire, qui, selon les critiques, détient beaucoup de pouvoir dans la nation nord-africaine.

Au cours des dernières années, les autorités algériennes ont renforcé la répression de la liberté d’expression, bloquant des sites Web et emprisonnant des journalistes.

La station de radio sur laquelle Bouraoui animait une émission hebdomadaire, Radio M, a été interdite l’année dernière.

BBC, 02/02/2023

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