Macron s’est excusé aux Harkis, mais pas aux algériens

Algérie, France, Emmanuel Macron, Mémoire, Colonialisme, essais nucléaires, torture, massacres, #Algérie, #Macron,

L’historien Ouddène Boughouflala : « Il faut en finir avec le néocolonialisme masqué»

Entre Alger et Paris, le  poids de l’histoire demeure toujours présent, alors que pour une certaine classe politique française de gauche ou de droite, la nostalgie de l’Algérie française continue d’animer les ambitions politiques à l’approche des élections. L’historien Ouddène Boughoufala ne cache pas son exacerbation face aux surenchères politiciennes de la France. «Paris a toujours cette nostalgie d’un passé colonial qui l’empêche de saisir le fait que l’Algérie de 2021 n’est ni celle de 1830 ni celle de 1962», assène-t-il.Le chercheur au Laboratoire des études historiques et archéologiques d’Afrique du Nord est des plus explicites  : «Si la France veut établir des relations politiques solides avec l’Algérie, elle doit de prime abord revoir sa présence en Algérie comme pays colonisateur, qui a commis les crimes les plus odieux et barbares.» Ensuite, «comprendre le fait que la diplomatie passe également par l’histoire», poursuit-il, avant de préciser que «l’acharnement de la France de Macron s’explique par des facteurs internes liés à l’approche de l’élection présidentielle et la tentative de gagner l’adhésion de l’électorat de l’extrême droite».

Le chercheur explique, dans le même sillage, que la pression exercée par l’Algérie concernant la question de la mémoire et de la reconnaissance des crimes coloniaux«n’a pas réjoui apparemment les apôtres du néocolonialisme en France». Boughoufala rappelle que «Macron a présenté les excuses de la France aux harkis et non pas aux Algériens victimes de la barbarie des léopards français, ni les victimes de la torture et ni celles des essais nucléaires». Une attitude que l’historien n’hésite pas à qualifier de «pernicieuse qui illustre parfaitement le complexe des acteurs politiques français et leur nostalgie coloniale». En référence aux déclarations du chef de l’Etat, le chercheur fait savoir que «le dossier de la mémoire continue de miner les relations entre les deux pays», en raison, dit-il,«des lobbies exerçant leur influence sur la sphère politique à Paris».

Le Pr. El Houcine Hammache, spécialiste en psychologie sociale : «Le message de Tebboune a été clair»

Le spécialiste en psychologie sociale, le Pr El Houcine Hammache, a relevé que, dans son message à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, le président de la République n’a pas fait dans le politiquement correct, dans le sens où il a affirmé que l’Algérie est un état souverain. «Les déclarations du chef de l’Etat ont un effet immédiat à l’encontre d’une impulsivité politique d’un Macron à la recherche d’un électorat supplémentaire.

Le Pr. Hammache affirme que par son «intransigeance», le président français rappelle aux Français que l’Algérie possède des arguments valables qui fortifient ses positions» et surtout, poursuitil,«son exigence de la réouverture de tous les dossiers concernant la barbarie coloniale». Pour le chercheur, les déclarations du chef de l’Etat sont claires dans le sens où il refuse de faire des concessions et exige la reconnaissance par la France de ses crimes de guerre, qui ont débuté avec le début de leur colonialisme, soit de 1830 à 1962.

«Le président de la République a réagi tout simplement aux déclarations du président français, en démontrant que nous avons beaucoup d’arguments qui sont justes et valables sur les plans politique, social et psychologique. L’Algérie n’a pas bénéficié de ses droits comme nation victime d’une longue nuit de colonialisme», ajoute-t-il. En effet, le dossier de la mémoire hante les esprits des néocolonialistes français dans leur quête d’un passé qu’ils estiment glorieux, mais qui n’était au final qu’un épisode de terrorisme civilisationnel.

Samira Azzegag

Horizons, 18/10/2021

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*