Grave dérapage de Macron: La réplique ferme d’Alger

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Les relations algéro-françaises semblent déjà entrées dans une phase critique, vingt-quatre heures après la diffusion de graves propos tenus par Emmanuel Macron ce jeudi à l’Élysée. Des mesures ont déjà été prises, d’autres pourraient survenir incessamment. Entre Alger et Paris règne désormais une tension inédite.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Nous sommes bien loin de l’incident qui avait fait tant de bruit en 1995, lorsque Liamine Zeroual annonçait son refus de se prêter à un tête-à-tête avec Jacques Chirac en marge des célébrations du cinquantenaire de l’ONU à New York. Le geste crée un événement historique, met à mal les relations entre deux pays qui viennent à peine de tourner la page d’un mauvais feuilleton qui se jouait à Paris à l’apogée du FIS (Front islamique du salut), mais ses retombées n’égalent en rien celles que l’on observe depuis ce samedi 2 octobre.
Les propos de Macron face à un groupe de binationaux ne sont pas passés inaperçus, même s’ils n’ont pas été tenus dans un cadre plus officiel. Ils n’ont pas été démentis non plus ni même nuancés. L’absence de démentis est une confirmation des propos tenus par le chef de l’État français, estime Alger, très remontée. La colère gronde en fait depuis la décision de réduire de moitié les visas à trois pays du Maghreb dont l’Algérie.
Convoqué par le ministère algérien des Affaires étrangères, l’ambassadeur de France en Algérie s’est vu transmettre les vives protestations du gouvernement. Au lendemain de ce geste, Macron reçoit de jeunes Franco-algériens et les informe devant les journalistes du Monde que cette mesure concerne principalement les milieux dirigeants qu’il veut secouer afin qu’ils acceptent de rapatrier des immigrés en situation irrégulière. Les sujets qu’il aborde et les propos qu’il tient durant cette même rencontre confirment que le problème va bien au-delà du dossier de la migration.
Il accuse l’Algérie d’avoir « réécrit son histoire », de vivre sur une « rente mémorielle basée sur la haine », critique le « système usé et fragilisé par le Hirak ». Le journal Le Monde reprend ses déclarations. Le soir même, la présidence de la République algérienne publie deux communiqués. Dans le premier, elle annonce le rappel de son ambassadeur à Paris pour consultations. Dans le second, elle rejette le contenu du discours de Macron et dénonce l’ingérence dans ses affaires internes. Le contexte dans lequel se déroule cette affaire laisse cependant prévoir d’autres incidences, d’autres mesures à venir. Alger démontre jour après jour qu’elle n’est plus ce qu’elle était vingt ans auparavant, ne supporte plus les provocations marocaines au point de rompre ses relations avec ce pays et se défend avec vigueur contre tous ceux qui en font de même. Hier, de différentes sources françaises ont fait savoir que l’Algérie ne s’était pas suffi du rappel de son ambassadeur à Paris, elle interdit désormais le survol de son espace aérien aux avions militaires français se dirigeant vers le Sahel, annonce d’abord le quotidien Le Figaro. L’AFP (agence gouvernementale française) publie, de son côté, une dépêche dans laquelle elle rapporte les propos du porte-parole de l’état-major français. Ce dernier affirme que Paris a appris la nouvelle hier matin en déposant « les plans de vol de deux avions qui empruntent habituellement l’espace aérien algérien pour rejoindre le Sahel, où sont déployés 5 000 militaires français ».
La même source tend à minimiser l’impact de cette mesure en soutenant qu’elle sera sans incidence, mais l’AFP commente en faisant remarquer que « cette interdiction de survol intervient toutefois dans une phase logistique délicate pour l’état-major français, qui a entamé ces dernières semaines une réorganisation de son dispositif dans la bande sahélo-saharienne, et en particulier dans le nord du Mali, frontalier de l’Algérie ».
L’autorisation du survol de l’espace aérien algérien par les avions militaires français (d’appoint), servant dans le cadre de l’opération Barkhane, aurait été, quant à elle, accordée durant l’époque de Abdelaziz Bouteflika. Elle n’a jamais fait l’objet de communication officielle de l’Algérie, ce qui expliquerait la raison pour laquelle Alger n’a pas annoncé hier sa décision de fermer son espace aérien. Doit-on s’attendre à d’autres mesures ? Si oui, elles pourraient être cette fois en lien avec les échanges économiques. Paris, qui figure parmi les principaux partenaires d’Alger sur ce plan, pourrait en pâtir.
A. C.

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