Algérie : Bouregâa refuse de répondre au juge

Le moudjahid et Commandant de la wilaya IV historique, Lakhdar Bouregaa, refuse de répondre aux questions du juge d’instruction près le tribunal de Bir Mourad Rais d’Alger. Il opte pour la défense de rupture qui a été utilisée par les militants du FLN durant la guerre de libération nationale en refusant de reconnaitre la justice coloniale.

En effet, l’homme en détention depuis la fin du mois de juin dernier, devait être entendu dans le fond par le magistrat qui instruit son affaire. Mais il a tout simplement refusé de répondre, tout en lançant un message lourd de sens à l’adresse de son vis-à-vis qu’il qualifie de « fonctionnaire discipliné ». « Je ne vous reconnais pas en tant que juge parce que vous n’êtes qu’un fonctionnaire discipliné. Je ne reconnais pas aussi le gouvernement illégitime et je ne trahirai pas le Hirak », déclare l’ancien maquisard de la guerre de libération nationale.

Lakhdar Bouregaa interpelle aussi le juge, et à travers lui la justice, à remettre en liberté tous les détenus d’opinion. « Libérez les jeunes du Hirak incarcérés !», affirme-t-il. L’ex-officier de l’ALN refuse aussi de signer le PV d’audition. Lakhdar Bouregaa, 87 ans, a expliqué son geste par son refus d’accepter un procès purement politique.

Pour rappel, Lakhdar Bouregaa a été arrêté à la fin du mois de juin dernier et placé en détention, après une nuit passée chez les services de sécurité. Il a été accusé « d’atteinte au moral de l’armée » et « d’outrage à corps constitué », suite à son intervention devant les participants à la conférence des forces de l’alternative démocratique, tenue au siège du RCD le 26 juin dernier.

Depuis toutes les demandes de sa mise en liberté provisoire introduites par les avocats ont été rejetées par les juges. Tout récemment, il avait menacé d’entrer en grève de la faim en soutien aux jeunes détenus d’opinion qui s’apprêtent à mener une telle action pour dénoncer leur maintien, « injuste en détention provisoire pendant quatre mois ». Outre Lakhdar Bouregaa, la justice devait aussi entendre l’activiste Samir Belarbi.

Trois ans de prison requis contre des porteurs du drapeau Amazigh

Durant la journée d’hier, le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger a ouvert le procès de six détenus porteurs de l’emblème Amazigh. A l’ouverture du procès, le procureur de la république a requis trois ans de prison ferme contre les six accusés « d’atteinte à l’unité nationale ».

Le collectif des avocats de la défense, composé d’une quarantaine de juristes, ont entamé, ensuite, leur plaidoirie pour défendre leurs clients en tentant de démontrer que le port de l’emblème Amazigh ne constitue pas un délit et que le code pénal algérien ne contient aucun article criminalisant ce fait.

Pour rappel, les juges près les tribunaux d’Annaba, de Constantine et d’Oran ont prononcé l’acquittement de quatre personnes détenues pour le même motif en exigeant la restitution de l’objet saisi, en l’occurrence l’emblème Amazigh.

Samir Rabah

L’Est Républicain, 23 oct 2019

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