Mauritanie – Maroc : Mohamed Ould Abdelaziz ne veut rien oublier

Malgré les « excuses » présentées « au président, au gouvernement et au peuple mauritaniens » à part le chef de l’Istiqlal Hamid Chabat, les relations entre les deux pays, en particulier autour de la question du Sahara occidental ne cessent de descendre au plus bas niveau. 
La visite du chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane en Mauritanie, pour tenter de désamorcer la crise entre les deux pays après les propos du président de l’Istiqlal Hamid Chabat sur « la marocanité de la Mauritanie » s’est mal terminée. 
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a accueilli froidement l’émissaire du roi Mohamed VI. Il s’est exprimé en des termes très durs lors de l’audience qu’il a accordée à Abdelilah Benkirane et qui a duré 45 minutes au lieu des deux heures prévues initialement. 
Ould Abdelaziz a dit à Abdelilah Benkirane son agacement et celui des Mauritaniens quant aux déclarations de Hamid Chabat et de « certains hommes politiques marocains immatures qui créent des crises entre les pays ». 
Il a dénoncé les hommes politiques qui, par « leurs déclarations ou leurs initiatives, autant infondées que maladroites, créent des tensions inutiles entre les pays ». 
Le chef du gouvernement marocain a lu un communiqué devant les micros et les caméras des médias officiels à Nouakchott, et a tenu à rassurer les autorités du voisin du Sud sur la ligne politique adoptée par la diplomatie marocaine. Une fois son texte lu, il a refusé de répondre aux questions des journalistes mauritaniens présents dans la résidence du chef de l’Etat à Zouirate. 
L’envoyé du roi du Maroc n’a été accompagné à l’aéroport pour rentrer au Maroc par aucun membre du gouvernement mauritanien, et a été juste salué par le wali de Zouérate et un responsable militaire. Avant de repartir, bredouille, il laissé sur place le ministre marocain délégué aux affaires étrangères Nasser Bourita.
L’envoyé spécial du roi Mohamed VI en Mauritanie, Nasser Bourita, est logé dans les locaux de l’ambassade du Maroc à Nouakchott, ambassade à laquelle il a interdit l’accès, y compris aux ressortissants marocains. 
Selon des sources du journal mauritanien Alakhbar, Nasser Bourita attend le retour à Nouakchott du président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, qui est en vacances dans le nord du pays, pour discuter avec lui des derniers développements de la situation politique en Gambie. 
Entre autres points qui seront abordés par le ministre marocain, la réunion de la haute commission mixte qui ne s’est pas réunie depuis 2013. 
La crise entre les deux pays ne date pas d’hier. Cela fait plus de quatre ans que la représentation diplomatique mauritanienne à Rabat est sans ambassadeur. Une chancellerie qui, au fur et à mesure que la crise avec le royaume s’aggrave, se vide de ses diplomates. En février dernier, l’ambassade avait enregistré le départ de son premier conseiller, et de son chargé d’affaires deux années auparavant.
Malgré les « excuses » présentées « au président, au gouvernement et au peuple mauritaniens » à part le chef de l’Istiqlal Hamid Chabat, les relations entre les deux pays, en particulier autour de la question du Sahara occidental ne cessent de descendre au plus bas niveau. Le chef du parti de l’Istiqlal n’en est pas à sa première bourde diplomatique. Avant de s’attaquer à la Mauritanie, il s’en est violemment pris à l’Algérie. 
Le SG de l’Istiqlal avait alors affirmé que « ce pays (l’Algérie,) est colonialiste dans la mesure où il occupe Tindouf, Hassi-Messaoud et Béchar, ainsi que d’autres provinces qui sont, à l’origine, marocaines ». Il a ajouté que l’Algérie « était considérée par le gouvernement français comme étant la deuxième région de France ». 
A l’inverse de la Mauritanie, le roi Mohamed VI n’a pas réagi, au même titre que le ministère des Affaires étrangères marocain qui s’est muré dans un silence complice. 
A l’approche du sommet de l’Union africaine (UA), qui doit se tenir ces jours-ci à Addis-Abeba, où le Maroc entend faire passer son adhésion à cette organisation panafricaine comme une lettre à la poste, selon ses dirigeants, cette affaire risquait de faire voler en éclats tout le tapage médiatique fait autour de la solidarité avec les pays africains vantée par ces derniers à longueur de colonnes. 
Toute la stratégie diplomatique mise en place par le palais royal ces derniers mois s’est aujourd’hui enrayée du fait du grain de sable nommé Chabat. 

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