Sahara occidental: Mohamed Abdelaziz inhumé au carré des martyrs, à Bir Lahlou

Le secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a été inhumé samedi dernier à Bir Lahlou, dans les territoires libérés. Il y repose désormais, après plus de quarante ans de combat militaire et de lutte politique pour l’autodétermination du Sahara occidental. Sa dépouille a été la première à être ensevelie au carré des martyrs de la cause sahraouie. Elle sera bientôt rejointe par les ossements des combattants morts les armes à la main, dont ceux de Mustapha El Ouali Sayed, tué en 1976 alors que la guerre contre l’armée marocaine faisait rage.
Il est 12h30 ce vendredi 3 juin, quand la dépouille du défunt Mohamed Abdelaziz est arrivée à l’aéroport Commandant-Ferradj de Tindouf, transportée à bord d’un avion de la compagnie national Air Algérie. Drapé de l’emblème sahraoui, le cercueil du leader sahraoui a été descendu de l’avion et transporté par des éléments de la Protection civile jusqu’au seuil du salon d’honneur, où une cérémonie de recueillement lui a été rendue et la Fatiha récitée à sa mémoire. Parmi les présents aux funérailles, une importante délégation algérienne, parmi laquelle figuraient des dirigeants de premier plan, tels le Premier ministre Abdelmalek Sellal, le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. Sans compter les parlementaires et les personnalités politiques et associatives nombreuses ainsi que les représentants politiques et diplomatiques des 84 pays qui reconnaissent la RASD qui ont fait le déplacement pour accompagner le président sahraoui à sa dernière demeure. Quelque temps après, le cortège funéraire s’est dirigé vers Hassi Rabouni, qui tient lieu de siège de la présidence de la République sahraouie, à 23 km de l’aéroport de Tindouf. Sur place, le cercueil du défunt a été porté par des militaires sahraouis sous une chaleur infernale, mais qui n’a découragé personne parmi les délégations sahraouies venues pour le dernier adieu avant le grand départ vers Bir Lahlou. Douleur et émotion se lisaient sur tous les visages… Des larmes coulaient, des femmes s’étaient effondrées de chagrin… « O martyr, repose en paix ; à la lutte, il n’y aura pas d’alternative, nous allons poursuivre le combat jusqu’à l’autodétermination », lançait la foule au passage du cercueil présidentiel. Peu de temps après, et contre toute attente, de jeunes Sahraouis, une centaine peut-être, ont débordé le piquet d’honneur pour se ruer sur le siège de la Présidence et scander le nom de Mohamed Abdelaziz et chanter l’hymne sahraoui. Un spectacle jamais vu dans les camps, qui restera sans doute dans les mémoires, « jusqu’au retour à la mère patrie », nous dira dans un sanglot une militante sahraouie au milieu de ses compatriotes qui se sont rassemblées en bordure du parcours par lequel a été passé sur un véhicule militaire le catafalque présidentiel pour le regarder une dernière fois ou le suivre de 17h à 21h, c’est-à-dire à la fin de la journée et à la tombée de la nuit quand la chaleur a légèrement baissé. 
Emotion et détermination
Des milliers de personnes ont ainsi accompagné le convoi funéraire à travers les camps d’El Ayoune et d’Aousserd où les drapeaux du Sahara occidental et ceux de l’Algérie flottaient haut. Des jeunes suivaient le convoi Smartphones en main ; des enfants, dont les voix ont fait frissonner, ont crié : « Martyr, repose-toi, à l’indépendance, il n’y a pas d’alternative », « Camarade Mohamed, repose en paix, nous continuerons ton combat », des slogans repris ensuite par tous ceux et celles, hommes et femmes, enfants et jeunes de tout âge, sont sortis pour l’ultime adieu. Au milieu de la foule en douleur, une voix, celle d’un vieux réfugié sahraoui : « Depuis le décès de Mustapha Wali Sayed, en 1976, on n’a pas connu des funérailles aussi impressionnantes que celles de Mohamed Abdelaziz. Comme il y a quarante ans, le peuple sahraoui est là. » A un moment, le cordon de sécurité avait du mal à retenir la foule, notamment à la sortie du camp d’Aousserd, où le mouvement des gens vers le cercueil présidentiel a dû être contenu plus vigoureusement, avant d’être repoussé énergiquement pour qu’il n’y ait pas d’accident durant l’itinéraire. Les mêmes scènes se sont répétées aux camps de Smara et de Boujdour où la population voulait à tout prix rejoindre le convoi funéraire et où des centaines de personnes ont appelé à la tenue du référendum que tous les réfugiés sahraouis attendent. A la tombée de la nuit, la dépouille présidentielle a été conduite par hélicoptère jusqu’à Bir Lahlou, dans les territoires libérés. Pour le rejoindre, un cortège d’une cinquantaine de voitures a pris la route vers 23h40 pour arriver sur les lieux à 6h35, faisant ainsi dans l’obscurité noire du désert 7 heures sur une route rocailleuse. Samedi 5 juin, vers 9h30, sous un vent fort, la dépouille du président Abdelaziz est installée à bord d’un char, avant que les honneurs ne lui soient rendus par un détachement de l’Armée de libération du peuple sahraoui. Des membres du secrétariat national du Polisario et du Conseil national sahraoui ainsi que des ministres du gouvernement et des membres de la famille Abdelaziz, des anonymes aussi venus des camps de Tindouf, se sont ensuite regroupés devant le lieu où le président sahraoui devait être mis en terre. Tous étaient devancés par Khatri Addouh, président sahraoui par intérim, dans une cérémonie funéraire à la fois humble, à l’image du leader disparu, et grandiose à l’exemple d’une cause dont les défenseurs n’entendent « pas baisser les bras ni abdiquer », a déclaré M. Addouh au moment de l’inhumation. L’oraison funèbre a été lue par Ahmed Mohamed Ahmed, membre du secrétariat national du Polisario et compagnon d’arme du regretté. Il a déclaré, en référence à la grandeur du défunt, que Mohamed Abdelaziz a adressé un message de condoléances au peuple marocain lors du décès en 1999 du roi Hassan II. Aujourd’hui, a-t-il regretté, « la famille royale jubile à la perte de notre Président », affirmant dans ce contexte que le peuple sahraoui va reprendre le flambeau et continuer le combat jusqu’à ce qu’il extorque son indépendance. 21 coups de feu ont été tirés en l’honneur de l’ancien combattant.

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