CCG : regain dhostilité vis-à-vis de lAlgérie

Lhostilité des pétromonarchies du Golfe envers lAlgérie nest pas chose nouvelle. Elle est même historique tant les divergences de fond avec notre pays sur quasiment tous les grands dossiers qui font, depuis des lustres, lactualité internationale sont patentes. Sauf que ces derniers temps, celle-ci semble être montée dun cran. 
Une montée que nombre dobservateurs expliquent par lirritation manifeste de leurs souverains respectifs de voir notre pays sen tenir à la ligne quil a toujours défendue dans ses relations extérieures. En clair, à une diplomatie autonome basée sur les principes cardinaux de respect de la souveraineté des autres états et, partant, de la non-ingérence dans leurs affaires internes, et de respect du droit à lautodétermination des peuples dont les droits sont bafoués. 
Des principes qui ont poussé notre pays à sopposer, parfois frontalement, à ces monarchies dans les dossiers syrien, yéménite, libyen. Mais également dans leur scabreuse et dangereuse machination qui leur a fait classer, aujourdhui, par deux organisations, une panarabe : la Ligue des Etats arabes, et lautre panislamique : lOrganisation de la conférence islamique (OCI), le Hezbollah libanais comme organisation terroriste ; le caractère dangereux de cette classification ne résidant pas uniquement dans laffaiblissement ainsi visé de « laxe de la résistance » aux menées sionistes dans la région mais par le début de la concrétisation sur le terrain de la « fitna » entre sunnites et chiites à laquelle Suvrent, aujourdhui, ouvertement ces pétromonarchies. Et ce, à la grande joie des « maîtres du monde » et de lentité sioniste qui nont eu de cesse, jusque-là, sans succès, dobtenir une telle classification par les grandes organisations internationales. 
Cest, à lévidence, cette réaffirmation, exprimée dans les positions quil a adoptées dans les tous les dossiers précités, par notre pays de sa volonté de rester maître de ses positions (dans les grands dossiers internationaux) qui lui valent ce regain dhostilité de la part de ces monarchies. Principalement, de leur chef de file, le royaume wahabite des Al Saoud. Qui sest mis, ces derniers temps, à vouloir, avec laval de ses parrains occidentaux et la complicité des autres membres du CCG (Conseil de coopération du Golfe), régenter la politique de tous les autres pays arabes. Une volonté de plus en plus ouvertement affichée depuis lavènement du mal-nommé « printemps arabe » et la mainmise « khalédjite », qui sen est suivie, sur la Ligue des Etats arabes. 
Cette dernière pas du tout innocente : lorganisation panarabe nétant plus aujourdhui, de ce fait, quun moyen de faire avaliser à ses membres des politiques tracées ailleurs ; un « ailleurs » qui nest aucunement une des capitales des pays composant le CCG. Ni son intervention, par organisations terroristes interposées, en Syrie, ni celle ouverte, par le biais dune prétendue coalition islamique quelle dirige apparemment, dans la crise yéménite ne servent, en effet, à long terme, les intérêts bien compris de lArabie saoudite. Et, à plus forte raison, ceux des autres pétromonarchies du Golfe. Et ce, de par les retombées forcément négatives sur leur stabilité, leur intégrité territoriale et, partant, leur pérennité en tant quEtats : un accroissement de la violence dans les deux pays précités et leur démembrement programmé qui en est attendu, ne pouvant rester sans suites sur la carte politique actuelle de la péninsule arabique. 
Ce que semblent ignorer, ou feignent, pour des raisons quil est difficile dexpliquer présentement, de le faire, leurs souverains. Qui préfèrent foncer, tête baissée, dans la concrétisation dagendas élaborés par les « maîtres du monde » dans le seul objectif de la préservation et de la pérennisation de leur domination sur ce vaste espace éminemment stratégique quest laire arabo-sahélienne ; une domination quils veulent assurer, faut-il le rappeler, par la destruction, prélude à leur démembrement, des états-nations le composant. En se réunissant mercredi dernier, à Ryad, la capitale du royaume wahabite, avec le souverain marocain, les monarques du « Khalidj » et leur hôte, ont expressément confirmé quils nétaient que les agents consentants de lexécution de ces agendas. 
Les premiers, en renouvelant, avec plus de force que jamais auparavant, leur soutien à la colonisation par le Maroc du Sahara occidental ; un soutien quils nont pas manqué, en loccasion, de faire accompagner dun autre qui se veut un véritable pied-de-nez à lorganisation onusienne et, partant, à ses résolutions appelant à lorganisation dun référendum dautodétermination dans ce territoire indûment occupé, depuis plus de quarante années maintenant, par notre « voisin de lOuest » : les monarques du Golfe se sont, effet, ouvertement rangés du côté de leur protégé dans le bras-de-fer qui la opposé dernièrement au secrétaire général de lONU, Ban Ki-Moon, à propos, précisément, de la question du Sahara occidental. 
Ce faisant, ils lont ouvertement encouragé à poursuivre sa politique de défi de la légalité internationale et de fuite en avant dans cette question. Un encouragement qui ne sest pas limité à la seule sphère politique mais qui sest étendu à celle, particulièrement sensible pour un pays comme le Maroc où les problèmes sociaux sont endémiques, à celle économique : les pétromonarchies du Golfe sétant engagées, non pas uniquement à poursuivre leur aide, déjà conséquente, mais à investir directement au Sahara occidental. 
En contrepartie de toutes ces largesses politico-financières, qui lui sont accordées, faut-il le rappeler, en piétinant la légalité internationale, la monarchie marocaine sest engagée avait-elle les moyens de faire autrement ? à participer à toutes les menées agressives initiées par ses parrains du Golfe. Plus particulièrement, par leur chef de file saoudien. Un engagement qui signifie pour les sujets de Sa Majesté, la possibilité de servir, à tout moment, de chair à canon dans des aventures criminelles contre des peuples frères qui sont totalement contraires à ses intérêts. Une possibilité dautant plus présente que leur « bien-aimé » souverain a déjà concrétisé cet engagement.
Et ce, en participant, entre autres, à lagression que mène, depuis plus dune année, contre le peuple yéménite, la prétendue coalition islamique. Une coalition à laquelle a sèchement et très justement refusé de prendre part lAlgérie. Et cest là, une des raisons, avec les divergences de fond susmentionnées existantes dans les positions de notre pays avec celles des monarchies du Golfe, qui expliquent la position outrageusement favorable au Makhzen affichée, depuis quelques jours, par celles-ci dans la question du Sahara occidental. Une position dont le danger réside dans le fait quelle pérennise la tension dans la région, aujourdhui
, particulièrement sensible du Maghreb.
Et, partant, empê
che son unité. Mais nest-ce pas là lobjectif inavoué de ce soutien sans limites au makhzen marocain ? Et ce, dautant plus que les conséquences dun tel soutien sintègrent parfaitement dans lobjectif des « maîtres du monde » de reconfigurer, par le démembrement des pays le composant, la carte politique de lespace arabo-sahélien.
Mourad Bendris

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