Sahara occidental: la balle est dans le camp de l’ONU

par Kharroubi Habib
En guise de représailles à l’encontre de l’ONU dont le secrétaire général Ban Ki-moon s’est attiré leur colère en qualifiant d’occupation la présence marocaine au Sahara occidental lors de sa visite en mars dernier dans les camps de réfugiés sahraouis, les autorités de Rabat s’en sont prises à la Minurso dont elles ont expulsé la quasi-totalité des experts civils et fait fermer l’un de ses bureaux de liaison militaire. 
Il en résulte que la Minurso se trouve dans l’impossibilité d’assumer pleinement la mission pour laquelle elle a été déployée au Sahara occidental. Ce qui a fait considérer à juste titre au président du Front Polisario et de la RASD que l’acte des autorités marocaines a créé une situation menant à une reprise des hostilités dans le conflit du Sahara occidental si le Conseil de sécurité n’exerce pas « une pression réelle et directe » sur le Maroc pour qu’il annule ses mesures à l’encontre de la Minurso. Il a prévenu qu’en cas de persistance du fait accompli par Rabat, « le peuple sahraoui sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes y compris la lutte armée qui est légalisée par l’ONU pour tous les peuples colonisés ». 
Ce n’est pas la première fois qu’un responsable du Polisario ou de la RASD évoque face au blocage que connaît le processus de négociations sur le Sahara occidental la possibilité pour les Sahraouis de reprendre la lutte armée contre l’occupant marocain. Les Nations unies auront tort toutefois de minimiser la gravité de l’interpellation à elles adressée par le président sahraoui. A Ban Ki-moon dont la visite aux camps de réfugiés sahraoui lui a permis de constater que Mohamed Abdelaziz n’émet pas qu’une menace en l’air en évoquant la reprise des hostilités, il revient d’alerter le Conseil de sécurité que les ingrédients sont réunis qui la rendent possible. 
Il a eu en effet à se rendre compte que les Sahraouis bouillent d’exaspération contre « l’impuissance » injustifiable au plan et du droit et de la morale à obliger l’occupant marocain de respecter les engagements contractés par lui tant à leur égard que celui du Polisario pour obtenir l’arrêt des hostilités armées provoquées par son invasion et l’occupation du Sahara occidental. L’exaspération des Sahraouis se transformera inéluctablement en détermination de reprise du combat libérateur dans le cas où le Conseil de sécurité s’en tiendrait à des vœux pieux adressés aux parties en conflit. Ils sont d’autant plus déterminés à reprendre ce combat que le Maroc semble avoir tablé sur l’impossibilité qu’ils puissent le faire en raison du point de vue de Rabat que l’Algérie qui leur a donné les moyens d’entreprendre leur lutte armée au commencement de l’occupation marocaine de leur territoire, n’est plus en situation de les aider, empêtrée qu’elle serait dans ses graves problèmes internes et menacée par les dangers sécuritaires qui se sont accumulés à ses frontières. 
Comme à leur habitude, le trône et le Makhzen marocains usent de provocations et de tentative d’instauration du fait accompli. Dans l’affaire de la Minurso, ils pourraient bien avoir présumé à tort qu’une fois encore ils parviendront à intimider les opposants à leur dessein pour le Sahara occidental. Cette fois pourtant ils risquent bel et bien de se retrouver dans une situation aux conséquences incalculables pour le royaume et toute la région. L’ONU ne peut sans perdre son crédit laisser le Maroc persister dans la politique qui est la sienne dans le conflit du Sahara occidental. A ce titre, la réunion prochaine du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental sera éclairante sur l’intention des Nations unies.

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