« Il faut faire pression sur l’état marocain et ses alliés » (ministre sahraoui)

Quelle est la situation générale des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés ? 

Malgré les maints appels lancés par les organisations des droits de l’Homme et des institutions internationales exigeant le respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental, le Maroc continue à défier la communauté internationale. Les droits de l’Homme sont violés de manière générale en ce qui concerne les citoyens sahraouis, les femmes, les enfants et les handicapés en particulier. L’occupant ne cesse de consolider ses forces dans les territoires occupés, de développer les moyens de répression, harcelant constamment les citoyens sahraouis en raison de leur position politique revendiquant le droit à l’autodétermination. Les forces de répression agissent contre les manifestants dans toutes les villes occupées dont El Ayoune, Smara,Dakhla et dans les villes du sud du Maroc où habitent de nombreux Sahraouis.
Et pour ce qui est des arrestations ?
Actuellement, nous comptons plus de 70 détenus politiques dans les geôles marocaines. Après le jugement des 25 militants sahraouis emprisonnés dans l’affaire du camp de Gdiem Izik, le Maroc continue à déférer des civils devant les tribunaux militaires y compris après la promesse faite par le roi Mohamed VI au président américain, Barak Obama, lors de sa récente visite à Washington. Cela fait quelques jours que notre compatriote M’barak Daoudi a été présenté devant le tribunal militaire de Rabat.
Avez-vous des nouvelles des prisonniers du groupe Gdiem Izik ?
Selon les informations recueillies à travers auprès des familles leur rendant visite, la santé de ces militants se détériore. Ils sont en plus sous pressions morale et psychologique. S’ajoutent à cela les conditions difficiles que traversent leurs familles, parents, épouses et enfants. Chaque détenu est un cas en soi. Il y a celui qui a trois, quatre ou cinq enfants, celui dont les parents n’ont que lui pour les prendre en charge. De lourdes peines ont été prononcées à leur encontre alors que les accusations étaient infondées. Vous avez l’exemple de Naâma Lasfari accusé d’avoir géré Gdiem Izik alors qu’il a été arrêté 36 heures avant l’implantation du camp par des citoyens sahraouis refusant de vivre dans la précarité alors que leur territoire est riche. Il est à noter qu’avant 1975, le Maroc faisait partie des pays qui revendiquaient le droit d’autodétermination au peuple du Sahara Occidental, mais il le lui a confisqué jugeant qu’il est peu nombreux par rapport à ce riche et vaste territoire.
La communauté internationale est-elle consciente des exactions commises au Sahara Occidental ?
Après le cessez-le-feu en 1991, nous avions grand espoir en cette prise de conscience, mais l’attente a trop duré. Nous avons attendu jusqu’en 2005 pour déclencher la résistance pacifique qui a donné des résultats très positifs. Se rendant compte que les richesses du Sahara Occidental sont pillées illégalement pendant que son peuple est marginalisé et appauvri, les organisations des droits de l’Homme ont commencé à faire pression sur le Maroc pour donner à ce peuple le droit de s’autodéterminer. Au niveau du gouvernement sahraoui et du Front Polisario, nous n’avons aucun problème à accepter la décision du peuple sahraoui à condition que tous les choix lui soient proposés. Nous appelons toujours à faire pression sur l’Etat marocain et ses alliés jusqu’à ce que notre peuple puisse jouir de sa souveraineté et de ses droits sur tout son territoire. Nous lançons cet appel aux instances onusiennes et à l’Union africaine pour régler la question de la dernière colonie dans le continent. Il s’agit d’une question de décolonisation reconnue par la communauté internationale. Je dois toutefois rappeler une chose. L’expérience du monde dans le domaine des droits de l’Homme a commencé en France. De ce fait, nous sommes constamment surpris par la contradiction entre le discours français au sujet des droits de l’Homme et la position de la France quant à la question sahraouie. Cet Etat n’a jamais hésité, depuis 1975, à s’opposer au droit du peuple sahraoui à s’autodéterminer et à opposer son veto au Conseil de sécurité de l’ONU contre toute résolution rendant justice aux Sahraouis. Nous ne demandons pas une faveur à la France, mais qu’elle ait juste une position claire, raisonnable et logique sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, et ce, dans le cadre du respect de la légalité internationale. 

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