Barack Obama à l’heure de george W. Bush

Mohammed VI rentre satisfait de sa virée américaine
Les Etats-Unis reculent sur la question du Sahara. La visite effectuée ce week-end par Mohamed VI à Washington a permis au royaume de s’assurer un précieux soutien américain. Un soutien qui risque de replonger le conflit du Sahara dans le statu quo.
Aussi ambiguë soit-elle auparavant, la nouvelle position exprimée hier dans le communiqué conjoint ayant sanctionné la rencontre de vendredi à la Maison-Blanche, entre Mohammed VI et Barack Obama, est favorable au Maroc. 
«Le Président (américain Ndlr) s’est engagé à continuer à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara «, a indiqué de prime abord le communiqué de la Maison-Blanche qui ne fait aucune mention à l’autodétermination. La suite est cependant claire comme de l’eau de roche. Barack Obama, en difficulté sur le plan interne, semble ne pas vouloir rajouter des soucis à son administration. 
Le communiqué a estimé que la politique de Washington vis-à-vis de ce dossier vieux de 38 ans n’a pas changé. «Conformément à la politique américaine constante durant plusieurs années, les Etats- Unis ont clairement indiqué que le plan d’autonomie présenté par le Maroc est sérieux, réaliste et crédible, et représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité». Voilà qui donnera pleine satisfaction à Mohamed VI, qui a traversé la plus dure année depuis son intronisation en 1999, sur la question du Sahara. D’ailleurs, l’agence officielle marocaine MAP ne s’est pas gênée à diffuser le communiqué intégralement, rompant ainsi avec la tradition de couverture sélective quant il s’agit d’aborder la très sensible question sahraouie. 
Le président américain a tenu quand même à souligner que «les Etats-Unis soutiennent les négociations menées par les Nations unies, dont l’action de l’envoyé personnel du secrétaire général, Christopher Ross». Il a exhorté les parties à «œuvrer pour une solution politique». Point de chute des discussions, les deux dirigeants ont réaffirmé, ajoute le communiqué, leur «attachement partagé» à «l’amélioration des conditions de vie des populations du Sahara et à travailler ensemble pour poursuivre la protection et la promotion des droits de l’homme dans la région».
Obama, sur les traces de George W. Bush, lâche John Kerry
S’il y a un homme qui doit se sentir trahi par la position d’Obama c’est bel et bien son secrétaire d’Etat John Kerry. Lui qui a demandé en avril 2013 au Conseil de sécurité à ce que la mission onusienne de la Minurso soit dotée d’un mécanisme de protection des droits de l’homme. 
Une véritable bombe désamorcée par la France, allié du Maroc. L’Amérique a dû finalement abandonner sa demande tout en exigeant à travers la résolution 2099 du Maroc l’amélioration des droits humains au Sahara. 
John Kerry, ami de longue date de la Fondation Robert Kennedy qui milite en faveur des indépendantistes sahraouis, se retrouve en position assez complexe. Car l’exhortation d’amélioration de la situation des droits de l’homme faite au Conseil de sécurité en 2013 n’a pas été respectée par le Maroc de l’avis même de son département, qui a rendu un rapport fin septembre de cette année, exprimant ses «inquiétudes» quant aux violations des droits de l’homme au Sahara et considérant le Sahara occidental comme «territoire non autonome». Mohamed VI a décidément bien calculé son coup. Eviter à tout prix un rebondissement du cauchemar de 2013 au sein du Conseil de sécurité qui doit se réunir en avril prochain pour adopter une nouvelle résolution sur le Sahara. Cette position d’Obama rappelle bien celle de George W. Bush qui n’a pas caché son soutien à l’option d’autonomie.

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