« Depuis l’intronisation de Mohammed VI, les choses se sont de plus en plus envenimées » (diplomate sahraoui)

M’hamed Mohamed Cheikh, conseiller à l’ambassade de la RASD en Algérie : Appel à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme
«La situation des droits de l’Homme au Sahara occidental a toujours été désastreuse. Mais depuis l’intronisation de Mohammed VI, les choses se sont de plus en plus envenimées.»
C’est le constat, amer, que fait à Reporters le premier conseiller à l’ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, M’hamed Mohamed Cheikh, de la situation des droits de l’Homme dans son pays.
M. Cheikh a expliqué que cette situation s’est dégradée, notamment après «les soulèvements populaires dans les territoires occupés depuis 2004, et qui sont à chaque fois violemment réprimés» par les forces du monarque alaouite.
En effet, les évènements qui ont suivi le démantèlement, en 2010, du camp de Gdeim Izik et l’arrestation de 25 Sahraouis reconnus coupables, selon le Maroc, du meurtre avec préméditation de membres des forces de l’ordre, et la condamnation, le 16 février dernier, de neuf d’entre eux à la perpétuité, quatre autres condamnés à 30 ans de prison, huit à 25 ans, deux à 20 ans dont un par contumace, ainsi que deux autres à deux ans d’emprisonnement, ont été vivement décriés par les défenseurs des droits de l’Homme.
Avant cela, c’est l’affaire d’Aminatou Haïdar qui a suscité, en 2009, de vives indignations à l’échelle internationale. A titre de rappel, cette militante sahraouie, présidente du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme (CODESA) a, le 13 novembre 2009, de retour de New York, où elle a reçu le prix du courage civique de la Train Fundation, a marqué sur sa fiche d’entrée au Maroc qu’elle était résidente au Sahara occidental et a laissé vide la section «Nationalité». Cela lui avait valu d’être auditionnée par un procureur marocain. Elle a ensuite été expulsée vers Lanzarote, dans les îles Canaries. Après un mois de grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote, elle a pu regagner Laâyoune, le 18 décembre 2009, grâce au soutien et aux pressions de la communauté internationale. En 2010, WikiLeaks avait révélé que la diplomatie américaine a qualifié la gestion par le Maroc de cette affaire de «désastreuse». Un proche des cercles royaux aurait même reconnu que «sur plusieurs niveaux, notre décision (d’expulser Haïdar, ndlr) était illogique».
Pire que cela, «les journalistes étrangers sont interdits par les autorités marocaines d’accès aux territoires occupés», a ajouté M. Cheikh. Dans ce contexte, Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé ces atteintes flagrantes aux droits de l’Homme. 
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a, de son côté, tiré la sonnette d’alarme sur la situation des droits de l’Homme dans ce pays, appelant à revoir et à étendre le mandat de la Minurso à la supervision des droits de l’Homme. «La Minurso doit avoir un droit de regard sur la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental. Il faut savoir que la Minurso est le seul organe de l’ONU qui ne dispose pas d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme», a souligné 
M. Cheikh.
Dans ce contexte, l’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (R. F. Kennedy Center) a publié, vendredi, un nouveau rapport sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental occupé. Dans ce rapport, intitulé «Vers qui se tourner : les conséquences de l’absence de surveillance des violations des droits de l’Homme au Sahara occidental», l’ONG a lancé un appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme.
Reporters.dz, 21 avril 2013

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