Vers le démantèlement de l’UPM

Le Soir d’Algérie, de notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
N. Sarkozy fourgue, en catimini, presque en s’excusant l’Union pour la Méditerranée à… Bruxelles. L’Europe des 27 n’apprécie pas vraiment, ou si peu, le cadeau. Il est vrai que le présent offert par le plus impopulaire des dirigeants européens (récents sondages) est encombrant, voire empoisonnée. La mer chère à Ulysse, fondateur, dit la légende, de la ville d’Alger, mérite mieux que cette chose bricolée, sans queue ni tête, créée de toutes pièces et appelée, pompeusement, Union pour la Méditerranée.
 
L’espace, limité géographiquement, historiquement et civilisationnellement aurait pu, aurait dû, être appréhendé plus sérieusement, sans fanfaronnade et surtout sans arrière-pensées sournoises. Dans l’idée méditerranéenne de Sarkozy, il s’agissait de un de bloquer l’adhésion de la Turquie à l’UE, de deux promouvoir les intérêts de la France contre ceux des autres pays européens (Italie, Allemagne, Espagne) et de trois frapper mortellement le processus de Barcelone. Le traité catalan, généreux, multilatéral et discuté sérieusement entre les deux rives de la mer chère à H. Guerrouabi, J. Brassens, Picasso et les Andalous, a été cantonné, piétiné puis mis aux oubliettes par l’UPM. Cadre unilatéral, contraignant et décidé uniquement entre initiés du Nord, repus, égoïstes, et peu regardants autour d’eux. Les premiers preneurs de l’UPM ont été l’Égyptien Moubarak, le Tunisien Ben Ali. Aujourd’hui, l’on ne se bouscule pas au portillon de l’Union pour la Méditerranée. Il n’y a d’ailleurs pas de portillon. Lors d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens, l’Allemagne et le Royaume-Uni, prévoyants, ont fait ajouter à UPM «processus de Barcelone». L’appellation d’origine a été supprimée en droit européen pour limiter l’ampleur des dégâts conceptuels de Sarkozy. Cela n’a pas suffi. Les chutes des ex-présidents Hosni Moubarak et Zine El Abidine Ben Ali ont rendu l’affaire honteuse, presque une entreprise délictuelle. Aujourd’hui, Bruxelles n’évoque même plus cette horrible chose et un secrétariat général existe toujours, on ne sait, d’ailleurs, pas pourquoi et est présidé par un Marocain. A quand la fin civile de l’Union pour la Méditerranée ? 

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