Tunisie : Marzouki lorgne ses voisins

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en dépit d’un agenda chargé dû, notamment, à la préparation d’élections législatives d’importance capitale pour l’Algérie, a tenu à faire le déplacement de Tunis, pour célébrer avec le peuple tunisien frère, et le terme n’a rien de démagogique, l’An 1 de la Révolution tunisienne et la fuite, peu glorieuse, de Ben Ali. Signe probant de cette amitié jamais démentie, l’accueil chaleureux réservé au chef de l’État qui s’est entretenu peu après son arrivée en tête-à-tête au palais de Carthage à Tunis avec le président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, qui s’était rendu à l’aéroport de Tunis pour l’accueillir. L’entretien a eu lieu en marge des festivités commémoratives du premier anniversaire de la Révolution populaire tunisienne. La visite du président Bouteflika en Tunisie s’inscrit, a précisé un communiqué de la Présidence de la République, dans le cadre du raffermissement des relations « fraternelles exceptionnelles » entre l’Algérie et la Tunisie. Comme elle offrira, a-t-on ajouté de même source, l’opportunité d’un échange de vues sur les différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun, à la lumière des développements que connaît la région maghrébine et arabe. Cette visite sera également une occasion pour « davantage de coordination et de concertation entre l’Algérie et la Tunisie et la consolidation des relations fraternelles et de solidarité qui existent entre les deux pays et les deux peuples frères». Le 14 janvier 2012 marque le premier anniversaire de la Révolution du Jasmin en Tunisie, qui a sonné la fin d’une dictature et redonné espoir aux Tunisiens, même s’ils sont, quelque peu, refroidis par l’hégémonie des islamistes, grands vainqueurs des premières élections législatives libres. La visite à Tunis du Président Bouteflika, un geste d’amitié remarqué, devrait donner lieu à une relance de la coopération économique, la Tunisie connaissant de très grandes difficultés, en raison de l’expectative des investisseurs européens et de la chute brutale des flux touristiques, véritable poumon économique du pays. La portée de l’événement, qui a bouleversé le paysage politique tunisien, où prédomine les islamistes d’Ennahda, qui a multiplié les signes de bonne volonté, ne rassure pas pour autant les milieux d’affaires. D’autant que la crise économique qui frappe de plein fouet la quasi-totalité des pays européens et la perte du Triple AAA, par le la France, dont les entreprises sont présentes en nombre en Tunisie, fait craindre leur repli et des désinvestissements et des relocalisations vers l’Hexagone ou l’Asie. C’est pourquoi le Président tunisien, Moncef Marzouki, s’est tourné vers ses voisins maghrébins immédiats, la Libye et L’Algérie pour éviter l’asphyxie économique de son pays, afin de relancer la machine économique et répondre aux attentes des Tunisiens les plus défavorisés qui attendent des changements immédiats et l’amélioration de leur cadre de vie. Le Qatar qui distribue, généreusement, ses prébendes à travers le monde est également sollicité, même si l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, arrivé la veille dans la capitale tunisienne, a été accueilli par des manifestations d’hostilités pour son aide financière au parti Ennahda de Ghannouchi. L’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, est l’invité des autorités tunisiennes, aux côtés d’autres leaders arabes, dont le Président Abdelaziz Bouteflika, et le chef du Conseil national de transition libyen, Moustapha Abdeljalil. Le Qatar et le parti islamiste tunisien Ennahda, vainqueur des élections du 23 octobre, entretiennent des relations étroites, et l’émirat est parfois qualifié de « banquier d’Ennahda » par ses détracteurs. Pour ce qui est de la présence, en ces moments historiques pour la Tunisie, du chef de l’État algérien elle marque sa volonté d’accompagner dans sa transition démocratique, un peuple qui a tant fait pour la Révolution algérienne. C’est pourquoi il faut aussi rappeler le geste hautement symbolique et désintéressé, de l’Algérie, accordant un prêt, dont une partie non remboursable, de 100 millions de dollars, il y a déjà quelque mois, à la Tunisie.
Mokhtar Bendid 
Le Courrier d’Algérie, 15/1/2012

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