Le Maroc concentre désormais ses efforts sur des États historiquement plus éloignés de ses positions. La stratégie consiste à exploiter les fissures existantes, notamment au sein de la Southern African Development Community (SADC), bastion du soutien à la RASD.
Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Union Africaine, RASD, Résolution 2797 (2025)
Selon Africa Intelligence, fort du nouvel élan diplomatique offert par la résolution 2797 adoptée le 31 octobre par l’ONU – qui prolonge la Minurso jusqu’en 2026 et consacre le plan d’autonomie marocain comme base des négociations futures –, le Maroc redouble d’efforts pour repositionner le dossier du Sahara occidental au cœur de l’Union africaine (UA). Après des décennies de politique de la chaise vide, Rabat entend désormais tirer parti de son retour dans l’organisation panafricaine pour obtenir le retrait de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de l’instance.
Objectif : inscrire l’exclusion de la RASD à l’ordre du jour
Si le royaume souhaite provoquer un vote inédit visant à exclure la RASD, il doit d’abord en franchir l’étape préalable : faire inscrire cette question sensible à l’ordre du jour de l’Assemblée des chefs d’État de l’UA. Une opération diplomatique délicate qui nécessite de rallier 33 des 55 États membres, indique Africa Intelligence.
Conscient que nombre de ses alliés traditionnels en Afrique sont déjà acquis à sa position, Rabat concentre désormais ses efforts sur des États historiquement plus éloignés de ses positions. La stratégie consiste à exploiter les fissures existantes, notamment au sein de la Southern African Development Community (SADC), bastion du soutien à la RASD. Madagascar, la RDC, la Zambie, l’Eswatini ou encore le Malawi représentent autant de portes d’entrée pour tenter d’inverser le rapport de force. En revanche, peu d’illusions sont nourries concernant l’Afrique du Sud ou la Namibie, adversaires farouches du plan marocain, précise la source.
Rabat parvient à diviser le groupe A3+ à l’ONU
La diplomatie marocaine a récemment marqué un point déterminant : la rupture de l’unité du groupe A3+, qui réunit les trois pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité (Algérie, Sierra Leone, Somalie) ainsi que le Guyana.
Alors que ces États votent généralement de manière concertée, Rabat a réussi à rallier la Sierra Leone, la Somalie et le Guyana à sa position lors du vote de la résolution 2797. Une victoire diplomatique qui porte largement la marque de Mohamed Methqal, directeur général de l’Agence marocaine de la coopération internationale (AMCI) et véritable architecte du lobbying africain du royaume.
Multipliant les rencontres et les soutiens financiers ciblés, l’émissaire marocain a notamment consolidé le rapprochement avec Freetown et Georgetown. Son rôle a été tout aussi déterminant en Somalie, où Rabat cherche à préserver la relation privilégiée nouée sous l’ancienne présidence de Mohamed Farmajo.
Somalie : un soutien encore fragile
Grâce à l’entremise de l’ambassadeur somalien à Rabat, Salaad Ali Ibrahim, proche de Nasser Bourita, le Maroc a obtenu l’alignement somalien sur le plan d’autonomie. L’ouverture d’un consulat somalien à Laâyoune – décidée en 2022 mais jamais mise en œuvre – reste toutefois suspendue à l’approbation du président Hassan Sheikh Mohamoud.
Malgré ce glissement vers Rabat, la Somalie tente d’éviter toute rupture avec Alger. Preuve en est la visite du chef de l’État somalien à Alger le 11 novembre, au cours de laquelle il a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune, après avoir ignoré plusieurs sollicitations du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avant le vote onusien.
L’Algérie échoue à relancer le bureau de liaison de l’UA à Laâyoune
Déterminée à réaffirmer la présence institutionnelle de l’Union africaine au Sahara occidental, Alger a demandé fin novembre la tenue d’une réunion d’urgence auprès du président de la Commission de l’UA afin de réactiver le bureau de liaison de Laâyoune, aujourd’hui inactif. Une requête rejetée, au nom de la décision 693 adoptée en 2018, qui limite la question du Sahara occidental aux instances de haut niveau de l’UA.
L’Algérie devra donc attendre la prochaine conférence des chefs d’État, prévue en février 2026, pour tenter d’inscrire le sujet à l’ordre du jour, conclue le magazine français.
Source : Africa Intelligence, 27/11/2025
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