Fermeture du bureau d’Al Jazeera en Palestine occupée: Génocide sans témoins

Walid Omary, le directeur du bureau d'Al Jazeera à Al Quds, a affirmé hier qu'il y a eu «plus de 50 attaques israéliennes contre des journalistes d'Al Jazeera depuis le 7 octobre 2023».

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par Mohamed Mehdi


Dimanche 212e jour de l’agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes, dont plus de 70% sont des enfants et des femmes, s’est élevé à 34.683 martyrs et 78.018 blessés, a annoncé, hier, le ministère de la Santé de l’enclave assiégée.

L’armée d’occupation a commis, durant les précédentes 24 heures (journée de samedi), 3 massacres faisant 29 martyrs et 110 blessés, en majorité à Rafah dans le sud de Ghaza.

Hier, les attaques israéliennes sur différentes parties de l’enclave ont commencé, peu après minuit, par des tirs nourris de l’artillerie sur l’est du quartier d’Al-Zaytoun au sud de la ville de Ghaza.

Toujours dans la ville de Ghaza, le correspondant d’Al Jazeera a rapporté que des tirs nourris provenant de véhicules d’occupation stationnés dans la zone de Netzarim, ont visé le quartier de Sheikh Ajlin. Au même moment, des bombardements aériens ont visé des terres agricoles dans la ville de Deir al-Balah et du camp Al Maghazi, au centre de la bande de Ghaza.

Plusieurs autres bombardements ont ciblé dimanche le centre de l’enclave, visant le nord du camp de Nuseirat et les environs de la ville de Zawaida.

Les bombardements de plusieurs zones du gouvernorat de Rafah ont continué hier, notamment sur le quartier d’Al-Salam, à l’est de la ville, faisant au moins 3 blessés dans l’attaque de deux maisons appartenant aux familles Al-Shaer et Bahloul.

A Rafah également, un correspondant d’Al Jazeera a fait état de tirs d’hélicoptères de l’armée d’occupation sur des bateaux de pêcheurs. Le journaliste a également a signalé des tirs d’artillerie sur les environs de la centrale électrique de la ville Ghaza, les zones d’Al-Mughraqa et d’Al-Zahraa, ainsi que le pont de Wadi Ghaza, dans le centre de l’enclave. A Al-Mughraqa l’armée d’occupation israélienne a fait exploser un certain nombre de maisons.

La résistance lance des roquettes sur Karem Abu Salem

La résistance palestinienne à Ghaza a annoncé hier avoir ciblé le commandement de l’armée sioniste dans la région de Karem Abu Salem (Kerem Shalom), entre Ghaza et la Palestine occupée.

Des médias israéliens cités par Al Jazeera ont fait état d’au moins 7 blessés, dont des soldats, dans cette attaque à la roquette près du point de passage de Karem Abu Salem. La 12e chaîne israélienne précise que parmi les 7 blessés transférés à l’hôpital Soroka, 3 sont dans un état grave.

Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont revendiqué l’attaque qui, de l’aveu même des autorités israéliennes, a touché une «zone proche d’une position militaire» engagée dans les opérations de Ghaza.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Mouvement de la Résistance islamique (Hamas), ont déclaré avoir bombardé, en collaboration avec les Brigades Al-Quds (branche militaire du Mouvement Jihad islamique), des «troupes de l’armée d’occupation sur le site de Karem Abu Salem et ses environs avec des roquettes de 114 mm».

Toujours selon Al Jazeera, le journal israélien Yedioth Ahronoth a indiqué que l’armée israélienne a dépêché plusieurs hélicoptères sur le site pour évacuer les blessés.

«Les médias israéliens ont déclaré que l’incident de Kerem Shalom était dangereux et qu’il était interdit de publier des informations sur l’endroit où les obus sont tombés et sur les blessés», ajoute Al Jazeera.

Hier également, les Brigades Al-Quds ont déclaré avoir bombardé avec des obus de mortier une position de soldats de l’occupation israélienne à proximité du quartier d’Al-Baidar, dans la rue Al-Rashid, à l’ouest de la ville de Ghaza.

De son côté, Al-Qassam a annoncé également que ses combattants ont abattu un soldat israélien sur la «Rue n°10», au sud de Tal al-Hawa, dans la ville de Ghaza.

La police israélienne perquisitionne les bureaux d’Al Jazeera à Al Quds

Il est un fait indéniable : le génocide que commet Israël à Ghaza depuis le 7 octobre 2023 n’aurait pas pu être documenté et diffusé dans le monde entier sans les journalistes palestiniens sur place, ni sans la chaîne qatarie Al Jazeera.

C’est ce qui explique, sans doute, la décision prise hier par le gouvernement de l’entité d’apartheid d’occupation de la Palestine, dont la volonté manifeste depuis le début de l’agression, est d’imposer une chape de plomb sur l’information en provenance de Ghaza, pour masquer les crimes de guerre de «l’armée la plus morale du monde».

La menace de fermeture d’Al Jazeera a été annoncée dès le 14 octobre 2023, soit une semaine après le début de l’agression sioniste. La décision a été adoptée hier à «l’unanimité en Conseil des ministres».

Selon Yedioth Ahronoth le ministre israélien des Communications a l’intention de contacter le commandant de la région centrale pour «empêcher Al Jazeera d’opérer également en Cisjordanie».

Quelques heures après la prise de cette décision, la police israélienne a envahi les bureaux d’Al Jazeera à Al Quds qui ont été perquisitionnés et leurs équipements confisqués.

Selon Al Jazeera English, «les câblodistributeurs et les satellites ont supprimé Al Jazeera en Israël. «Des messages sont apparus à la place de la diffusion d’Al Jazeera sur un certain nombre de fournisseurs de satellite, notamment «Yes» et «Hot». Le message affiché par Yes disait : «Conformément à la décision du gouvernement, les émissions de la station Al Jazeera ont été arrêtées en Israël»», précise AJE.

Al Jazeera Network : «Acte criminel contre le droit d’accès à l’information»

Réagissant à la décision sioniste, la direction générale du «Réseau Al Jazeera» (Al Jazeera Network) a condamné la décision, dans un communiqué rendu public dimanche après midi, la qualifiant «d’acte criminel israélien qui viole le droit de l’homme d’accéder à l’information».

«Le gouvernement de Netanyahou a décidé, dans une démarche menée avec tromperie et calomnie, de confirmer l’ordre de fermer les bureaux d’Al Jazeera. Il est ironique que le gouvernement d’occupation ait fermé les bureaux d’Al Jazeera à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Nous condamnons et dénonçons cet acte criminel israélien qui viole le droit de l’homme d’accéder à l’information», lit-on dans le communiqué de la chaine qatarie. Al Jazeera affirme son «droit de continuer à fournir nos services au public dans le monde entier, ce qui est garanti par les conventions internationales», ajoutant que la «répression israélienne de la presse libre pour dissimuler ses crimes en tuant et en arrêtant des journalistes ne nous a pas dissuadé d’accomplir notre devoir».

Al Jazeera rappelle que depuis le début du génocide israélien à Ghaza, «plus de 140 journalistes palestiniens sont tombé en martyrs au service de la vérité».

De son côté, Walid Omary, le directeur du bureau d’Al Jazeera à Al Quds, a affirmé hier qu’il y a eu «plus de 50 attaques israéliennes contre des journalistes d’Al Jazeera depuis le 7 octobre 2023».

Association de la presse étrangère : un «jour sombre pour les médias»

L’Association de la presse étrangère a déclaré hier que «la décision d’Israël de fermer Al Jazeera est un jour sombre pour les médias et la démocratie» et que cet acte «devrait inquiéter tous les partisans d’une presse libre».

De son côté, Tim Dawson, secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), s’est dit «consterné». «C’est une décision complètement rétrograde et ridicule. Fermer les médias, fermer les chaînes de télévision est une sorte de chose que font les despotes », a-t-il déclaré à Al Jazeera depuis Londres.

Dawson a souligné que les journalistes internationaux ont été interdits d’accès à Ghaza dès le premier jour, qualifiant le taux de mortalité parmi les journalistes palestiniens dans l’enclave de «plus que choquant ».

Reporters sans frontières (RSF) a condamné «fermement» la décision israélienne de fermer Al Jazeera qui «vise à la réduire au silence en raison de sa couverture de la guerre contre Ghaza».

Le ministre norvégien des Affaires étrangères a également exprimé sa «profonde préoccupation» par les informations faisant état de l’interdiction d’Al Jazeera par les autorités israéliennes.

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