France, Espagne, Maroc : Attaf met les points sur les i

Chaque pas en avant dans la relation avec l’Algérie est subordonné à des contingences liées à la politique interne de la France

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PAR DJILALI B.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a pour une fois dérogé à la règle qui veut que le diplomate emprunte des détours lorsqu’il aborde les relations bilatérales, notamment en cette conjoncture internationale tendue qui a mis à jour les clivages et les divergences latentes au sein du même bloc. Le cas de la Palestine en est la preuve pour la sphère arabe. Ahmed Attaf a été droit au but lorsqu’il a été interrogé par Khadidja Benguena pour la chaine Al Jazeera sur les relations avec la France et les reports de la visite du président Tebboune en France.

Reconnaissant que cette relation évolue en dents de scie, le chef de la diplomatie algérienne n’ira pas par quatre chemins pour mettre le doigt sur les véritables raisons qui sont à l’origine du report de la visite du chef de l’Etat à Paris. Il a affirmé que ce voyage qui a été l’objet de spéculations est toujours d’actualité et que sa préparation est en cours. Plus clairement, le report de la visite est dû à l’absence de contenu, de dossiers à discuter. Des dossiers, cinq, selon M. Attaf, qui font l’objet de préparation en commun. Il s’agit, a-t-il énuméré, des dossiers de la mémoire, de la mobilité, de la coopération économique et des essais nucléaires. Et M. Attaf de révéler que c’est la partie française qui ne veut faire aucune concession, restant braquée sur ses positions » historiques » sur son passé colonial, refusant d’ailleurs même de faire le geste symbolique de remettre l’épée et le burnous de l’Emir Abdelkader.

Plus grave encore, et qui n’est dans le propos du MAE algérien, la remise sur le tapis de l’accord de 1968 par une partie de la classe politique française et des élus alors qu’officiellement, le dossier est bloqué au niveau des discussions ! Même la création d’un fonds d’investissement de 100 millions de dollars en partenariat n’a pas été acceptée. Cela dénote de l’absence d’une réelle volonté de la France d’aller comme il est prétendu dans son discours ambiant vers un partenariat stratégique et » solder » son passif historique colonial par sa reconnaissance des faits. Ou pire encore, chaque pas en avant dans
la relation avec l’Algérie est subordonné à des contingences liées à sa politique interne. D’où d’ailleurs la pression croissante des interférences qui souvent parasite les tentatives d’apaisement entre Alger et Paris.

Ce qui n’est pas le cas avec la relation avec l’Espagne qui a connu une période de tension, due principalement à la position de son gouvernement sur la question sahraouie. L’Algérie
considère qu’en tant ancienne puissance coloniale, l’Espagne a une responsabilité morale et historique pour s’opposer à la politique marocaine d’occupation de ce territoire. En prenant parti pour l’option marocaine d’autonomie du Sahara occidental, le gouvernement Sanchez a provoqué l’ire d’Alger qui s’est manifestée par la rupture de contact politique et diplomatique. Pour autant, M. Attaf ne considère pas l’Espagne comme un pays ennemi, a-t-il affirmé.

D’ailleurs, a-t-il rappelé, les choses sont rentrées dans l’ordre dès que Madrid a revu sa position sur cette question à travers le dernier discours de Sanchez à l’ONU. Une atmosphère qui n’a nullement été dans l’ambiance de la relation avec le voisin marocain qui n’a pas cessé ses provocations envers l’Algérie au point de rompre ses relations alors que la frontière est fermée depuis 1995. Les tentatives de rapprochement et d’apaisement ont toutes échoué en raison de l’intransigeance du Maroc sur certaines questions alors qu’il n’a répondu à aucune des conditions posées par Alger. Et de citer pour illustrer ce que l’on pourrait appeler une profonde animosité, l’exemple de l’offre algérienne pour aider le royaume après le séisme qui l’a frappé.

« Après la tragédie qui a frappé les frères au Maroc suite au dernier séisme, nous étions parmi les premiers à prendre l’initiative de proposer de l’aide, mais malheureusement, les autorités marocaines n’ont pas accepté cette main tendue « , a indiqué Attaf qui a personnellement joint au téléphone son homologue marocain. Mais Nasser Bourita n’a même pas daigné répondre à cet appel. Ce qui est pour lui significatif d’ » un manque de volonté politique des autorités marocaines « .

Sur la question palestinienne, aujourd’hui victime d’une rare violence avec une population de Ghaza » rasée » par l’armée israélienne, le propos d’Ahmed Attaf est empreint de regret, surtout devant la position disparate des membres de la Ligue arabe. Position qui découle, selon lui, de la normalisation avec l’Etat d’Israël, qui en définitive ne cherche pas la paix avec la Palestine, encore moins la solution à deux Etats. Regrettable régression de la position arabe qui n’a plus aucune influence. Une situation à laquelle l’Algérie appelle à remédier, notamment dans les résolutions du Sommet arabe à Alger.

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