Algérie : Pour une société de Droit dans un Etat de droit

L’Algérie vit et se trouve au début d’une nouvelle ère de son histoire politique et institutionnelle. L’adoption par référendum populaire d’une nouvelle Constitution a exprimé sans détour la volonté du peuple algérien et sa détermination à s’assumer pour construire une société de droit dans un Etat de droit. En organisant et séparant les pouvoirs, la Constitution est aujourd’hui au-dessus de tous, elle est la loi fondamentale qui garantit les droits et les libertés individuels, protège le principe du libre choix du peuple, confère la légitimité à l’exercice des pouvoirs et consacre l’alternance démocratique par la voie d’élections périodiques libres et régulières.

La Constitution du 1er novembre 2020, qui est celle des revendications globales et aspirations du peuple, constitue dans les faits un approfondissement de l’esprit de Novembre 54 qui avait pour finalité ultime, outre l’indépendance, les libertés fondamentales et la justice sociale. En cela, la Loi fondamentale du pays reste au centre de la trajectoire historique et politique de l’Algérie générée et diffusée par le mouvement citoyen du 22 février 2O19. Ainsi, la décision de l’organisation des élections législatives annoncées par le chef de l’Etat pour le 12 juin prochain est le signe et la marque d’une détermination à parachever l’architecture institutionnelle qui interpelle aujourd’hui la transformation de la vie politique, économique et sociale de la nation.

La liberté, la démocratie, la concurrence économique et la compétition politique exigent pour être à la fois viable, fiable, crédible, transparent et surtout durable, le respect et la stricte observance des droits et des libertés de chacun et de tous. Dans cette nouvelle mécanique institutionnelle, politique et sociale, le pouvoir judiciaire se trouve en première ligne pour assurer et assumer l’égalité des citoyens devant la loi et la conformité à la loi de toutes les entités et les acteurs qui font la vie politique, l’activité économique et la trame sociale du pays. Ce qui implique un pouvoir judiciaire adapté aux nouvelles réalités et règles du jeu, outillé en conséquence pour appréhender et traiter de l’étendue et les enjeux de son immense champ d’intervention et de régulation, enfin animé par des hommes de Droit et de droiture, ayant pour seul  » maître  » la Loi et capables de s’élever, par définition, au-dessus des pressions et des influences de toute nature.

Donc un pouvoir judiciaire qui préserve et renforce la démocratie, ses institutions, ses valeurs et son libre exercice. A ce sujet, la volonté politique est de mise à appliquer la Constitution dans sa totalité, cohérence et étendue et que la seule ligne de démarcation sera la Loi, le droit, le devoir pour accélérer la rénovation des pratiques politiques et leur moralisation, le redressement économique dont dépendent la paix sociale, la croissance et le progrès du pays et de la société.

Avec la nouvelle Loi organique portant régime électoral, le paysage politique commence à se transformer, la compétition s’amorce avec bien sûr des imperfections, des dépassements, mais au fur et à mesure, le pays comme la société est condamné à améliorer son degré d’organisation sociale et de représentativité pour permettre au jeu démocratique de se renforcer et de contribuer à la paix socio-politique et non de la remettre en cause, voire en péril. La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. Le chef de l’Etat et le chef d’état-major de l’ANP ont mis en garde ceux qui ne veulent pas admettre ce principe et ses exigences. Un principe qui reste indispensable à la vitalité et la fécondité du débat démocratique autour des idées et des intérêts suprême de la Nation. Débat contradictoire par définition. Une contradiction dont le dépassement, aujourd’hui, doit transiter absolument par la mise en œuvre des lois et du droit que les réformes à venir engendreront et que la magistrature a le devoir et la responsabilité d’approfondir, d’adapter et d’appliquer loin de toute interférence établie par la séparation des pouvoirs inscrite dans la Loi fondamentale du 1er novembre 2O2O.

La justice sociale, outre sa subsistance économique, a aujourd’hui, elle aussi, besoin d’un pouvoir judiciaire insensible aux aléas de la vie politique pour que les droits comme les devoirs de chacun soient prémunis, garantis et défendus face à toutes les tentatives, manipulations et incitations au désordre que les intérêts et les approches politiciens peuvent sécréter et diffuser dans le corps social. Chemin faisant, la nouvelle Algérie a besoin de toutes les potentialités de son capital humain. Le temps est venu de reconstruire le  » Grand corps  » au service de la collectivité nationale et de la Loi et qui font l’instauration et la pérennité d’un Etat fort et moderne, capable de vivre l’alternance en toute sérénité, et de sédimenter l’apport de chacun pour l’émancipation de la société et son bien-être. La Constitution du 1er novembre 2020, se veut dans ces conditions un référent pour l’ensemble du peuple lié par le droit et pour lequel la magistrature se veut un diapason des mutations des esprits et des pratiques qui président désormais à l’animation, l’utilisation et l’organisation des espaces de liberté et donc aussi de responsabilité couverts par la Constitution.

Le Maghreb, 17 mars 2021

Tags : Algérie, Etat de droit, société de droit, liberté, démocratie, concurrence économique, compétition politique,

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