Au Maroc, même la santé du roi est instrumentalisée

Quelle est la maladie du roi du Maroc ? C’est la question qui enflamme tout le royaume de Mohammed, car la santé du monarque est un tabou.

Tout le monde a remarqué les changements survenus sur le corps et le visage du souverain, mais personne n’en parle faute d’informations précises sur le sujet. Jusqu’au jour où le palais est tenté de jouer la transparence à travers des communiqués brefs et flous en vue de justifier les escapades constantes du roi à l’étranger.

Le 26 août 2009, le palais royal annonce, par le biais du médecin personnel du roi, que le souverain a été placé en convalescence pour cinq jours en raison d’une «infection» ne présentant «aucune inquiétude sur sa santé». Le lendemain, «Al Jarida Al Oula», citant une source «médicale anonyme», propose une version sensiblement différente et affirme que «l’origine du rotavirus contracté par le roi serait dû à l’utilisation de corticoïdes contre l’asthme et qui sont responsables du gonflement du corps et de la diminution de l’immunité».

La presse marocaine, dans sa totalité, relaye l’information suscitant un tollé de commentaires qui provoque la colère des conseillers de Mohammed VI qui se lancent contre le directeur de la publication, Ali Anouzla et l’une de ses collaboratrices, Bouchra Edaou, auteur d’un article intitulé «la maladie du roi reporte les causeries religieuses et son déplacement à Casablanca», publié le 27 août 2009. Ils ont été accusés de «délit de publication, avec mauvaise intention, de fausse information, d’allégations et de faits mensongers».

En novembre 2014, le palais royal décide d’utiliser la santé du roi comme arme diplomatique. D’abord pour justifier la décision de Mohammed VI d’annuler sa visite programmée en Chine. La visite officielle du roi en République Populaire de Chine, annoncée lundi 24 novembre à partir du jeudi 27 novembre 2014, est reportée, indique le ministère de la Maison royale, du protocole et de la chancellerie dans un communiqué. Mohammed VI devait rejoindre Pékin pour un séjour d’une durée indéterminée, afin de s’entretenir avec le président chinois Xi Jinping et signer des accords bilatéraux. La raison ? « Un « syndrome grippal avec fièvre à 39,5º compliqué d’une bronchite , selon un communiqué du palais.

Décembre 2014 : Mohamed VI annule ses vacances dans son château de l’Oise, en France. Pour Ahmed Benchemsi, journaliste et fondateur du magazine Tel Quel, Il s’agit « plus vraisemblablement, d’un message « diplomatique » de mécontentement à l’égard de Paris.

Octobre 2015 : Après son arrivée du sommet du Forum Inde-Afrique, un nouveau communiqué de son médecin personnel annonce que le roi a contracté un « syndrome grippal aigu lors de sa récente visite en Inde. Le syndrome « s’est aggravé lors du présent déplacement qu’effectue le souverain à la ville de Laâyoune », précise le communiqué. Suite à l’évolution de ce syndrome « avec atteinte broncho-pulmonaire et oro-pharyngée, et notamment une extinction de voix », le médecin personnel a prescrit la suspension des activités du roi pour une période allant de 10 à 15 jours.

Le 18 janvier 2017 à l’assemblée nationale française, deux députés (Guy Teissier – Les Républicains et Jean Glavany – Parti socialiste), balancent au public que Mohammed VI « est un roi malade » et que « tout le monde sait qu’il est atteint d’une maladie à évolution lente qui est soignée à coups de cortisone ».

Septembre 2017 : Le roi Mohammed VI subit « une intervention chirurgicale au centre hospitalier d’ophtalmologie des Quinze-Vingt à Paris, au service du professeur Jean Philippe Nordmann« , selon un communiqué co-signé par le médecin français et le médecin personnel du souverain. Le communiqué a été publié par l’agence officielle MAP. L’opération porte sur un « ptérygion de l’œil gauche qui s’étend sur la cornée« . « Un repos d’une durée de 15 jours est nécessaire« , ajoute le communiqué.

Février 2018 : Mohammed VI subit une opération chirurgicale après avoir présenté un trouble du rythme cardiaque. Une photo du roi entouré de ses enfants, de son frère et de ses sœurs avait été publiée par le cabinet royal. Encore une fois, la santé du roi est utilisée pour annoncer le bannissement de la princesse Lalla Salma.

Novembre 2018 : Selon le journal espagnol El Mundo, qui cite une source diplomatique, le roi du Maroc est atteint d’une sarcoïdose, une maladie qui affecte ses poumons, ses reins, ses yeux, son coeur et est traitée à la cortisone.

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