Algérie : L’incontournable élection

Dans un discours à la nation , retransmis en direct, par la télévision publique, Abdelkader Bensalah, le chef de l’Etat par intérim, a annoncé que l’élection présidentielle en Algérie aura lieu le jeudi 12 décembre. M. Bensalah, qui a signé le décret pour la convocation du corps électoral, a appelé les Algériens » à contribuer collectivement (…) le 12 décembre prochain, à l’écriture de l’histoire de leur pays et au choix de leur nouveau président « .

Le dirigeant par intérim a » exhorté » les Algériens à » la mobilisation pour faire de ce rendez-vous le point de départ du processus de renouveau de la nation « . Cette date coïncide avec le calendrier exigé par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah.

Devenu l’homme fort et le dirigeant de facto du pays depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, le commandant de l’armée et vice-ministre de la défense avait réclamé début septembre la publication, en date du 15 septembre, du décret de convocation de l’élection présidentielle, ce qui permettrait au scrutin de se tenir avant la fin de l’année. C’est le troisième scrutin présidentiel que le pouvoir algérien tente d’organiser cette année.

Initialement prévue pour le 18 avril 2019, l’élection devait ouvrir la voie au cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avant qu’il ne soit contraint à démissionner. La présidentielle pour élire un successeur, fixée le 4 juillet, avait dû être annulée, aucun candidat ne s’étant déclaré, face à l’ampleur de la contestation.

Depuis une semaine, les autorités ont lancé une course contre la montre pour respecter le calendrier fixé par Ahmed Gaïd Salah, et le pouvoir a précipité les événements dans la journée de dimanche. Ont ainsi été désignés en quelques heures les membres et le président de l’Autorité nationale indépendante des élections après la promulgation par M. Bensalah des nouveaux textes relatifs aux scrutins que les deux chambres du Parlement avaient adoptés sans débat en fin de semaine.

L’ancien ministre de la justice, Mohamed Chorfi, a pris la tête de cette instance électorale chargée de » superviser toutes ses étapes, depuis la convocation du corps électoral jusqu’à l’annonce des résultats préliminaires « .

Dans son allocution, Abdelkader Bensalah n’a pas eu un mot sur le sort de ces détenus, désormais des dizaines. Pas plus qu’il n’a évoqué un éventuel retrait du premier ministre et ancien ministre de l’intérieur, Noureddine Bedoui, nommé par Abdelaziz Bouteflika quelques jours avant son retrait et dont la démission est exigée par les manifestants. Il n’a pas non plus parlé de l’ouverture des médias publics aux contestataires, parmi les mesures dites » d’apaisement » réclamées par une partie de l’opposition comme préalable à une participation à l’élection.

Talaie El-Hourriyet, le parti de l’ex-chef du gouvernement Ali Benflis, l’opposant le plus enclin à se lancer dans la course électorale, a estimé dimanche que les » conditions pour la tenue d’un scrutin présidentiel transparent, régulier et impartial, sont globalement réalisées « , mais que » la création d’un environnement apaisé » restait à garantir. »

Cette élection constituera une occasion sans précédent pour instaurer la confiance dans le pays, et ouvrira, par là même, la voie à notre peuple vers un horizon prometteur en matière de consolidation de la pratique démocratique « , a promis le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. Il ne reste qu’à trouver des candidats.

F.Z

La Tribune des Lecteurs, 16 sept 2019

Tags : Algérie, élections, armée