UMA, un corps sans vie

L’union du Maghreb arabe est une aspiration populaire qui date de l’époque de la lutte contre l’occupation française. C’est une conviction aussi profonde que les liens qui attachent les peuples de la région partagée par les Algériens, les Marocains et les Tunisiens. C’est un rêve qui remonte loin, très loin dans l’histoire, que l’indépendance des pays concernés n’a pas pu réaliser, malgré les bonnes intentions affichées par les dirigeants maghrébins.

Créée officiellement le 17 février 1989 à Marrakech, après une réunion préparatoire, tenue en juin de la même année à Zéralda, et élargie aux Libyens et aux Mauritaniens, l’union des pays du Maghreb a démarré avec un « malentendu » à propos de son appellation, avant de subir de plein fouet les effets des divergences accumulées entre l’Algérie et le Maroc.

Trente après, l’édification d’un ensemble géopolitique homogène et intégré économiquement, reste toujours à faire. Dans les faits, l’UMA est demeurée paralysée en partie par l’affaire du Sahara occidental et son impact lourd de conséquences. Et elle risque de le subsister encore très longtemps, tant que les positions exprimées à Alger et à Rabat concernant cette affaire restent inconciliables.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, deux pays membres de l’UMA, est l’une des frontières les plus surveillées après celle qui sépare les deux « Corée » ! A vrai dire, cette frontière constitue aujourd’hui un sujet de polémique entre Algériens et Marocains. Elle est devenue synonyme de trafic de drogue, au lieu d’ouvrir des perspectives économiques pour les deux peuples, du moins en ce concerne les régions frontalières, qui ont énormément de choses à partager.

En plus de ce problème, il faut ajouter l’attitude peu engagée des Tunisiens, l’effacement des Mauritaniens, qui ont préféré normaliser avec Israël, et la situation chaotique en Libye.

Tous ces facteurs font qu’aujourd’hui, et malgré le fait que l’UMA dispose d’importantes institutions comme une banque maghrébine implantée à Tunis, une union douanière, des traités de non double imposition, des traités dans le secteur du Commerce, du Transport, de la Culture, le Maghreb en tant qu’entité politique et économique, qui pourrait faire de cet ensemble, une puissance régionale par excellence, demeure une illusion d’optique.

Le Maghreb est la seule région au monde où les échanges commerciaux entre les pays de cette région sont presque nuls ! Et pourtant, le Maghreb, avec son formidable potentiel agricole, renferme près de 3% des réserves mondiales en pétrole, 4% des réserves en gaz naturel et 50% des réserves prouvées en phosphate.

En dépit de ses ressources inestimables, le Maghreb continue de faire l’actualité à travers ses centaines de « harraga » qui tentent chaque jour de rejoindre la rive nord de la Méditerranée !

L’Est Républicain

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