Lexception algérienne

SYRIE, ARABIE SAOUDITE, LIBYE, SAHARA OCCIDENTAL :Lexception algérienne
A travers ses choix stratégiques en matière de politique extérieure, lAlgérie se démarque aujourdhui officiellement du reste des pays arabes et particulièrement ceux des monarchies du Golfe, engagées dans des manSuvres évidentes pour sassurer de leur suprématie dans le monde arabo-musulman.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Ce constat a été notamment établi à la faveur des évènements qui ont frappé la péninsule Arabique à la suite du déclenchement de la guerre du Golfe. 
Conscient des enjeux géo-stratégiques qui allaient découler de la destruction de lIrak par les Américains, le royaume saoudien a vite entrepris de rassembler autour de lui tous les constituants de la Oumma musulmane. 
Les faits les plus récents et les plus évidents surtout ont été particulièrement constatés lors de sa recherche de légitimation de linvasion du Yémen, la lutte enclenchée pour la chute du régime dEl-Kaddafi et celle en cours pour la destitution de Bachar El-Assad. 
Pour confirmer davantage sa position de leadership, lArabie Saoudite a enclenché y compris une opération pour la mise sur pied dune espèce dOTAN sunnite, une organisation axée sur la lutte antiterroriste qui englobe la majorité des pays arabes et ceux de confession musulmane. Excepté lAlgérie, seul pays décidé à maintenir lindépendance de sa diplomatie et faire prévaloir sa propre vision en matière de politique extérieure. 
Après avoir refusé de sallier aux positions de lArabie Saoudite pour linvasion du Yémen, Alger sest démarquée du projet de création de lorganisation arabe contre le terrorisme qui sest vu ainsi privée dun allié de taille connu pour son expérience en matière de lutte contre le terrorisme. La même attitude a été adoptée lorsquil sest agi de classer le Hezbollah parmi les groupes terroristes.
A travers son ministère des Affaires étrangères, Alger a fait savoir quelle refusait de sinscrire dans la logique de la Ligue arabe, estimant que la décision revenait aux Libanais eux-mêmes, dune part, et quil fallait, dautre part, prendre en considération le fait que le Hezbollah avait de profonds liens et prolongements au sein de la société libanaise.
La démarcation de lAlgérie a cependant été perçue de manière beaucoup plus intense à travers lofficialisation de son soutien à la Syrie. Ce qui nétait quun constat de position officieuse sest confirmé dabord avec laudience accordée par le président de la République au ministre syrien des Affaires étrangères, récemment en visite à Alger, puis à travers le message de soutien adressé par Bouteflika à Bachar El-Assad lors de la célébration de la fête de lindépendance de la Syrie. 
Lévènement a été suivi quelques semaines plus tard par un déplacement officiel de M. Messahel à Damas, pour une visite de travail dans le cadre de la 2e session du Comité de suivi algéro-syrien. La première session de ce comité, doit-on le rappeler, sétait tenue en juillet 2009 à Alger. 
De la même manière, M. Messahel a effectué dernièrement un déplacement à Tripoli où il a annoncé la réouverture prochaine de lambassade dAlgérie, fermée suite à lattentat à la bombe qui lavait ciblée en janvier 2015, provoquant la mort de trois personnes. Ce déplacement sur le terrain de prédilection des monarchies du Golfe, le Quatar surtout, est le premier queffectue un responsable arabe en Libye depuis la formation du gouvernement dunion nationale.
Il ne faut pas oublier surtout que les choix stratégiques de lAlgérie lont engagée dans un travail profond pour laffirmation de lautodétermination du peuple sahraoui en accusant, pour la première fois publiquement, la France dentraver les accords ONU-OUA en faveur de lindépendance des Sahraouis à travers son soutien au Maroc. 
Pour certains spécialistes, cette position, essentiellement axée sur le principe de non-ingérence et de respect dindépendance des nations, confère aujourdhui à lAlgérie une position particulière qui lui a notamment permis dêtre épargnée jusquà lheure par le Printemps arabe, en dépit des graves difficultés politiques et économiques que traverse le pays. 
Ce qui fait écrire à des journalistes russes, observateurs de la scène internationale, que lAlgérie ressemble aujourdhui au «dernier faucon arabe».
A. C.

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