Le Maroc expulse des juristes étrangers

Les avocats français qui se sont dit «profondément choqués» par ce comportement propre aux pays totalitaires ont condamné «fermement l’utilisation de telles pratiques par les autorités marocaines».
Pendant combien de temps encore le pouvoir marocain compte-t-il cacher les violences qu’il fait subir aux détenus politiques sahraouis qui militent pour l’indépendance de leur pays? La pratique de la torture n’étant désormais qu’un secret de Polichinelle, les organisations internationales des droits de l’homme l’ont maintes fois dénoncée. «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalent à la torture soient commis à l’occasion d’événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations, perçues comme une menace à la sécurité nationale», avait déclaré Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies sur la torture, à l’issue de la visite qu’il avait effectuée au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012. Rien de nouveau à l’horizon depuis.
Les prisonniers politiques, les militants des droits de l’homme sahraouis, croupissent dans les geôles du royaume, injustement condamnés lors de procès iniques après avoir subi d’atroces tortures. Ceux de Gdeim Izik, symbole de la résistance sahraouie, paient encore aujourd’hui un lourd tribut. La chape de plomb est renforcée pour «isoler les Sahraouis» et les empêcher de faire connaître leurs «légitimes revendications». Une délégation a été envoyée par le collectif international de juristes, pour les soutenir, s’enquérir de leur situation lamentable et de leur condition insoutenable d’incarcération.
«Mercredi 6 avril Ndlr), à 18 heures (heure marocaine), Me Ingrid Metton, avocate française, Eric David, professeur de droit international belge, Jesus Maria Martin Morillo, magistrat espagnol ainsi que Me Maria Nieves Cubas Armas, Me Juan Carlos Gomez Justo et Me Altamira Guelbenzu Gonzalo, trois avocats espagnols, ont été arrêtés par la police marocaine à leur hôtel», a déclaré Régine Villemont, présidente de l’Association des amis de la République sahraouie (Rasd).
Les autorités marocaines ont procédé illico presto à leur expulsion. provoquant l’indignation du barreau de Paris. Les avocats français qui se sont dit «profondément choqués» par ce comportement propre aux pays totalitaires ont condamné «fermement l’utilisation de telles pratiques par les autorités marocaines».
«Le barreau de Paris est profondément choqué par l’expulsion mercredi 6 avril d’Ingrid Metton, avocate au barreau de Paris, membre d’un collectif de juristes et d’avocats français, espagnols et belges, venus défendre une vingtaine de prisonniers sahraouis.», peut-on lire sur le site des avocats parisiens qui ont tenu à préciser l’objectif de la mission des juristes renvoyés manu militari du sol marocain.
«Ce déplacement avait pour objet les conditions de détention particulièrement difficiles de détenus sahraouis condamnés, dans le cadre du procès Gdeim Izik de février 2013, à de très lourdes peines de prison. Certains de ces détenus sont en grève de la faim depuis le 1er mars 2016», souligne le communiqué du barreau de Paris qui a dénoncé les conditions de l’interpellation qui ont conduit à l’expulsion de leurs confrères. «Interpellés à leur hôtel, les membres du collectif seront retenus 4h30 au commissariat de Rabat sans pouvoir informer leurs autorités consulaires respectives, contacter un avocat ou tout simplement connaître le motif de leur interpellation. Il semblerait que pendant ce laps de temps, leurs téléphones portables et ordinateurs aient été fouillés», ont-ils spécifié. Que s’est-il passé ensuite? «Ils ont été expulsés du Maroc dès le lendemain en l’absence de tout avis officiel», ont déploré les avocats du barreau de Paris. Le Maroc n’est sans doute pas au bout de ses peines.

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