Alger-Paris : Discorde passagère et 26 accords pour l’avenir

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a qualifié les relations algéro-françaises d’« exceptionnelles » sur le plan politique.
Intervenant hier lors d’une conférence de presse conjointement animée avec son homologue français Manuel Valls, au terme des travaux de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) algéro-français, M. Sellal a expliqué que cette excellence des relations est perceptible dans une multitude de domaines, à l’instar de la sécurité. « Le terrorisme est un fléau qui affecte aujourd’hui les civilisations, nos civilisations », a indiqué M. Sellal, selon lequel « l’Algérie a toujours lutté contre le terrorisme, sans toutefois faire d’amalgame entre le terrorisme et l’Islam ». « Il n’y a pas de relation ou de lien entre l’Islam et le terrorisme. Nous devons tous coopérer pour lutter contre ce fléau, nous devons encourager les pays à adopter des plans et des projets pour restaurer la sécurité et lutter contre la haine, car c’est la haine qui nourrit le terrorisme et les terroristes »,a-t-il précisé. 
Sur la sécurité régionale, M. Sellal a expliqué que « nous avons constaté que nous avions la même vision ainsi que la même analyse des choses en ce qui concerne la situation sécuritaire dans les pays voisins », tout en soutenant que « la France a enregistré avec satisfaction le rôle que joue l’Algérie pour la restauration de la sécurité dans les pays du Sahel ». Qualifiant les discussions avec son homologue français de « claires et extrêmement franches » tant dans le domaine politique, sécuritaire que des relations bilatérales, M. Sellal n’a pas manqué d’évoquer la question du Sahara occidental : « Nous avons également abordé le sujet du Sahara occidental et nous avons réaffirmé la position algérienne à cet égard, à savoir la légalité internationale, où l’Algérie, à l’instar de la majorité de la communauté internationale, soutient un règlement juste et durable du conflit du Sahara occidental, basé sur une solution politique mutuellement acceptable devant permettre à ce peuple d’exercer son droit à l’autodétermination, conformément aux résolutions de l’Union africaine ainsi qu’aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies. » M. Sellal, qui insistera sur « le drame que vit le peuple sahraoui, empêché depuis plus de quarante années de décider librement de son destin », n’a pas manqué de soutenir que « nous avons également constaté une certaine compréhension de la part de la France de la position algérienne à ce sujet ».
Certains essayent de troubler le climat entre les deux pays
Abordant les relations bilatérales entre les deux pays, M. Sellal a estimé qu’elles ont enregistré depuis la fin 2012 « un saut qualitatif extrêmement important », avant de préciser qu’il y a « une très grande compréhension entre les deux pays et une détermination à travailler ensemble ». Manuel Valls a salué la vision commune du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et de son homologue français, François Hollande, qui ont « donné un ton exceptionnel » à la relation entre les deux pays. « Rien ne doit entraver cette relation », a-t-il martelé, avant d’adresser une mise en garde : « Il y a des forces qui veulent nuire à la relation, sachez-le », sans toutefois donner plus de précisions à ce propos. Abdelmalek Sellal, de son côté, a lancé sur le ton de la plaisanterie qu’« entre l’Algérie et la France, c’est toujours un grand ciel bleu », avant d’enchaîner que « le peuple et le gouvernement algériens, sous la direction du président de la République, sont engagés dans cette relation bilatérale dans l’intérêt des deux pays. Nous voulons continuer pour améliorer les choses ». Il fera remarquer que le CIHN « est un cadre mis en place à la faveur de la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre l’Algérie et la France, signée en décembre 2012 par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et son homologue français, François Hollande, à l’issue de la visite d’Etat en Algérie de ce dernier ». Par ailleurs, l’Algérie et la France ont signé hier au total 26 accords de coopération dans une multitude de domaines. C’est ainsi qu’il a été question, à titre d’exemple, d’accords de coopération dans les domaines de la justice, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et des assurances sociales.
Le Monde a porté atteinte à l’honneur du président de la République
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a évoqué les raisons du refus de l’octroi des visas à des journalistes français du journal Le Monde. « Cette décision a été prise, car tout simplement, un journal respecté et respectable s’est permis de porter atteinte à l’honneur et au prestige de l’une des plus importantes institutions de ce pays gratuitement, car l’information était fausse et infondée », a lancé tout de go M. Sellal à une question d’un journaliste qui a dénoncé cette décision et a tenu à exprimer sa solidarité avec ses collègues. Aux yeux de M. Sellal, ce journal a « porté atteinte à un symbole de ce pays, qui est le président de la République, connu pour avoir été tout jeune un des plus grands combattants pour le retour de l’indépendance du pays et qui est connu, après l’indépendance, pour avoir donné toute sa vie pour son pays », a-t-il ajouté, précisant qu’« aucun Algérien n’acceptera de voir vilipender ainsi son président de la République ». « Porter ainsi préjudice au prestige d’une haute personnalité est une forme de haine », a-t-il indiqué. Manuel Valls n’a pas manqué d’intervenir pour, à son tour, assurer le président Bouteflika de son « profond respect, affection et soutien ». « Il y a bien une liberté. Et vous comme moi sommes les victimes, ou du moins les cibles de cette liberté de ton », a-t-il lancé, avant de préciser : « J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mes regrets. Les messages sont passés, tournons-nous vers l’avenir. » 

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