La guerre du kif

Les quantités de drogue saisies par l’Armée nationale populaire, ces dernières semaines, montrent qu’une véritable guerre est menée contre l’Algérie par les dealers du Maroc. Les années précédentes, les quantités découvertes se comptaient par kilogrammes. Ces deux dernières années, c’est par quintaux et à bord de camions que les dealers ont décidé de noyer les pays du Maghreb et du Sahel de leurs produits de la mort. La situation trouble et l’instabilité qui règnent dans les pays de la région ne laissent aucun doute sur les jonctions faites entre trafiquants de drogue et groupes terroristes. Les uns alimentant les autres pour pouvoir sévir en toute impunité.
L’attitude de laisser-aller et de laisser-faire de la part des pouvoirs publics marocains aggravent la situation. Elle est peut-être également entretenue pour permettre à nos voisins de l’Ouest de pouvoir jouir de revenus en ces temps de crise économique et de chômage. En tolérant ce trafic, le gouvernement marocain se rend coupable de complicité de trafic de drogue. Il est évident que personne ne pourra déposer plainte contre un gouvernement qui ne fait pas son travail. Mais cela rend plus difficile ses relations avec les pays qui subissent cette agression.
Les observateurs se posent la question si les frontières avec notre pays étaient ouvertes, quelles seraient les quantités de drogue qui transiteraient pour atteindre les groupes terroristes et ainsi leur permettre d’acquérir des armes et semer mort et destruction. Cette attitude pour le moins inamicale, langage diplomatique oblige, est intolérable pour les parents et les victimes.
Elle est d’autant plus inamicale qu’elle détourne les forces de sécurité de leur rôle premier, à savoir la lutte contre le terrorisme. Le Maroc, sur ce terrain, ne peut affirmer lutter contre le terrorisme lorsqu’il alimente les groupes armés en produits leurs permettant de renforcer leur puissance de feu.
Il est clair que de ce côté de la frontière des complicités existent. L’appât du gain facile fait souvent oublier que l’on commet crimes et délits. Au-delà de la question déjà épineuse de santé publique que pose la consommation de drogue, c’est l’utilisation des fonds obtenus qui pose question. La criminalisation du trafic et de la consommation de drogue ne semble pas suffire pour contenir ce phénomène.
En réalité et au regard des quantités saisies, il s’agit d’une véritable guerre de la drogue qui est menée. Il faut donc mobiliser tous les moyens humains et matériels pour endiguer le phénomène. Cette mafia de la drogue associée aux groupes terroristes doit également avoir des liens avec celle de la contrebande de produits en tout genre. Les derniers amendements introduits dans le Code pénal seront-ils suffisants pour réduire ce trafic ? Rien n’est moins sûr tant qu’il sera plus facile d’avoir de gros revenus en s’adonnant à de «petits trafics» qu’en investissant ou qu’en travaillant la terre.
La consommation de drogue dans la région a dû exploser avec la crise financière. Les Marocains ayant plus de facilité à commercialiser le kif que les produits agricoles. Dans des cas pareils, les Nations unies devraient pouvoir se doter d’instruments de sanctions envers les Etats narcotrafiquants ou qui ne mettent pas assez de moyens pour lutter contre les dealers de drogue. Des sanctions émanant de la communauté internationale feraient réfléchir des pays comme le Maroc ou l’Afghanistan. Elles les pousseraient peut-être à lutter de manière plus efficiente contre ce fléau qu’ils exportent dans une nouvelle sorte de guerre contre les populations des pays voisins. Il serait, en effet, grand temps que ces pays là soient mis au banc des accusés.
Amine Echikr

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