La démocratie à la carte

Par Abdelkrim Ghezali
Les puissances occidentales ne cessent d’étonner le monde avec leur attitude ambiguë et bicéphale sur la démocratie. On fait pression à tout va. En Syrie on pleure le peuple victime d’un dictateur sanguinaire, en Grèce on pleure des pertes de bénéfices et d’intérêts colossaux sans se soucier du quotidien d’un peuple qui croule sous la dictature d’un capitalisme sans merci, en Palestine, on demande à un peuple de faire plus de concessions à un allié au risque de vider la Palestine et son rêve de tout leur sens. Quant au Sahara occidental, c’est l’oublié des chantres de la démocratie, des droit de l’Homme et de la décolonisation. Les tortures et les atteintes aux droits de l’Homme dans le Bahreïn, ne semblent pas déranger la conscience de l’Occident qui s’en accommode allégrement ! La famine, les maladies, l’analphabétisme, la soif et la misère dans différents pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine préoccupent moins les maîtres du monde que la situation politique en Syrie et le choix souverain du peuple grec. Ces derniers n’ont surtout pas intérêt à voter pour des partis qui remettent en cause les injonctions de Bruxelles au risque de se voir exclus de la cour des grands. 
Les affamés du monde on en parle au G8, au G20, à Davos, mais juste pour avoir bonne conscience. La réalité sur le terrain est tout autre. On se souvient de la décision courageuse de l’Afrique du Sud de produire la trithérapie et de la distribuer gratuitement aux malades du Sida et de la réaction violente des laboratoires occidentaux qui ont mené pendant des mois une guerre implacable contre les autorités sud-africaines qui ont osé toucher à la sacro-sainte règle de la libre entreprise. Le libéralisme a toujours avancé sur les cadavres humains. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va s’humaniser et accepter le droit à la différence et la souveraineté des peuples. 
La démocratie est devenue une nouvelle forme de prosélytisme des «valeurs universelles» concomitantes avec le libéralisme économique. Si l’Occident avait défendu avec le même engagement le droit inaliénable du peuple palestinien à un Etat national, on aurait applaudi le même Occident dans sa guerre contre tous les dictateurs. Mais en Palestine, il n’y a pas de pétrole, il n’y a pas de gaz, il n’y a pas de richesses naturelles comme en Irak, en Libye. Si l’Occident avait dénoncé toutes les dictatures sans distinction, y compris celles des pays du Golfe où la femme n’a aucun droit à part celui d’être soumise entièrement à la volonté de l’homme, on aurait soutenu l’isolement international de la Syrie. Mais la politique a des raisons que la raison ne peut comprendre et les voix de l’Occident sont impénétrables. Les puissances occidentales font et défont le monde en fonction de leurs intérêts géostratégiques sous couvert de valeurs justes.

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