Frontalière avec l’Algérie sur plus de 400 kilomètres, elle reste l’un des rares alliés stables de ce côté du désert. Nouakchott entretient des liens sécuritaires étroits avec Alger – échanges d’informations antiterroristes, coopération frontalière contre les trafics – et, surtout, refuse obstinément de reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental.
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Dans les sables mouvants de la géopolitique sahélienne, où les alliances se font et se défont plus vite qu’un mirage au lever du soleil, la Mauritanie émerge comme une pièce inattendue sur l’échiquier nord-africain. Sous la présidence de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ce pays discret, souvent relégué aux marges des cartes diplomatiques, tient bon. Mais pour combien de temps ? Les rumeurs, ces vents chauds du désert, murmurent un scénario glaçant : un coup ourdi préparé dans les couloirs feutrés de Rabat et orchestré par les ombres du Mossad. Objectif ? Boucler le cercle, isoler l’Algérie de son hinterland africain, et forcer Nouakchott à plier bagage sur le dossier brûlant du Sahara occidental.
Rappelons les faits – ou du moins, ce qui en tient lieu dans ce théâtre d’ombres. L’Algérie, bastion du non-alignement et soutien historique au Front Polisario, se trouve déjà obligée de se batailler sur plusieurs fronts. Au sud de la Libye, les forces de Khalifa Haftar, ce seigneur de guerre qui règne en maître sur l’est et le sud du pays, entretiennent des relations pour le moins frisantes avec Alger. Les accusations de soutien logistique aux djihadistes au Sahel n’ont pas aidé, et les échanges commerciaux, autrefois florissants, se tarissent comme une oasis asséchée. Plus au sud encore, l’Alliance des États du Sahel (AES) – ce bloc naissant regroupant Mali, Burkina Faso et Niger – a tourné le dos à l’Algérie. Ces juntes militaires, nourries au lait des putschs et des promesses russes, voient en Alger un vestige d’un panafricanisme « occidental » qu’elles rejettent. Les frontières se ferment, les routes caravanières se muent en lignes de fracture. L’Algérie, ce géant gazier, risque l’encerclement stratégique.
Et c’est là que la Mauritanie entre en scène, comme un rempart improbable. Frontalière avec l’Algérie sur plus de 400 kilomètres, elle reste l’un des rares alliés stables de ce côté du désert. Nouakchott entretient des liens sécuritaires étroits avec Alger – échanges d’informations antiterroristes, coopération frontalière contre les trafics – et, surtout, refuse obstinément de reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental. Sous El Ghazouani, élu en 2019 et réélu en 2024 avec une majorité confortable, la position mauritanienne est claire : neutralité bienveillante, mais pas d’allégeance. Rabat voit en cette abstention un affront personnel. Le Maroc, se sentant renforcé par son retour au sein de l’Union africaine et par ses alliances avec l’entité sioniste, ne tolère plus ces demi-teintes.
Imaginez la carte : avec la Mauritanie dans la poche, l’encerclement serait parfait. Le Maroc contrôlerait la façade atlantique, Haftar verrouillerait le flanc libyen, et l’AES scellerait le sud. L’Algérie, ce colosse, se retrouverait isolée, ses pipelines gaziers vulnérables et son influence au Maghreb érodée. C’est une vision digne d’un thriller de John le Carré, mais ancrée dans la realpolitik impitoyable de la région.
La Mauritanie n’est pas seulement un pays ; c’est la clé de voûte d’un équilibre précaire. Si elle bascule, l’Algérie pourrait bien se retrouver seule face au vide. Et nous, observateurs impuissants, nous contenterons de chroniquer les dunes qui s’effondrent. Espérons que Nouakchott tienne, pour que le désert ne devienne pas un champ de bataille.
Charef Slamani
Source : Reflexion.dz, 04/12/2025
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