En conclusion, Boualem Sansal ne parlerait pas pour revenir en Algérie, il parlerait pour exister. Son utilité politique repose désormais sur sa capacité à « forcer un moment, une tension, une réaction. » Ce n’est pas un retour, c’est avant tout une mise en scène stratégique.
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La récente déclaration de l’écrivain Boualem Sansal, affirmant son intention de « retourner en Algérie dans les prochains jours », n’est pas un simple projet personnel, mais une manœuvre de pression médiatique et politique finement orchestrée. Loin d’être l’expression d’un désir innocent, cette annonce s’inscrit dans une stratégie narrative visant à reprendre le contrôle de son propre récit et à s’assurer une pertinence politique et médiatique sur la scène internationale.
Une Stratégie en Quatre Points : Le Rôle du « Juste »
Selon plusieurs analystes, la déclaration de Sansal s’apparente à un coup de poker narratif dont l’objectif principal est de s’ériger en figure incontournable d’un combat moral. Ce « retour » s’articule autour de quatre objectifs stratégiques :
–Se forger l’image du “juste qui défie l’État Algérien” : En déclarant publiquement son intention de revenir malgré les risques, Sansal se positionne en martyr courageux, prêt à affronter un pouvoir qu’il critique. Le message est clair : « Je veux revenir, je n’ai pas peur. »
–Tester la Réaction Française : L’écrivain met Paris sous pression, cherchant à évaluer le niveau de soutien du gouvernement français. Il cherche à savoir si la France serait prête à garantir sa liberté de mouvement, et si le Président Macron « oserait soutenir son départ » dans un contexte diplomatique tendu.
–Endosser le rôle du “méchant” à l’Algérie : Si, comme la jurisprudence le suggère, l’Algérie refuse son retour – une réponse jugée « normale juridiquement » – Sansal pourra immédiatement crier à la persécution : « Vous voyez ? Ils me punissent encore ! »
–Transformer le dossier en Combat Moral : Quel que soit le dénouement, Sansal gagne sa narration. S’il est arrêté, il redevient une « cause mondiale ». S’il n’est pas inquiété, il devient un « héros ». Dans les deux cas, il relance le récit médiatique et se pose en victime courageuse et en symbole politique.
L’Impératif de Revenir pour Exister
La nécessité de ce geste provocateur est perçue comme vitale pour l’écrivain. S’il choisissait de demeurer à Paris, Boualem Sansal risquerait de s’effacer, de devenir un « écrivain marginal, sans utilité politique, sans intérêt médiatique, hors de tout enjeu diplomatique, condamné à disparaître des radars. »
Le retour en Algérie, même impossible, est donc un outil. Il permet de créer un « moment », d’imposer un dilemme à l’État algérien, et de redevenir « indispensable dans le narratif français ». L’objectif est de générer une DEUXIÈME « Affaire Sansal », prouvant qu’il ne s’agit pas d’une quête personnelle, mais d’un « calcul narratif pur ».
Reprendre le Contrôle du Récit
Le moment choisi pour cette déclaration n’est pas non plus anodin. Intervenant après un « transfert » où l’Allemagne aurait géré les enjeux sans impliquer la France, Sansal se serait retrouvé marginalisé, sentant que « la narration ne lui appartient plus ».
Sa phrase choc – « Je vais rentrer la semaine prochaine. » – est donc un acte symbolique, une tentative calculée de reprendre le contrôle de son histoire. C’est une manière de redevenir le centre de l’attention et de s’insérer de force dans les discussions entre Paris et Alger.
L’Impossible Juridique et la Mise en Scène
L’annonce de Sansal est jugée « irréaliste, impossible juridiquement, insincère, provocatrice, manipulatoire, et totalement déconnectée de la réalité du droit. »
La vérité du dossier est simple : un retour en Algérie nécessite un accord formel de l’État algérien, impliquant potentiellement une demande officielle de la France. Un tel geste, hautement sensible, est considéré comme un risque qu’« aucun gouvernement français n’osera faire. »
En conclusion, Boualem Sansal ne parlerait pas pour revenir, il parlerait pour exister. Son utilité politique repose désormais sur sa capacité à « forcer un moment, une tension, une réaction. » Ce n’est pas un retour, c’est avant tout une mise en scène stratégique.
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