Comparer l’Algérie à un État ultrarépressif et fermé comme la Corée du Nord n’a rien d’une critique argumentée. C’est une caricature destinée à humilier, à frapper l’opinion, à suggérer que rien de ce qui se passe en Algérie n’est digne, sérieux ou légitime.
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Lorsqu’un ancien ambassadeur de France en Algérie affirme que « le régime algérien est la Corée du Nord à 800 km de Marseille », il ne s’agit ni d’un dérapage ni d’une maladresse. C’est un geste politique. Une phrase calibrée, pensée pour provoquer, influencer l’opinion et installer un récit dévalorisant. Et même si le mot employé vise officiellement “le régime”, chacun sait qu’une comparaison aussi extrême finit, dans l’imaginaire collectif, par englober tout un pays, tout un peuple.
Car derrière ce type de formulation, il n’y a pas une analyse : il y a une vision idéologique. Un héritage politique qui parle à sa place
Ce discours ne surgit pas dans le vide. Il est le produit d’un milieu politique précis : celui qui regarde encore l’Algérie avec des lunettes coloniales, qui n’a jamais digéré sa souveraineté, qui confond la diplomatie avec le ressentiment.
Un certain courant, en France, a fait de l’Algérie une obsession permanente. Pas pour la comprendre, mais pour la réduire. Pas pour l’analyser, mais pour la mettre à sa place — leur place, pas la sienne.
Dans cette logique, toute réussite algérienne devient un problème, toute indépendance une provocation, toute affirmation souveraine une menace symbolique.
Critiquer un État, oui. Mépriser un peuple, non. N’importe quel pays peut être critiqué. Les décisions d’un gouvernement, les orientations politiques, les tensions internes : tout cela relève du débat légitime.
Mais comparer l’Algérie à un État ultrarépressif et fermé comme la Corée du Nord n’a rien d’une critique argumentée. C’est une caricature destinée à humilier, à frapper l’opinion, à suggérer que rien de ce qui se passe en Algérie n’est digne, sérieux ou légitime. C’est une stratégie qui vise à discréditer toute expression politique algérienne, qu’elle soit officielle ou populaire.
Une “audace” très sélective
Il est fascinant de constater que ceux qui osent traiter l’Algérie de “Corée du Nord” deviennent subitement silencieux lorsqu’il s’agit de pays réellement puissants, réellement stratégiques, et parfois réellement autoritaires. ISRAËL
Face à eux, plus de bravade, plus de phrases choc. On baisse les yeux, on mesure ses mots, on reste prudent. Mais pour parler de l’Algérie ? Là, l’assurance revient. Parce qu’ils pensent que c’est sans conséquence. Parce qu’ils se persuadent que cela ne coûte rien.
Mais ils commettent une erreur historique : l’Algérie n’a jamais été un pays qu’on intimide avec des métaphores insultantes.
Une obsession qui en dit long
Il faut l’admettre : ce genre de phrase ne dit rien sur l’Algérie.
Elle dit tout sur celui qui la prononce.
Elle révèle un malaise hérité du passé.
Elle témoigne d’une blessure non assumée, d’un rapport contrarié à un pays qui a refusé de rester dans le rôle assigné.
Elle expose une incapacité à traiter l’Algérie comme un partenaire souverain plutôt que comme un fantôme du passé.
Et ceux qui rient autour, ceux qui applaudissent la formule facile ?
Ils ne rient pas de l’Algérie.
Ils rient pour masquer une perte : perte d’influence, perte de contrôle du récit, perte d’un certain pouvoir symbolique.
L’Algérie n’a jamais tremblé sous la caricature
L’histoire l’a montré :
l’Algérie a survécu à un empire colonial, à une guerre d’indépendance, à une décennie noire, à des pressions internationales multiples.
Ce n’est pas une comparaison grotesque sur un plateau télé qui la déstabilisera.
À chaque attaque extérieure, le réflexe est le même : le pays se resserre, se recentre, se solidifie.
Ils imaginent créer du doute.
Ils créent de la cohésion.
Ils imaginent affaiblir.
Ils renforcent.
L’Algérie n’a pas besoin d’être aimée — elle a besoin d’être respectée
L’Algérie ne cherche pas la validation.
Elle n’a pas besoin du regard approbateur de ceux qui la méprisent.
Elle n’a pas à plaire, ni à rassurer ceux qui espèrent encore la voir vaciller.
Ce pays existe par sa propre histoire, sa propre volonté, sa propre trajectoire.
Et ceux qui pensent que des phrases choc peuvent la résumer ou l’atteindre se trompent d’époque.
On peut critiquer l’État.
On peut débattre des choix politiques.
Mais on ne défigure pas un peuple pour régler ses comptes avec l’Histoire.
Et surtout :
l’Algérie n’a jamais demandé la permission d’exister — et ne commencera pas aujourd’hui.
Un conseil : à votre âge, 71 ans, il vaudrait mieux aller à l’église et prier pour le peu qu’il vous reste à vivre.
تربح
MH