Maroc : Mohamed VI, un roi très malade (presse espagnole)

Morocco King Mohammed VI poor health no longer allows him to oversee daily affairs in his kingdom. His main advisor, Fouad Ali El Himma, already a key figure, has become even more important. El Himma, 61, effectively acts as Morocco’s viceroy and was also ill but successfully treated in the U.S.

La santé du monarque marocain s’est brusquement détériorée. Il souffre d’une maladie pulmonaire obstructive chronique. Sa faiblesse l’a conduit à réduire encore plus son activité, déjà peu intense.

À la fin de l’allocution, son fils, le prince Moulay Hassan, retire la chaise sur laquelle son père était assis pour que Mohamed VI se lève sans encombre. Le roi du Maroc a eu du mal à rester debout, droit, tandis que retentissait l’hymne national du pays avant et après son discours annuel du Trône, le 29 juillet dernier.

Ces images s’ajoutent à d’autres plus récentes où le monarque, âgé de 61 ans, semble très affaibli. Il apparaît abattu lorsqu’il décore, le 14 juillet, dans son palais de Tétouan, l’athlète Soufiane El Bakkali, médaille d’or aux Jeux Olympiques de Paris. L’audience fut très brève, et les images diffusées à la télévision ont été soigneusement éditées pour tenter de le montrer sous son meilleur jour.

La télévision n’a cependant pas pu éditer le discours royal, retransmis en direct, avec lequel fut inaugurée la session d’automne du Parlement ce vendredi. Elle a toutefois évité de filmer le roi lorsqu’il se levait de son siège. À ce moment-là, et à bien d’autres, les caméras se sont attardées sur l’hémicycle, montrant tous les députés vêtus de djellabas blanches, une couleur qui incarne le respect et la soumission à la monarchie.

Mohamed VI n’a jamais été un grand orateur, mais cette allocution a été l’une des plus pénibles. En seulement neuf minutes, il a lu, d’une voix tremblante et monocorde, un texte sans jamais lever les yeux. Il respirait avec une certaine difficulté. En route vers le Parlement, un jeune de 25 ans a lancé un cocktail Molotov sur le cortège royal, sans causer de dommages. Il a été immédiatement arrêté.
Au-delà de ces épisodes, que les Marocains ont pu voir et dont beaucoup parlent, d’autres informations non publiques révèlent la détérioration de la santé du souverain alaouite. La beïa, le serment annuel de loyauté des notables au souverain, a eu lieu en plein air à Tétouan le 31 juillet, mais a été réduite à seulement 17 minutes. Autrefois, la cérémonie était beaucoup plus longue.

Les vacances d’été du monarque à Rincón (M’diq pour les Marocains) ont été interrompues par quelques voyages de quelques heures à Rabat, à bord de son avion B747, pour recevoir des soins à l’hôpital militaire Mohamed V.

Mohamed VI souffre depuis des années de la maladie de Hashimoto, un trouble auto-immun qui peut entraîner l’hypothyroïdie, et de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) qui réduit le flux d’air et provoque des difficultés respiratoires. Bien que le monarque ne fume plus, cette dernière affection, la plus grave, s’est aggravée cette dernière année, selon des sources proches de son état de santé.

Par ailleurs, le roi a déjà subi deux opérations : la première à Paris en 2018 et la seconde à Rabat en 2020, pour des flutter auriculaires, une forme d’arythmie cardiaque. Dans les deux cas, la Maison Royale a informé a posteriori du succès des interventions. Mais concernant son état de santé actuel, elle reste silencieuse.

Comme les autres années, Mohamed VI prévoyait de passer une partie de l’été à Al Hoceima, où il serait probablement arrivé en naviguant depuis Rincón à bord de son voilier Badis 1. Fatigué, il a renoncé à ce plan, tout comme il a renoncé à effectuer un voyage privé à New York, selon des sources informées de ses projets de vacances.

En revanche, il s’est bien rendu dans sa ville préférée, Paris. Du 18 septembre au 8 octobre, il a séjourné dans son palais près de la tour Eiffel, qu’il a acheté il y a quatre ans pour 80 millions d’euros. Contrairement aux autres années, il n’a pas été vu se promenant dans les rues ni dans aucun restaurant. Il est sorti très rarement, la nuit, pour faire une promenade en voiture.

Là-bas, il était accompagné de deux des trois frères Azaitar, ces experts germano-marocains en arts martiaux qui sont entrés dans sa vie en avril 2018. À eux s’est ajouté par la suite le Melillien Yusef Kaddur, lui aussi ancien professionnel des sports martiaux, jusqu’à son incorporation dans cette cour royale informelle.

Durant son séjour parisien, Mohamed VI n’a pas rencontré le président Emmanuel Macron, bien que la réconciliation franco-marocaine ait été scellée, après plusieurs années de tensions, le 30 juillet dernier. Cette étape a été franchie grâce à un message du chef d’État français au roi, incluant des concessions sur le Sahara occidental allant au-delà de celles faites par le président Pedro Sánchez dans sa lettre envoyée au souverain le 14 mars 2022.

Le palais de l’Élysée a laissé entendre à la presse que Mohamed VI assisterait au sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays francophones, qui s’est tenu début octobre à Villers-Cotterêts et à Paris. Bien qu’il soit toujours à Paris, le roi a décliné l’invitation.

Macron prévoit de faire une visite d’État au Maroc les 28 et 29 de ce mois. Ce sera, selon le protocole marocain, la visite d’État la plus courte jamais effectuée par le président français. La santé du souverain exige que ce soit bref. Depuis le début de 2024, le roi n’a reçu qu’une seule personnalité étrangère, le président espagnol, en février dernier à Rabat. L’audience a duré moins d’une heure. Un an plus tôt, il avait posé un lapin à Sánchez en prolongeant ses vacances à Pointe-Denis (Gabon).

Au-delà de finaliser la réconciliation, Macron vise, avec son voyage à Rabat, des objectifs similaires à ceux atteints par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, à Marrakech en octobre 2007 : obtenir des contrats ferroviaires. Il y a 17 ans, Sarkozy a obtenu l’attribution directe à des entreprises françaises de la ligne à grande vitesse de Tanger à Kénitra. Maintenant, il s’agit de la prolonger jusqu’à Marrakech.

La mauvaise santé du monarque ne lui permet plus de suivre au jour le jour les affaires de son royaume. Le rôle de son principal conseiller, Fouad Ali El Himma, déjà important, l’est encore plus maintenant. Himma, 61 ans, aujourd’hui véritable vice-roi du Maroc, a lui aussi été malade, mais a été soigné avec succès aux États-Unis.

Le domaine de la sécurité est entre les mains d’Abdellatif Hammouchi, 58 ans. Il est le premier dans l’histoire du Maroc à être à la fois chef de la Sécurité nationale (police) et de la puissante et redoutée Direction générale de la surveillance du territoire, la police secrète.

Le prince héritier, Moulay Hassan, âgé de 21 ans, suit, pour sa part, des études de gouvernance et de droit entre une université privée (UM6P) et une autre publique à Rabat. Il assiste à peine aux cours.

El Confidencial, 15/10/2024

#Maroc #MohammedVI #Maladie

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