L’appel à l’aide de Giorgia Meloni

Si des élections devaient se tenir maintenant, la coalition emmenée par Meloni probablement les perdrait.

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Depuis que l’Italie et l’Union européenne ont passé un accord avec la Tunisie pour un meilleur contrôle du flux de migrants en partance de cette dernière, jamais il n’en est arrivé d’un coup autant que ces derniers jours sur l’île de Lampedusa. A se demander si ceci n’explique pas cela. La coïncidence en tout cas a semblé douteuse à Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien, dont la lutte contre la migration était le cheval de bataille aux dernières élections, qu’il s’en est fallu de peu qu’elle ne mette en cause la sincérité de la Tunisie, et celle de la Libye par la même occasion, ce qui évidemment n’aurait rien arrangé.

D’ailleurs une autre explication est possible : c’est au contraire parce que la Tunisie, la Libye étant un cas à part, est déterminée à faire barrage à l’émigration clandestine venant d’Afrique, et que les passeurs le savent, qu’une déferlante d’une hauteur exceptionnelle a été organisée par eux dans l’urgence, de peur d’un durcissement prochain des conditions d’embarquement depuis ce pays. Le travail qui devait se faire en plusieurs traversées espacées dans le temps, pour mieux tromper la vigilance des gardes-côtes des deux rives de la Méditerranée, s’est fait en une seule et donc sur toute une flotte de rafiots remplis à ras bord.

Si des élections devaient se tenir maintenant, la coalition emmenée par Meloni probablement les perdrait. Cette vague exceptionnelle s’est abattue sur l’Italie, mais il semble bien que ce soit en France qu’elle a causé le plus d’émoi. Ce n’est plus d’invasion qu’il faut parler, mais de submersion, ont averti des ténors de l’extrême droite. Contre l’invasion, on a tout essayé, avec le résultat que l’on voit, ont-ils fait remarquer. Tout sauf les grands moyens, c’est-à-dire ceux de la guerre. Il faut sauver la France, le rempart Italie ne garantissant contre rien, car elle serait, assurent-ils, menacée dans son existence même. Il n’y aurait pas une barque qui prend la mer en Tunisie qui ne soit pas aussitôt repérée par l’armée française, marine et aviation réunies. Ce serait un jeu d’enfant de la stopper net.

Cette extrême-droite ne dit pas encore qu’il ne reste plus qu’à faire feu sur les barques en route vers l’Italie, mais avec ce qui vient de se passer, ces porte-parole ne sont pas loin de le préconiser sans détour. Une autre vague comme celle qui vient de déferler, et sans doute ils sauteront ce dernier pas. En comparaison, Meloni est une modérée. Pour sa part, elle en appelle à l’ONU. Elle l’adjure depuis la tribune de l’Assemblée générale de faire du fléau migratoire une cause mondiale de la plus haute urgence. Le bon sens, c’est-à-dire en l’espèce l’instinct de survie, commanderait de s’y mettre dès maintenant.

Si des pays au sud sont menacés de submersion pour fait de crise climatique, des pays au nord sont menacés de submersion pour cause de migration. Ceux-ci ne sont pas moins dignes d’attention et de secours que ceux-là. Le discours de Meloni est au fond un appel à l’aide, le SOS d’un pays n’en pouvant plus devant un ennemi trop puissant. Le discours de l’extrême droite en France, où pourtant aucune barque n’a encore accosté, est quant à lui un appel à la guerre contre une invasion qui contrairement aux apparences serait planifiée dans le moindre détail.

Mohamed Habili

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