Niger : La France en quête d’un mandat de la Cédéao

La CEDEAO pourrait demander à la France d'intervenir militairement au Niger.

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Si la Cédéao s’engage dans une action militaire au Niger, vient de dire Emmanuel Macron devant les ambassadeurs de son pays, qu’elle sache que la France est disposée à lui apporter son aide, comme elle la soutient déjà dans ses efforts diplomatiques pour y rétablir Mohamed Bazoum et l’ordre constitutionnel. On se doutait un peu que la France était pour l’emploi de la force contre l’armée nigérienne, désormais on en a une confirmation de toute première main. C’est une offre de service que la France fait par là à ceux des pays membres de la Cédéao qui las d’attendre que les putschistes se livrent à eux se décident à passer à l’action.

Comme la France dispose sur place d’une force suffisante pour régler le problème, la Cédéao en fait n’aurait même pas à envoyer des troupes, elle n’aurait qu’à lui demander d’agir en son nom, qu’à lui donner mandat pour la meilleure des causes, celle de rétablir la démocratie au Niger. Ainsi, du jour au lendemain, ce qui n’était qu’une force de soutien dans la lutte antiterroriste deviendrait en même temps une force d’intervention et une force d’occupation.

Si l’offre en question était acceptée par ceux auxquels elle est destinée, parmi lesquels de grands amis de la France, la force française pré-positionnée non seulement mettrait fin au coup d’Etat, mais recoloniserait le Niger. C’en serait en effet fini de l’indépendance de ce pays. La recolonisation française ne s’arrêterait pas là d’ailleurs, elle s’étendrait au Mali et au Burkina Faso, deux pays déjà coupables et d’avoir procédé à des coups d’Etat et de s’être débarrassés de la présence française. Pourtant, sans cette dernière, aucun de ces trois pays n’existerait aujourd’hui dans ses frontières actuelles, a dit le président français sur un ton particulièrement assuré. Il a juste omis de préciser que sans la destruction de l’Etat libyen, avec la complicité des Britanniques, et l’implication de l’Otan, une alliance militaire soi-disant défensive, aucun de ces trois pays n’aurait été déstabilisé.

La France a jeté bas un Etat qui ne la menaçait en rien, imitant en cela les Etats-Unis dans leur guerre en Irak. Le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, est maintenant poursuivi par la justice de son pays pour financement libyen de sa campagne électorale de 2007. Après cela, il ne lui reste plus qu’à être accusé d’avoir commandité le lynchage biblique de Kadhafi, et la boucle sera bouclée. La vérité c’est que la France récolte au Sahel ce qu’elle a semé en Libye. Elle ne sera plus paternaliste en Afrique, soit, mais elle n’y sera pas faible non plus, a averti son président. C’est-à-dire qu’elle ne se laissera pas chasser du Niger, comme elle le fut du Mali et du Burkina Faso. Et du moment que c’est elle qui fera plier les putschistes nigériens, et non pas eux elle, elle reprendra ses marques aussi au Mali et au Burkina Faso. D’une pierre trois coups, en somme, à ceci près qu’ils ne sont pas simultanés.

Ce joli programme a toutefois besoin pour se réaliser que des pays africains demandent à une ancienne puissance coloniale de reprendre ses anciens droits au Niger. La Cédéao qui déjà est divisée est morte si seulement elle donne le sentiment d’être intéressée par l’offre qui lui est ainsi faite. Reste maintenant le cas personnel de Mohamed Bazoum, dont la France fait une affaire personnelle, mais que probablement elle aurait abandonné à son sort si au lieu d’être pro-français il était pro-russe, aussi démocratiquement qu’il aurait pu néanmoins être élu.

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