Maroc : Taoufik Bouachrine privé de soins et puni en prison

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Alors que l’état de santé de Taoufik Bouachrine, condamné en appel à 15 ans de prison, se dégrade, les autorités pénitentiaires renforcent leur pression sur le journaliste. RSF dénonce les mesures punitives qu’il subit et alerte sur l’urgence d’une prise en charge médicale appropriée. 

La famille de Taoufik Bouachrine a informé RSF qu’elle a saisi, ce 18 mai, “le Conseil national des droits de l’homme” et compte alerter “toutes les organisations et instances officielles et non officielles de défense des droits de l’homme pour les informer que l’administration pénitentiaire pratique une torture psychologique délibérée contre Taoufik et continue de le priver de ses droits qui sont garantis par la Constitution et la loi”.

“Nous partageons les inquiétudes de la famille de Taoufik Bouachrine qui est, de fait, victime d’une triple peine. Outre son incarcération pour des affaires montées de toutes pièces, on le prive des soins dont il a légalement droit et on cherche, en lui imposant à l’extérieur le port de la tenue carcérale et des menottes, à l’atteindre dans sa dignité. Nous appelons les autorités marocaines à faire en sorte que Taoufik bénéficie des soins dont il a besoin. Il faut également que cessent immédiatement les nouvelles mesures punitives inadmissibles contre lui (Khaled Drareni, Représentant de RSF en Afrique du Nord)

L’ancien directeur du quotidien Akhbar El Youm, aujourd’hui disparu, a besoin d’un suivi dans une structure hospitalière extérieure à l’établissement pénitentiaire, selon un communiqué alarmant de sa famille daté du 12 mai. “Taoufik souffre énormément de l’épaule depuis trois ans, et les analgésiques et les médicaments fournis par l’infirmerie de la prison n’ont plus d’effet significatif, ce qui a poussé le médecin de la prison à recommander son transfert à un hôpital à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire”. Les proches de Taoufik Bouachrine soulignent que même le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a approuvé son hospitalisation hors de la prison.

Or l’administration pénitentiaire marocaine semble vouloir conditionner ce transfert au port, par le journaliste, de la tenue carcérale ainsi que des menottes, selon cette même source. Exigence que le journaliste, arbitrairement emprisonné depuis cinq ans, refuse et qualifie, à juste titre, d’atteinte à la dignité humaine et d’insulte à sa personne.

La délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) a indiqué, vendredi dernier, que Taoufik Bouachrine bénéficiait “des soins de santé nécessaires aussi bien au sein de l’établissement pénitentiaire que dans les hôpitaux extérieurs”. L’agence de presse officielle MAP a publié une mise au point de la DGAPR affirmant que le journaliste avait “bénéficié de plusieurs examens internes, dont 26 fois à la prison locale d’Ain Borja et 43 à celle d’El Arjat 2”.

De fait, l’état de santé du journaliste ne permet pas de confirmer que tout est mis en œuvre pour qu’il aille mieux. Et le 13 mai l’ancien directeur d’Akhbar El Youm a informé son épouse qu’une série de mesures de représailles avaient été prises à son égard immédiatement après la publication du communiqué de la famille :  réduction du temps passé dans la cour,  placement en isolement,  renforcement de sa surveillance,interdiction de passer des appels téléphoniques, arrêt de tout contact entre lui et l’administration pénitentiaire au sujet de ses peines et des interrogations qu’il pourrait avoir en matière de droits.

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