La France a aussi son Qatargate : le présentateur de BFM TV viré

Où en étions-nous avec le Qatargate ? Oh oui : c’était, de l’avis de nos partenaires européens toujours sympathiques, un  »travail italien » parce que nous, comme nous le savons, en tant que peuple concentrons le pire, tandis que les autres sont loin même des tentations. Et on panse nos plaies en se disant que, comme on dit, on va les chercher, en regardant la poignée de criminels présumés qui campent à l’intérieur du Parlement et dans ses couloirs comme des pommes pourries, en admettant cependant qu’au moins cette humiliation pourrait nous ont été épargnés.

Mais ensuite, lentement, d’autres cas émergent, et pas en Italie ou impliquant des Italiens, de sujets qui se prêtent à des opérations pour améliorer la réputation de tel ou tel État, croyons-nous avec quelque chose en retour. Pourtant, ce qui se passe en France en ces heures est sensationnel car, après une enquête interne, un audit dirait quelqu’un qui ne sait peut-être pas si le terme est latin ou anglais, l’un des présentateurs les plus connus, Rachid M’Barki, a été prié de quitter son bureau, dans la salle de rédaction de BFM TV, et de prendre place à la porte pour un cas manifeste de trafic d’influence. Le présentateur historique du journal télévisé était accusé d’avoir diffusé en silence des reportages de son journal quotidien non validés par le sommet de sa hiérarchie. BFM TV a également annoncé porter plainte contre des inconnus pour « corruption passive et abus de confiance ».

Rachid M’Barki animait la chaîne d’information en fin de soirée, dans laquelle il commentait l’actualité du jour. Alors, pour lui, à partir d’aujourd’hui plus d’actualité ni de récit des plus grands criminels français aux côtés de Dominique Rizé dans l’émission  »Laissez entrer les prévenus ».

Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, a annoncé aujourd’hui aux salariés le licenciement pour faute grave du journaliste. M’Barki, 54 ans, présentateur historique du Journal de la nuit de la chaîne, a été suspendu le 11 janvier, après la découverte de la diffusion de services non agréés par le sommet de la chaîne journalistique. Deux séquences coûtent cher au présentateur. Notamment, un reportage diffusé le 22 juin faisant la promotion d’un forum d’affaires entre l’Espagne et le Maroc, qui s’est tenu dans la ville de Dakhla, située au Sahara occidental, un territoire contesté et non autonome selon les Nations unies, mais revendiqué par le Maroc.

Marc Olivier Fogiel avait prévenu dans un mail les journalistes et salariés de la chaîne tout info qu’il avait été alerté en début d’année par Radio France, qui enquêtait sur les « agissements » suspects de Rachid M’Barki. Un rapport qui a conduit à l’ouverture d’un  »audit interne ».

Le texte de la communication se prête à très peu d’interprétations : »Suite aux révélations de Radio France relatives aux agissements du journaliste Rachid M’Barki qui ont conduit à son licenciement d’activité le 11 janvier, le groupe a initié un audit interne afin d’examiner la véracité des faits rapportés qui auraient pu avoir lieu lors du Journal de la nuit (…) de BFMTV, ces investigations ont permis d’identifier plusieurs séquences, entre 2021 et 2022, qui ont été diffusées sans respecter le processus de validation et la ligne éditoriale ».’ « Ces manquements – a précisé Fogiel – sont à la charge exclusive d’un journaliste qui n’a pas respecté les règles en vigueur au sein de la rédaction. La direction a décidé de mettre fin à son contrat de travail le 21 février »‘. Marc-Olivier Fogiel lui-même a annoncé qu’hier, 22 février, une plainte a été déposée contre des inconnus. X, annonçant que le groupe  »a également décidé de renforcer encore les systèmes et contrôles actuels pour permettre une plus grande sécurité du processus d’intégration des contenus et de contrôle des antennes ».

Sur le sujet, l’édition en ligne d’aujourd’hui du Monde a émis l’hypothèse que le journaliste transmettait des services non convenus avec la haute direction éditoriale, n’excluant pas l’intérêt direct des gouvernements étrangers. ‘ ‘Ces sujets concernaient des émissions courtes portant notamment sur les oligarques russes, le Qatar ou le Sahara Occidental ».

Après la suspension, Rachid M' »Ils utilisaient des nouvelles qui venaient d’informateurs » et qui « ne suivaient pas forcément le cheminement habituel » . »Peut-être que j’ai été dupé, il n’avait pas l’air que c’était comme ça ou que je participais à une opération de je ne sais quoi, sinon je ne l’aurais pas fait ». Depuis, une enquête du Monde et du consortium Forbidden Stories a révélé que cette affaire « n’était qu’une petite partie d’une vaste entreprise de désinformation menée par une structure israélienne, qui aurait vendu ses services dans le monde entier ». Parmi les images diffusées sans autorisation par M’Barki, au moins deux séries de sujets consacrés aux sanctions contre les oligarques russes et visant un ancien haut responsable qatari faisaient partie de campagnes de désinformation plus vastes orchestrées par « Team Jorge », un « atelier » israélien avec pas d’existence légale, et dirigé par un ancien soldat israélien ».

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