Le Maroc recourt à l’Aipac pour la question du Sahara occidental

Le Maroc recourt à l’Aipac pour la question du Sahara occidental
Rabat sollicite le lobby américain pro-israélien pour obtenir le soutien des états-Unis
Algérie presse servicePublié dans La Tribune le 26 – 07 – 2013
Le Maroc a sollicité l’influent lobby pro-israélien des Etats-Unis, American Israel public affairs committee (Aipac), pour qu’il intervienne en sa faveur auprès du Congrès et du gouvernement américains sur le dossier du Sahara occidental, notamment pour la question des droits de l’Homme, a indiqué le site d’information juif américain Mondoweiss.
Basé à Washington, le groupe de pression pro-sioniste Aipac, qui a pour vocation de défendre Israël et de promouvoir les intérêts israéliens aux Etats-Unis, est connu pour être un interlocuteur incontournable pour ce qui concerne la politique américaine au Moyen-Orient.
Le Maroc et Israël «semblent travailler de concert pour saper les activités de la Commission des droits de l’homme du Congrès américain chargée de faire respecter l’engagement des Etats-Unis à défendre les droits de l’homme des Sahraouis», affirme l’auteur de l’article, Mike Coogan.
A ce propos, il indique qu’en avril dernier, les deux co-présidents de la Commission des droits de l’Homme de la Chambre américaine des représentants, Frank Wolf (républicain) et Jim McGovern (démocrate), avaient envoyé une lettre au secrétaire d’Etat, John Kerry, portant sur la violation des droits de l’Homme des Sahraouis par le Maroc.
Cette lettre a aussi préconisé le soutien à un élargissement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) à la surveillance des droits de l’Homme.
Dans leur document adressé au chef de la diplomatie américaine, les deux co-présidents de la commission parlementaire ont également appelé les Etats-Unis «à exhorter le Maroc à cesser immédiatement le harcèlement, l’intimidation, les arrestations arbitraires et la détention des pro-indépendantistes sahraouis, et à appeler à la libération des prisonniers sahraouis emprisonnés pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et d’association».
Réunion AIPAC-Maroc à Washington
Quelques jours après que Frank Wolf et Jim McGovern eurent envoyé leur lettre à John Kerry, une délégation composée de hauts responsables des services de renseignement et de sécurité marocains s’est rendue à Washington pour rencontrer des responsables du puissant lobby pro-israélien Aipac, rapporte l’auteur de l’article.
Même si l’Aipac et la délégation marocaine s’étaient gardées de commenter la teneur de leurs réunions tenues à Washington, les experts sur la question ont peu de doute quant à l’objet de leurs discussions compte tenu du «timing» de l’organisation de cette rencontre, observe M. Coogan. Sur ce point, il relève que Stephen Zune, un des grands experts américains des questions du Moyen-Orient et militant pour la non-violence, considère que cette réunion «n’est pas du tout surprenante» au regard du «soutien habituel des groupes sionistes aux Marocains.» Néanmoins, bien qu’il existe des «liens étroits historiques» entre le gouvernement marocain et Israël, leur «effort commun» mené à Washington pour saper le travail de la Commission des droits de l’Homme du Congrès constitue un «nouveau développement» dans ces relations, commente M. Coogan. Il avance même que cela fait partie d’une campagne de lobbying plus large entreprise par le gouvernement marocain pour améliorer son image aux Etats-Unis. Sur ce point, il cite la Maroco-Américaine Samia Errazouki, spécialiste des affaires maghrébines, laquelle avait indiqué dans l’une de ses enquêtes que le lobby marocain «Moroccan American Cultural Center» a dépensé plus de 1,4 million de dollars dans ses activités de lobbying rien que durant le 1er semestre 2012.
Résultats «mitigés» des lobbyings précédents
Mme Errazouki soutient que les efforts de lobbying menés par le gouvernement marocain auprès de membres du Congrès américain visent à «enjoliver la situation vécue par les Marocains qui vivent sous un gouvernement non démocratique, et par les Sahraouis qui vivent sous occupation au Sahara occidental», détaille-t-elle.
L’autre exemple cité est le rapport élaboré par l’organisme américain Fara, chargé de réglementer et de surveiller les activités des associations étrangères activant aux Etats-Unis, qui fait part des relations entre l’organisme marocain «Moroccan American Center for Policy» et la blogueuse américaine pro-Aipac dans le quotidien Washington Post, Jennifer Rubin, dont les écrits «sont devenus tristement célèbres pour ses éloges sur les réformes du régime marocain», note Mme Errazouki, citée par le site d’information
Mondoweiss.
Pourtant, poursuit-elle, le dernier rapport du département d’Etat américain dit tout le contraire lorsqu’il relève que les réformes constitutionnelles «ont clairement préservé les pouvoirs essentiels du roi marocain» et lorsqu’il critique la violation des droits de l’Homme au Maroc et au Sahara occidental par les autorités marocaines.
«En parallèle de cette utopie de démocratie au Maroc que Jennifer Rubin décrit aux lecteurs, les seules critiques reprochées par cette dernière sont orientées vers les ennemis du gouvernement marocain», note la même source. Néanmoins, en dépit des efforts largement financés par le gouvernement marocain, au cours des précédentes années, pour tenter d’obtenir, sans succès, le soutien du Congrès américain, et son «recrutement» de quelques-uns des meilleures lobbys de Washington, les résultats sont restés «mitigés», constate l’auteur de l’article.
C’est ce résultat défavorable qui a, manifestement, poussé le gouvernement marocain à se tourner, désormais, vers l’Aipac du fait notamment que celui-ci est largement connu comme le lobby le plus efficace sur les questions de politique étrangère des Etats-Unis, explique M. Coogan. En optant pour cet influent lobby américain pro-israélien, le Maroc tente de trouver, avance-t-il, une stratégie fiable pour «amadouer» et infléchir l’action des membres du Congrès et avoir les faveurs du gouvernement américain sur la question du Sahara occidental.
APS

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