Le général Townsend révèle: l’Africom lâche le Maroc

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Le Commandant en chef du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) le général Stephen J. Townsend a affirmé ce mardi que le Congrès américain a ordonné à l’Africom de ne plus effectuer les manœuvres militaires baptisées “African lion” sur le sol marocain et d’explorer dans l’immédiat d’autres alternatives sur le continent africain. Une décision qui constitue un revers pour le Maroc qui s’est tout le temps servi de ces manœuvres pour se construire une puissance jugée factice.

Dans une conférence de presse en ligne à laquelle a assisté Le Jeune Indépendant et qui coïncidait avec la fin de sa mission de trois ans à la tête de cet important commandement dont le siège est à Stuttgart en Allemagne, le général Townsend a fait savoir que dans le nouveau budget de défense pour l’année fiscale 2022 adopté par le Congrès il a été exigé de l’Africom de mettre fin à ces manœuvres soit à une collaboration militaire entre Rabat et Washington dans ces exercices qui a duré 18 ans.

A une question de savoir si l’Africom allait explorer d’autres lieux en Afrique pour organiser ces manœuvres qui se sont déroulées aux portes de l’Algérie, le militaire américain a été catégorique. “La réponse la plus courte est +oui+, nous sommes entrain de le faire car le Congrès nous à demandé de déplacer ces exercices ou une grande partie des exercices vers d’autres lieux du continent” .

L’Algérie avait tout le temps regardé ces manœuvres d’un mauvais œil compte tenu du fait qu’elles se déroulaient dans une zone proche du territoire du Sahara Occidental occupé, une région de surcroit en guerre, ce qui constituait une réelle menace pour la sécurité de la région.

Selon le général Towsend qui est sur le point aussi de prendre sa retraite de l’armée américaine, le Congrès américain a demandé à l’Africom d’engager une diversification des exercices militaires. “Et par diversification il s’agit d’essayer de déplacer les exercices où certains éléments des exercices dans d’autres lieux du continent”, a-t-il expliqué.

“Donc nous sommes engagés à le faire tout d’abord parce que nous croyons au contrôle civil de l’armée, nous respectons notre gouvernement qui nous a dit qu’il fallait le faire”, a-t-il souligné précisant que le choix ne s’est pas encore porté pour le moment sur aucun autre pays africain.

“Nous avons pour le moment un Pôle de l’Africom au Maroc, une antenne en Tunisie dotée d’un personnel de 500 membres, d’une antenne au Sénégal et une antenne au Ghana”, a-t-il fait savoir, ajoutant que l’Africom va continuer d’explorer les manières de diversifier davantage les exercices +African Lion+”.

Le général américain qui s’exprimait à partir de Bruxelles, a aussi fait part de son souhait que d’autres pays se portent volontaires “pour organiser certaines activités de l’exercice ou l’ensemble de l’exercice”.

Toutefois, il a précisé que des évaluations et des enquêtes vont être effectuées afin de trouver les potentiels candidats pour accueillir ces exercices.

De nombreux membres du Congrès et des militaires américains avaient exigé du Pentagone de retirer du Maroc, les exercices qui entre temps mettent en péril les intérêts américains avec des partenaires stratégiques comme l’Algérie tout en exacerbant la tension dans la région du Maghreb.

Le sénateur américain James Inhofe a récrément dénonce la tenue de ces exercices au Maroc. « Parce que le Maroc n’a montré aucune volonté de résoudre la question du Sahara occidental, les États-Unis devraient évaluer des emplacements alternatifs pour y accueillir nos exercices militaires annuels », a-t-il affirmé devant les membres du Congrès qui ont ensuite décidé de tourner le dos au Maroc dans le budget de défense.

Ces exercices ont toujours servi au Maroc l’alibi factice, notamment à l’égard de son peuple blasé par le marasme économique, de faire croire qu’il est une puissance région incontournable, et de moyen d’intimider via ses relais médiatiques, le voisin algérien. Or, les manœuvres “African Lion” se déroulent à sens unique à savoir seuls les soldats américains sont autorisés avec des armements tandis que les soldats marocains se contentent de la figuration.

En plus de la publicité faite autour de ces exercices, le Maroc engrange d’énormes dividendes financiers ainsi que les contrats militaires pour services rendus.

Des sénateurs avaient justement réclamé que Washington mette fin aux livraison d’armes au Maroc. Dans une récente correspondance adressée au président des États-Unis Joe Biden, les membres du Congrès américain Sara Jacobs et Colin Allred ont appelé son administration à faire respecter le droit du peuple sahraoui et à cesser de fournir des armes au Maroc.

En mettant fin aux manœuvres “African Lion”, Washington rectifie une erreur due à un mauvais aiguillage diplomatique dans son approche au Maghreb et surtout d’une mauvaise lecture des réalités sur le terrain notamment d’un régime marocain en plein errement.

Le Maroc posait de sérieux périls dans la région par ses errements successifs sur le dossier du Sahara occidental et son incapacité à garantir une politique de bon voisinage qui ne contrarie pas les intérêts américains dans la région.

Par S. Ould Brahim
Le Jeune Indépendant, 26 juil. 2022

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