Maroc-Algérie-Gazoduc Maghreb-Europe: L’arroseur arrosé

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L’Algérie, par le biais de Sonatrach, et l’Espagne, à travers la compagnie Naturgy, n’ont pas trop tergiversé pour prendre les devants depuis que du côté du Maroc il a été décidé d’exhiber comme un atout, dans la guerre des mots qu’il a imposée à l’Algérie, la question du renouvellement du contrat de passage sur son territoire du gazoduc Maghreb-Europe qui dessert une partie importante du pays ibérique.
La rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc est donc consommée. Il reste à savoir ce qu’il adviendra des relations économiques, très marginales, entre les deux voisins si l’on excepte le contrat les liant pour le passage du gaz naturel en direction de l’Espagne.
Il n’est un secret pour personne que le gazoduc Maghreb-Europe (GME) permet au Maroc de s’approvisionner en gaz naturel dans une proportion pas loin de 50% pour satisfaire notamment ses besoins en électricité, en plus de droits de passage de ce gazoduc entré en exploitation il y a 25 ans pour le transport à partir de Hassi R’Mel en direction de l’Espagne et du Portugal de plus de 10 milliards de mètres cubes de gaz en passant par le Maroc. 
Long de 1400 kilomètres pour relier le nord de l’Afrique au sud de l’Europe, à travers un conduit sous-marin le long du détroit de Gibraltar, le GME permet à l’Espagne et au Portugal d’assurer leurs approvisionnements à plus ou moins 30% de leurs besoins annuels en gaz, besoins appelés à augmenter même sans le recours à ce gazoduc qui n’en finit plus de défrayer la chronique, mais sans que cela suscite la moindre pression ni sur Sonatrach ni sur son partenaire ibérique Naturgy.
Il y a quelques semaines, alors que les spéculations atteignaient des proportions telles que les intentions du Maroc quant au non-renouvellement du contrat de passage du GME étaient au stade du fait accompli, le P-dg de Sonatrach Toufik Hakkar confiait, en toute décontraction, que même en cas de non-renouvellement de ce contrat qui prend fin en octobre prochain, l’Algérie pourra fournir du GNL à l’Espagne dans le respect des quantités contractuelles, mais également répondre à une éventuelle demande supplémentaire du marché espagnol sans aucun problème. 
Évidemment, le patron de Sonatrach faisait allusion à l’autre gazoduc qui dessert l’Espagne ; Medgaz qui relie Béni-Saf au port d’Almeria en passant sous la Méditerranée. Gazoduc, qui plus est, a bénéficié d’une extension devant entrer en service au quatrième trimestre de cette année après avoir fait l’objet d’un investissement de 90 millions de dollars. Un investissement qui, avant même que le gazoduc n’entre en fonction avec ses nouvelles capacités, s’avère déjà stratégique en plus du fait qu’il permet à l’Espagne de renforcer sa sécurité d’approvisionnement en gaz et à l’Algérie de perpétuer la relation commerciale qui la lie avec l’Espagne depuis les années 1970.
Désormais tranquille au sujet de son approvisionnement en gaz naturel après la terrible crise de l’hiver dernier lorsque les prix avaient pris de la hauteur faute de s’être approvisionnée suffisamment alors que l’hiver s’était avéré rude, l’Espagne économise les quantités de gaz qu’elle cède au Maroc, surtout en ces temps présents où les prix du GNL flambent en raison de la forte demande de partout et de l’indexation du prix du gaz sur celui du pétrole. Ce qui met forcément dans un sacré embarras les Marocains.
Ainsi, après avoir exhibé de façon plutôt insidieuse la menace de non-reconduction du contrat de passage du GME, voilà que la donne se retourne contre le Maroc qui a voulu jouer à l’arroseur mais, finalement, se retrouve dans le rôle de l’arrosé, en cas de non-renouvellement du fameux contrat de passage du GME.
Il ne restera alors au Maroc qu’à invoquer tous les saints pour que le gazoduc Nigeria-Maroc puisse voir le jour, malgré le scepticisme des potentiels clients européens du consortium Nigeria LNG.
Azedine Maktour

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