la condamnation pénale de Nicolas Sarkozy vue par The Irish Times

Source : The Irish Times, 7 mars 2021

Dernière éclipse politique pour l’ancien président qui a admis qu’il ne se représenterait pas l’année prochaine

Les électeurs français ont rendu leur verdict sur l’ancien président Nicolas Sarkozy bien avant la décision du tribunal pénal de lundi dernier. La présidence d’Emanuel Macron et le triomphe d’une soi-disant « nouvelle politique » sur les partis de droite et de gauche de l’establishment français a été un contrecoup qui a autant à voir avec la lassitude face à leur arrogance, à la corruption et aux tractations, qu’avec la montée du populisme.

Ainsi, la condamnation humiliante de Sarkozy à trois ans de prison – dont deux avec sursis – pour corruption et trafic d’influence suite à sa promesse de promouvoir un juge en échange d’informations sur une enquête, marque largement un post-scriptum à l’ère « Sarko » et une ultime éclipse politique de l’homme qui a enfin admis qu’il ne se représenterait pas l’année prochaine.

Il fera appel de la décision, éventuellement auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, et il continue à la décrire comme une fausse-couche d’inspiration politique. Mais il doit également faire face à d’autres audiences devant la Cour dans le courant du mois sur les dépenses excessives qu’il aurait faites pendant sa campagne de réélection en 2012. Et la campagne présidentielle réussie de Sarkozy en 2007 fait toujours l’objet d’enquêtes en cours concernant des allégations de financement illicite en Libye.

Un moment historique

Bien que Jacques Chirac ait été condamné à deux ans de prison avec sursis en 2011 pour détournement de fonds publics lorsqu’il était maire de Paris, aucun ancien président n’avait été condamné à une véritable peine de prison depuis le maréchal Pétain, leader collaborationniste français, en 1945. Mais c’est aussi un moment historique pour la Cinquième République française qui confère tant de pouvoir – et peu de responsabilité – à ce qui a été décrit comme un « monarque républicain ». Et ce n’est en aucun cas un feu de paille pour la classe politique – le candidat de droite à la présidence de 2017, François Fillon, et l’ancien ministre socialiste du budget, Jérôme Cahuzac, ont tous deux été condamnés ces dernières années pour mauvaise gestion financière. Tout comme l’ancien mentor politique de Sarkozy, Charles Pasqua, et l’ancien chef de cabinet Michel Gaudin.

Certains espèrent que ces procès annonceront un changement de culture politique en France, mais ils ont également provoqué un déferlement de colère à droite contre ce qui est considéré comme un pouvoir judiciaire politique – des juges qui ont été mis en colère par ce qu’ils considèrent comme une érosion inadmissible de leur indépendance par l’exécutif. Certains se sont sans doute souvenus que c’était le même président qui se moquait autrefois des magistrats comme des pois indiscernables dans une cosse.

Réfléchissant aux implications politiques, Le Monde a affirmé que Sarkozy a « payé le prix » pour avoir attiser l’hostilité envers le pouvoir judiciaire, en particulier le parquet financier (PNF) qui a mené l’affaire, « chaque fois qu’il est dans un coin serré ». Il a exhorté l’ancien président à s’abstenir d’aggraver ce qui « est devenu non seulement un piège pour lui mais aussi un danger pour le pays ».

Tags : Nicolas Sarkozy, trafic d’influence, financement illicite, corruption,

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