Algérie : Quelles concessions pour un futur «khawa-khawa ?»

par Malika Boussouf

Il faudra bien, un jour, cesser d’assimiler les appels à la vigilance à une quelconque allégeance ou à un soutien à une administration décriée par un mouvement populaire qui a renoué avec la rue après un arrêt dû à la pandémie. Une parenthèse qui aurait trop duré et que l’on aurait mis trop de temps à refermer, selon les esprits éclairés qui en font de nouveau une priorité que rien ne saurait détourner de ses objectifs.

Pour contredire ceux qui encouragent les regroupements, tout en banalisant les risques encourus à avancer collés les uns aux autres et à se cracher dessus allègrement, il y a l’autre catégorie. Celle à laquelle j’appartiens et qui n’a pas peur de prendre les distances qu’il faut avec un consensus meurtrier. Oui, n’ayons pas peur de le dire !

Le consensus qui distribue la parole à qui il veut n’est pas le mien. Les lectures que ledit accord aimerait imposer comme les plus «éclairées» dans un monde qui ne saurait plus où il va mènent à la tombe. Ceux qui prétendent avoir tout compris aux intentions des uns et des autres n’ont pas le sentiment que séparer le bon grain de l’ivraie fera avancer le schmilblick. Soit on est pour un Hirak qui transcende les risques que la proximité fait courir aux marcheurs, soit on est en cheville avec une autorité qui méprise, réprime et condamne. Les nuances n’existent pas pour ceux dont les voix se font entendre comme celles qui ne reculeront devant aucune menace, fût-elle d’ordre sanitaire.

Les contestations enfantent des antagonismes qui virent aux condamnations aveugles et fabriquent des leaders en mal de lumière. Ainsi vont les consensus dont la nocivité étouffe les divergences d’opinions et le débat contradictoire.

C’est dans ces ambiances, qui inspirent tous les opportunismes, qu’émergent de nouveaux messies et s’affirment les arrière-pensées qui mènent droit au mur. S’allier contre un même adversaire, quitte à le faire pour des projets de vie différents. La situation imposerait, dit-on, d’unifier les rangs. Question ! Si l’urgence dictait aux promoteurs du changement d’y aller selon un timing improvisé, lequel des alliés aurait le plus à perdre en chemin ?

Le Soir d’Algérie, 4 mars 2021

Tags : Algérie, Hirak, coronavirus, covid 19,

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