Sahara Occidental : La cinglante réponse de Christopher Ross

J’ai été Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental de 2009 à 2017. Dans ce contexte, on m’a demandé à plusieurs reprises ce que je pense de la récente proclamation du président Trump reconnaissant la souveraineté marocaine sur l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental.

Cette décision insensée et irréfléchie va à l’encontre de l’attachement des États-Unis aux principes de la non-acquisition de territoire par la force et du droit des peuples à l’autodétermination, tous deux inscrits dans la Charte des Nations Unies. Il est vrai que nous avons ignoré ces principes en ce qui concerne Israël et d’autres, mais cela n’excuse pas de les ignorer au Sahara occidental et de nous engager des coûts importants en termes de stabilité et de sécurité régionales et de nos relations avec l’Algérie.
L’argument que certains à Washington avancent depuis des décennies selon lequel un État indépendant au Sahara occidental serait un autre mini-État en faillite est faux. Le Sahara occidental est aussi vaste que la Grande-Bretagne et possède de vastes ressources de phosphates, de pêche, de métaux précieux et de tourisme basé sur la planche à voile et les excursions dans le désert. Elle est bien mieux lotie que de nombreux mini-États dont l’établissement a été soutenu par les États-Unis. Le Front Polisario de Libération du Sahara Occidental a démontré en mettant en place un gouvernement en exil dans les camps de réfugiés du Sahara Occidental dans le sud-ouest de l’Algérie qu’il est capable de diriger un gouvernement de manière organisée et semi-démocratique. La proposition référendaire que le Polisario a présentée en 2007 prévoit des relations privilégiées très étroites avec le Maroc en cas d’indépendance.
Il est vrai que les États-Unis ont toujours exprimé leur soutien à la fois au processus de négociation facilité par l’ONU et, depuis 2007, au plan d’autonomie du Maroc comme UNE base possible de négociation. Le mot ONE est crucial car il implique que d’autres résultats pourraient émerger et assure ainsi que le Polisario reste dans le processus de négociation au lieu de se replier dans une reprise de la guerre ouverte qui a prévalu de 1976 à 1991. C’est cette année-là que le Maroc et le Le Polisario a accepté un plan de règlement de l’ONU qui promettait un référendum en échange d’un cessez-le-feu. Treize ans ont été passés à essayer de parvenir à un accord sur une liste d’électeurs éligibles, les sept derniers d’entre eux sous la supervision de James Baker. En fin de compte, ces efforts ont échoué car le Maroc a décidé qu’un référendum était contraire à ses (revendications de) souveraineté et, ce faisant, n’a pas été repoussé par le Conseil de sécurité. En 2004, cela a poussé Baker à démissionner.
Le Conseil de sécurité a alors substitué des négociations directes entre le Maroc et le Polisario comme approche alternative. Présidé par trois envoyés successifs de l’ONU des Pays-Bas (van Walsum), des États-Unis (le vôtre) et d’Allemagne (Kohler), treize séries de pourparlers face à face en présence de l’Algérie et de la Mauritanie ont eu lieu de 2007 à 2019. À ce jour, ces efforts ont également échoué parce qu’aucune des parties n’était disposée à modifier sa position au nom du compromis. Avec la démission du plus récent envoyé en 2019 «pour des raisons de santé» mais plus probablement par dégoût pour le manque de respect du Maroc et les efforts pour entraver son travail (comme ils l’ont fait avec moi), le Secrétaire général de l’ONU est à la recherche d’un autre envoyé. Les personnes approchées à ce jour se sont opposées,
Si jamais nous devons parvenir à un règlement, ce sera par un processus de négociation interminable. La décision du président Trump de reconnaître la souveraineté marocaine affaiblit toute incitation pour le Polisario à rester dans ce processus. Cela menace également les relations des États-Unis avec l’Algérie, qui soutient le droit des Sahraouis de décider de leur propre avenir par référendum, et sape la croissance de nos liens existants dans les domaines de l’énergie, du commerce, de la sécurité et de la coopération militaire. En résumé, la décision du président Trump garantit une tension, une instabilité et une désunion continues en Afrique du Nord.
Source: Facebook
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