Maroc : Le dictat de la force

LE DICTAT DE LA FORCE

par Abdou BENABBOU
La monarchie marocaine vient de donner le coup de grâce à l’unité déjà malmenée d’un monde arabe rassemblé par un trop-plein d’oralité. La Ligue arabe, marionnette depuis longtemps fissurée, est bel et bien enterrée. Il devient aujourd’hui certain que d’autres Etats vont emboîter le pas pour suivre l’intrusion du Maroc dans une aventure dont on ne saisit pas avec exactitude son issue car, par définition, on sait où commence une aventure mais on ne sait jamais où elle finit. Dans la continuité des grandes manœuvres dans le dédale présent, l’émiettement et la moulure des Etats arabes vont se poursuivre pour qu’ils se rendent compte finalement qu’ils n’ont plus de miroir pour se regarder. L’avanie s’est généralisée et les Algériens sont conscients du mauvais retour de ce qu’ils ont invariablement offert en don de soi. Ils connaissent le contenu pourri de la reconnaissance qu’ils ont souvent perçu en échange de leur disponibilité. Mais il est hors de question de leur demander de changer de profil pour sombrer dans l’infamie.
L’inévitable interrogation est de se demander comment l’Algérie va-t-elle pouvoir se mouvoir dans ce bourbier planifié où la dignité et les principes ne sont plus, de guerre lasse, que des gadgets à utiliser.
La question est peut-être mal posée, car il n’est plus question de réclamer ni de persister à quémander une solidarité et une union qui, tout compte fait, ne seront jamais acquises. On ne peut respecter quelqu’un qui n’a aucun respect pour lui-même et ce qui est valable pour un individu l’est pour un Etat. Dans le monde d’aujourd’hui, comme celui d’hier et de demain, le respect ne tombe pas du ciel et rit de la déclamation naïve. Il acquiert son vrai sens pour un pays quand une solide base est construite pour que ce pays soit respecté. L’Algérie savait à quoi s’en tenir pour avoir souvent goûté à l’ingratitude et doit savoir aujourd’hui qu’elle ne pourra compter que sur elle-même en se pourvoyant des instruments nécessaires pour se prémunir du statut d’assistée.
Il a toujours été prouvé que l’assistanat est père des nombreuses turpitudes qui soumettent les peuples au dictat de la force.
Le Quotidien d’Oran, 13 déc 2020

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