Sahara occidental : L’heure de la guerre a-t-elle sonné ?

En agressant des civils sahraouis à Guerguerat, le Maroc a violé l’accord de cessez-le-feu. L’heure n’est plus à la condamnation de ces brutalités qui durent depuis de longues années, il est temps pour la communauté internationale et les Nations unies d’assumer leurs responsabilités car cette situation peut provoquer un «état de guerre» entre la République arabe sahraouie démocratique et le royaume du Maroc. 

Le Polisario de retour à la lutte armée 
Récit complet des manipulations d’une occupation 
Suite à l’agression marocaine perpétrée dans les terres sahraouies dans la région de Guerguerat, le 13 novembre 2020, dans une transgression claire de l’accord de cessez-le-feu, à travers l’exécution d’une opération militaire contre des manifestants civils sahraouis pacifiques devant le passage illicite de Guerguerat, en violation flagrante des accords militaires signés avec les Nations unies. 
Boulam B. (Trad. Hamam Ghania Sihem)
La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a annoncé son retour à l’option de la lutte armée. Elle a souligné que l’ensemble du territoire du Sahara occidental est en situation de guerre ouverte et en état de légitime défense. 
Afin de comprendre le contexte qui entoure la question sahraouie, débattue dans l’hémicycle des Nations unies comme faisant partie des territoires concernés par le droit à l’autodétermination, et revoir les preuves irréfutables qui confirment la tergiversation de l’occupant marocain et son refus de mettre en œuvre les décisions de la légitimité internationale, il faut revenir sur certains événements importants intervenus depuis le milieu des années 1980. Plus précisément en 1985, lorsque le Premier ministre marocain de l’époque, Mohamed Karim El-amrani, a annoncé au nom du roi Hassan II, devant l’assemblée générale des Nations unies, le 23 octobre 1985, que le Maroc avait accepté la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental et quels que soient les résultats obtenus, ils seront validés. 
Tergiversation et tromperie 
Ce que l’on peut considérer comme la première tergiversation franche et tromperie flagrante commise par l’occupant marocain, le discours prononcé à l’époque devant l’organe onusien qui n’a pas fait allusion à l’argumentaire ressassé depuis toujours pour légitimer l’occupation des terres sahraouies et qui repose sur de prétendus «droits historiques», réfutés par la Cour internationale de justice de La Haye qui a démontré explicitement l’absence de liens historiques entre les territoires marocains et le territoire du Sahara occidental. Par conséquent, le représentant du Maroc, dans une tentative de manipulation, avait reconnu devant la tribune des Nations unies, et indiqué clairement que la région du Sahara occidental est indépendante des terres marocaines. 
Malgré cette position «nouvelle», en apparence, qui cache en réalité le sens même de la manipulation incessante, la guerre au Sahara occidental s’est poursuivie, en raison de différends sur la tenue du référendum, prévu pour le 6 septembre 1991. Le Front Polisario et le Maroc ont réussi à conclure un accord de cessez-lefeu et la tenue d’un référendum sur l’autodétermination, supervisé par la mission de l’ONU au Sahara occidental, la Minurso. Sur cette base, le cessez-le-feu a été décrété et la guerre avait pris fin. Le processus de préparation du référendum a été miné par plusieurs obstacles et méthodes de manipulation afin d’influencer les résultats du référendum de manière à servir la partie coloniale. Parmi ces méthodes, l’insertion de noms de citoyens marocains implantés en territoires sahraouis occupés dans les listes des personnes habilitées à participer au référendum. Un fait condamné de manière catégorique par la partie sahraouie. 
Avec la mort du roi du Maroc, Hassan II, le 23 juillet 1999, le processus de préparation du référendum a été suspendu. En ce sens, la partie marocaine avait pour objectif d’imposer la politique du fait accompli. En avril 2007, une ancienne proposition est remise au goût du jour, représentée par ce qu’il est appelé une «autonomie élargie». Dans une autre tentative pour gagner plus de temps, soutenu par un espoir illusoire que les Sahraouis capituleront après avoir été totalement épuisés, omettant le fait que la question est liée à la détermination du sort d’un peuple sous occupation et que ce dernier n’est pas prêt d’abandonner sa quête quoi qu’il arrive, en aucune circonstance, qu’il s’agisse d’une once de leurs terres usurpées. 
Dans un autre acte de transgression, pas le dernier d’ailleurs, l’occupation marocaine avait procédé à l’ouverture de trois points de passage à proximité de la zone démilitarisée de Guerguerat, en vertu de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991, parrainé par les Nations unies. a noter que l’accord en question stipulait que la situation demeurerait telle quelle, en attendant l’organisation du référendum sur l’autodétermination. En effet, l’accord signé entre le roi Hassan II et les Sahraouis, en 1991, prévoyait que la situation resterait telle quelle sur le terrain jusqu’à la tenue du référendum d’autodétermination. 
Sachant que l’occupation marocaine avait érigé au milieu des années 1980 un mur d’humiliation et de honte, séparant Guerguerat du reste des terres sahraouies occupées. Par conséquent, il était clair que les terres à l’intérieur du mur sont des terres sahraouies occupées, et ce, jusqu’à la tenue du référendum qui déterminera le statut du Sahara occidental et son avenir. Quant aux terres situées à l’extérieur du mur, elles sont considérées comme des terres autonomes administrées par le Front Polisario, avec la présence des forces de la Minurso sur la ligne de démarcation pour surveiller la mise en œuvre et le respect du cessez-le-feu. 
En poursuivant sa quête expansionniste, l’armée marocaine avait pris d’assaut la région du Guerguerat, située du côté autonome du Sahara occidental, et a ouvert un passage pour rejoindre la Mauritanie à des fins commerciales. Face à cette dangereuse provocation, les Sahraouis ont procédé, dans le respect de leur droit de disposer de leurs terres libérées et conformément à l’accord de cessez-le-feu dans son volet militaire signé avec le Maroc, à la fermeture du passage. En réponse, l’occupant a procédé à la réouverture du passage en s’appuyant sur la force militaire, en violation flagrante de l’accord susmentionné. Ceci explique donc la décision légitime et rationnelle du Polisario, et derrière lui le peuple sahraoui, de reprendre la lutte armée et d’exercer son droit à l’autodétermination. 
Communauté internationale… Revenir immédiatement au processus politique 
Concernant les positions de la communauté internationale, la République d’afrique du Sud, qui préside actuellement l’Union africaine, a affirmé que la Rasd est une réalité internationale qui ne peut être occultée. En ce sens, dans une lettre aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, elle a expliqué que la Rasd est un Etat fondateur de l’Union africaine et membre à part entière de celle-ci. L’afrique du Sud a souligné que sa position sur la question du Sahara occidental était guidée par la position de l’Union africaine et des Nations unies, qui considèrent toujours la question du Sahara occidental comme une question de décolonisation. 
En outre, l’afrique du Sud avait clairement indiqué que cette position émane du fait de son vécu et de son histoire avec le colonialisme et la discrimination raciale qui était pratiquée et institutionnalisée sur ses terres. Cette position de l’afrique du Sud trouve son écho dans les pays qui ont souffert du colonialisme et de l’occupation. 
Aussi, il a été mentionné dans la lettre que «l’afrique du Sud soutient la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, dont le mandat principal, tel que stipulé dans la résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité et toutes les résolutions ultérieures, afin d’organiser un référendum libre et équitable sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». 
L’allemagne avait également demandé la nomination d’un envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental. Sur ce point, la porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères avait déclaré : «Nous avons constaté pendant le mandat de l’ancien président allemand Horst Köhler, en tant qu’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental, que des progrès positifs sont, sans aucun doute, possibles. C’est pour cela que nous œuvrons à rétablir ce poste dans les meilleurs délais.» L’Allemagne a appelé à la relance du processus politique qui devrait se dérouler sous l’égide de l’ONU. 
Pour sa part, la Russie a affirmé que sa position émane du principe ferme sur le fait qu’:«une paix juste et durable ne peut être atteinte dans la région que par des moyens politiques établis sur des bases juridiques internationales reconnues, en particulier les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, et dans le cadre de procédures conformes aux principes et objectifs de la Charte des Nations unies.» 
Le communiqué du ministère des affaires étrangères russe a traduit le soutien de la Russie à la reprise du processus de négociations entre le Maroc et le Polisario dès que possible et à l’activation des efforts visant à présenter un règlement, y compris la nomination d’un nouvel envoyé du secrétaire général des Nations unies au Sahara occidental afin d’assurer la sécurité et l’efficacité des travaux de la Minurso. a son tour, la Grande-Bretagne, en tant que membre du Conseil de sécurité et du Groupe des amis du Sahara occidental, s’est jointe à la vaste liste des pays ayant annoncé la nécessité de reprendre les négociations entre le Front Polisario et le Maroc afin de parvenir à une solution juste et finale, conforme aux principes et aux objectifs des Nations unies. 
James Cleverley, ministre d’Etat britannique pour le Moyen-Orient et l’afrique du Nord et secrétaire adjoint britannique aux affaires étrangères chargé du MoyenOrient et de l’afrique du Nord, avait déclaré que son pays, tout en surveillant la situation à Guerguerat, au Sahara occidental, «exhorte à éviter une nouvelle escalade et à un retour immédiat au processus politique mené par les Nations unies, afin de parvenir à une solution politique finale en faveur du peuple du Sahara occidental». 
Dénoncer la complicité de certains pays contre le peuple sahraoui 
Outre les nombreuses positions d’organisations internationales de défense des droits de l’homme soutenant la lutte du peuple sahraoui pour recouvrer son droit légitime à l’autodétermination, le Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental a dénoncé les pays qui soutenaient le Maroc «militairement, financièrement et politiquement, depuis 1975». Il les a appelés à «cesser immédiatement leur complicité dans les violations systématiques des droits de l’homme et des règles du droit international humanitaire, commises par le royaume du Maroc au Sahara occidental.» Il a également indiqué que «le soutien déclaré par la France et l’Espagne au Maroc et à sa politique coloniale au sein de l’Union européenne et des Nations unies porte atteinte de manière significative aux efforts de protection et de promotion des droits de l’homme dans le monde mais aussi, compromet le système du droit international et des relations amicales entre les pays, tels que définis dans la résolution 2625 (d-25) de l’assemblée générale des Nations unies». 
La même association a également appelé la communauté internationale «à intervenir pour faire cesser immédiatement toute intervention militaire étrangère et mettre fin à toute forme d’occupation, à tous les actes d’oppression, de discrimination, d’exploitation et de mauvais traitement, en particulier les méthodes brutales et inhumaines commises par l’occupation marocaine à l’encontre du peuple sahraoui». 
Aussi, ces organisations ont affirmé que les actions de ces pays ont, «en plus de leur impact qui a freiné durant plus de trente ans l’action de la Minurso, se référant à sa mission principale qu’est l’organisation d’un référendum libre pour l’autodétermination, constituent également un facteur de gaspillage arbitraire de l’argent des contribuables de tous les pays membres des Nations unies et un mépris du peuple sahraoui concernant ses droits fondamentaux.» 
Le Groupe des droits de l’homme a appelé, entre autres, le secrétaire général de l’ONU à «prendre en charge personnellement la gestion de la situation afin de permettre à la Minurso, seule mission des Nations unies en terres sahraouies, dont le mandat principal est la mise en œuvre d’un droit fondamental des droits de l’homme et des peuples opprimés, d’organiser un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.» Pour rappel, le groupe de défense des droits de l’homme susmentionné considère que le Sahara occidental «est le seul territoire non encore indépendant qui soit encore sous occupation militaire illicite de la part du royaume du Maroc, puissance coloniale étrangère, et réclame à cet égard la nécessité de la pleine application des deux décisions susmentionnées.» 
Enfin, à un moment où la machine diplomatique s’active dans divers pays de par le monde pour trouver une solution pacifique à la question sahraouie, et compte tenu de l’incapacité de l’ONU à s’acquitter pleinement de ses tâches fondamentales au Sahara occidental, à savoir protéger les droits de l’homme dans les territoires occupés, il convient de s’interroger sur ce qu’il adviendra de la situation dans un proche avenir en terres sahraouies. L’ambassadeur sahraoui en afrique du Sud a affirmé qu’aucune solution ne se fera en dehors de la volonté du peuple sahraoui pour la liberté et l’indépendance, «tant que la guerre continue et que l’armée sahraouie lance des attaques nuit et jour contre les positions des forces de l’occupation marocaine». Il a ajouté : «La République sahraouie ne participera à aucun processus politique qui ne respecte pas le droit sacré et reconnu sur la scène internationale de son peuple à l’indépendance et à la liberté. C’est le minimum que toute nouvelle initiative politique doit offrir dans le cadre de la liberté et de l’indépendance du Sahara occidental».
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