Algérie: «La stabilité et la sécurité dérangent les ennemis du peuple algérien»

Le chef de l’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, revient à la charge. Après un intermède d’une semaine, où il surprenait par son ton inhabituellement conciliant, Gaïd Salah reprend avec sa fermeté dans le discours à l’égard de ceux qu’il a désignés comme «les ennemis du peuple algérien à l’intérieur comme à l’extérieur». De qui parle-t-il, exactement ?

Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Le toujours vice-ministre de la Défense nationale, comme c’est mentionné encore dans le communiqué du MDN rendu public, hier mercredi, s’est exprimé ainsi à l’occasion d’une intervention devant le conseil d’orientation de l’Ecole supérieure de guerre de Tamentfoust, en présence des commandants de forces, le commandant de la 1re Région militaire et des directeurs centraux du ministère, membres du conseil d’orientation de l’école.

Une intervention d’autant plus attendue qu’il s’agit de la première sortie du chef de l’état-major après les lourdes décisions annoncées par Abdelaziz Bouteflika le 11 mars dernier. L’homme fort de l’armée commencera par réaffirmer les précédents engagements de l’institution. «J’ai eu à le dire à maintes reprises, et je le répéterai encore une fois, car je ne me lasserai jamais de répéter et de m’enorgueillir de la grandeur de la relation et de la confiance qui lie le peuple à son armée en toute circonstance».

Puis, immédiatement après, il assène : «Ainsi, et partant de la grandeur de cet excellent capital relationnel, je me suis engagé en toute sincérité et abnégation, conscient même de la profondeur de mes propos que la sécurité de l’Algérie, sa stabilité, sa souveraineté nationale et son unité populaire et territoriale sont un legs précieux et inestimable qui incombe aux éléments de l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale».

Dans cette conjoncture particulière que traverse le pays, avec cet extraordinaire soulèvement populaire contre le cinquième mandat, puis contre le prolongement du quatrième mandat, d’un côté, et les lourdes décisions de Bouteflika, de l’autre, cette sortie de Gaïd Salah est tout sauf un discours de routine.

L’armée détient-elle des informations précises quant à de sérieuses menaces sur la sécurité nationale ? En tout cas, son premier responsable est catégorique et affirme : «Ce précieux legs que nos forces armées font de sa préservation leur préoccupation majeure et leur mission fondamentale, et que notre armée s’engage à s’en acquitter de la manière la plus judicieuse et la plus correcte, en toutes conditions et en toutes circonstances, dérange énormément les ennemis du peuple algérien à l’intérieur comme à l’extérieur .» Sans fournir de plus amples indications sur l’identité de ces «ennemis intérieurs et extérieurs», le chef de l’état-major fait, toutefois, allusion à l’existence d’une entreprise visant à récupérer, sinon exploiter et dévoyer les grandes manifestations.

«Ces ennemis, accusera en effet Gaïd Salah, qui excellent dans la saisie des opportunités et qui pêchent dans des eaux troubles et maîtrisent l’art des interprétations fausses et tendancieuses, ignorent, poursuit le patron de l’état-major, que le peuple algérien conscient, authentique et attaché aux préceptes de sa religion islamique ,qui comprend parfaitement le sens du verset coranique «Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction» , sait de fait, et de par les dures expériences qu’il a vécues, durant la période du colonialisme français, ensuite durant la décennie noire du terrorisme, de par son sens de patriotisme comment faire face aux crises que connaît son pays et comment contribuer avec un patriotisme élevé à déjouer les plans de ceux qui guettent son pays.

Un grand peuple ne craint guère les crises quelle que soit leur ampleur et son sort demeurera de tout temps le triomphe de la victoire.»
Gaïd Salah, qui tenait par ailleurs, à rassurer quant au haut niveau de professionnalisme atteint par l’ANP, qui s’est dotée d’un autre fleuron de formation qu’est l’Ecole de guerre, dont les missions consistent à en faire «la source d’élites, de compétences, et d’aptitudes aux cerveaux fertiles, capables d’anticiper les défis qui pourraient profiler dans les horizons proches, voire lointains et d’analyser les indicateurs et les événements et des évolutions, avec toutes leurs constantes et variables, afin de fournir une lecture correcte et appropriée».

Le général de corps d’armée affirmera, cela étant, que «l’armée est convaincue que la réputation d’un pays de martyrs est une réputation d’un éclat pérenne, qui ne sera nullement impactée par un quelconque facteur interne et externe, saura indéniablement que le peuple du pays des martyrs est un peuple qui valorise sa bonne réputation à sa juste valeur et accorde au devoir de la préserver avec sagesse et pondération un grand intérêt».
Colonne vertébrale de l’Etat algérien, l’armée tient, ici, par la voix de son chef d’état-major, à rassurer quant à son engagement permanent à garantir la stabilité et la sécurité nationales «en toutes circonstances» .

Gaïd Salah dira ainsi que «l’armée, pourvue de cette vision judicieuse et clairvoyante, œuvrera inlassablement à se remémorer son passé séculaire et tirera de ses engoncements ce qui l’aide à se hisser à la hauteur de la réputation de sa patrie et de son peuple».

K. A.

Le Soir d’Algérie, 15 mars 2019

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