Bouteflika, Roi d’Algérie

Source : Angles de vue, 6 avr 2009

Dans trois jours aura lieu en Algérie quelque chose que les autorités appellent « les élections présidentielles ». On parle de vote comme si le pays était réellement démocratique, comme si l’opposition et la presse ne sont pas réduits, sinon persécutés, comme si le champ médiatique n’était pas fermé, comme si…etc.

Face au candidat président et maître possesseur du pouvoir se tiennent d’illustres inconnus, mobilisés pour la circonstance afin de faire de la figuration et d’être généreusement remerciés une fois la farce terminée.
La machine de propagande est mise en branle. Portraits géants du zaïm, drapeaux multicolores, slogans patriotards anachroniques, discours en boucle de la chaîne unique (que les Algériens appellent « la zéro ») à la gloire du président candidat, etc. Non, ces choses là n’appartiennent pas au seul passé (décennies Boumédiène) ou au seul voisin tunisien (Benali)…

On ne va pas rappeler ici que Bouteflika, après des années de règne sans partage, a réhabilité politiquement le fondamentalisme religieux; a gracié les criminels de guerre islamistes ; a fait exploser la corruption dans les institutions de l’Etat ; a réussi à faire exporter un nombre impressionnant d’Algériens sur des embarcations de fortune (phénomène dit des harraga, Algériens désespérés qui tentent vaille que vaille de fuir leur misère pour rejoindre l’Europe) ; à fermer de force le dossier non résolu de « la tragédie nationale » (guerre civile, disparus) ; à faire fuir définitivement « les cerveaux » ; à censurer la presse et les livres, etc.

Non, non ! On ne va pas rappeler tout cela ! On ne va pas dire aussi que le cercle présidentiel a privatisé l’Algérie ; que le président dispose à sa guise des ressources pétrolières ; qu’il emploie ces dernières plutôt pour sous-développer le pays ; que, de l’autre côté, c’est le chômage, le mal-être et la malnutrition qui donnent sa physionomie aux populations algériennes.

On va oublier tout cela, on va aussi oublier que nous savons pertinemment la chose suivante : le président a modifié la Constitution du pays pour pouvoir se perpétuer au pouvoir ! Les Algériens savent que le lendemain du 9 avril, ce sera toujours le même Bouteflika qui continuera sa présidence, pour encore cinq ans ! Enfin, si la biologie du corps Bouteflika ne lâche pas, car la biologie est toujours plus forte que la démocratie !

Dés lors, je pose cette question : pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom, et ne pas changer de dénomination pour le chef du pays ? Pourquoi ne pas réserver le terme de « Président » aux chefs d’état issus d’élections démocratiques et laisser celui de « Roi » pour les chefs d’états issus de mascarades électorales ou héritant du trône d’une manière qui exclut la décision du peuple ?

Dans cette logique, Bouteflika serait le Roi d’Algérie et Benali le Roi de Tunisie ! Et bien sûr, il faut corriger en conséquence le terme d’« élections » pour parler de bal de reconduction obligatoire du précédent Roi du pays…

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