Le journaliste Gerbert van der Aa expulsé du Maroc

Son travail comprenait des articles sur la migration illégale et la situation dans la région du Rif, un sujet sensible dans le royaume.

Vendredi, le journaliste néerlandais Gerbert van der Aa a été contraint de quitter le Maroc. Il l’a confirmé à NRC. Il a travaillé dans ce pays d’Afrique du Nord sur des articles concernant la migration illégale, la consommation d’alcool et la situation dans la région du Rif.

A son 4ème jour au Maroc, Van der Aa -qui écrit aussi à l’occasion pour NRC- a été arrêté et averti de quitter le pays parce qu’il allait y travailler illégalement. Il affirme qu’il est impossible d’obtenir une accréditation de presse en tant que journaliste étranger, mais qu’il a travaillé dans le pays sans licence. A son arrivée, il a déclaré avoir été suivi par les services secrets marocains.

Koen Greven, correspondant du NRC, reconnaît qu’il est presque impossible d’obtenir une accréditation de presse marocaine, mais que vous n’en avez généralement pas besoin. « Si vous venez écrire sur la beauté du Maroc, il n’y a rien de mal « , dit-il. « Ils ne le demandent que quand ça leur convient. Et surtout le Rif est maintenant une zone interdite.

Van der Aa est actuellement dans le conclave espagnole de Mélille, au nord du Maroc. De là, il prend le bateau pour l’Espagne continentale le lundi après-midi.

Les journalistes néerlandais expulsés plus souvent

Bien qu’au Maroc « il est beaucoup plus possible que dans presque tous les autres pays arabes « , affirme l’expert marocain Jan Hoogland, la liberté de la presse dans le royaume est de plus en plus mise en cause. Ces dernières années, un certain nombre de journalistes néerlandais ont été expulsés du pays ou ont rendu leur travail impossible. Fin 2015, le correspondant de Radio 1, Rik Goverde, a dû quitter le pays subitement pour une raison peu claire. Deux ans plus tard, la pigiste Sjoukje Rietbroek a quitté son poste de correspondante après quatre ans parce qu’elle prétendait que le travail était rendu impossible.

L’été dernier, le correspondant de NRC Koen Greven et le photographe José Colon ont été suivis par les services secrets marocains lors d’un voyage de travail. Greven voulait faire un reportage sur la communauté néerlando-marocaine en vacances dans le Rif, au nord du pays. Il lui a également été clairement indiqué qu’il devait partir. Il aurait dû recevoir une « permission spéciale » pour travailler dans le Rif, lui a-t-on dit.

L’agitation dans le Rif

Une explication possible de l’expulsion de Van der Aa est qu’il voulait écrire sur la situation dans la région du Rif, un sujet extrêmement sensible dans le royaume nord-africain. Dans le Rif, des troubles ont éclaté à la fin de 2016 après qu’un marchand de poisson ait été écrasé alors qu’il tentait de sauver sa cargaison de poisson confisquée d’un camion poubelle.

Pendant des mois, il y a eu des protestations à grande échelle contre le manque d’emplois, d’infrastructures et de soins de santé dans la région de Riffin. C’est devenu une lutte pacifique contre le pouvoir centralisé et la corruption dans la capitale Rabat, qui a finalement été suivie par d’autres parties du pays.

Des centaines de manifestants, dont les dirigeants du mouvement de protestation, Hirak Rif ( » le mouvement Rif « ), ont été arrêtés durant l’été 2017. Au cours d’un procès d’une durée de plusieurs mois qu’ils ont eux-mêmes qualifié de « procès-spectacle », plus de quarante militants éminents ont été condamnés à vingt ans de prison. L’appel a débuté en novembre à Casablanca. Parmi les condamnés figuraient également plusieurs journalistes.

Sourcce: NRC

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