Mots pour maux

Plaidoirie pro domo plus que reconnaissance explicite du jeu ambigu de la France dans le dossier sahraoui. Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault, dans luniversel langage diplomatique consacré, a louvoyé on ne peut mieux pour «clarifier» de manière «définitive» la position du pays quil représente dans le dossier sahraoui.
La subtilité des propos confirme ce qui se fait dans les arcanes de la politique de manière générale et plus particulièrement dans les dossiers que daucuns savent comme pratiquement sans solution. Du moins pas pour la génération actuelle, comme toutes celles qui lont précédée et sans doute celles qui suivront. Celui (dossier) palestinien en est le meilleur témoignage et pourtant il y a moins de vingt-cinq ans, avec lhistorique poignée de mains Arafat-Rabin, le monde entier avait cru en un règlement définitif dun conflit dont, par effets multilatéraux, les conséquences ne se limitent plus à la seule région qui en est le théâtre mais impactent lensemble de la planète.
«Concernant le Sahara occidental, la position de la France est toujours la même. Nous sommes pour que la Minurso puisse mettre en Suvre sa mission. Cest là tout le travail de dialogue que nous avons entrepris ces dernières semaines pour que la relation entre les partenaires régionaux, notamment le Maroc et lONU sapaise». Quen termes sibyllins le ministre des Affaires étrangères français confirme art de la rhétorique et contorsions politiques sachant, quinversement, lHexagone va soutenir tout le contraire en gardant la même version à loccasion de toute visite, laquelle est-il besoin de le dire par anticipation, ne saurait tarder, dun de ses représentants à hauteur du royaume chérifien.
J.-M. Ayrault na, par ailleurs, pas besoin quun émissaire de lEtat français fasse le déplacement au Maroc pour expliquer démarche et langage diplomatique, faut-il le concéder, légitimes et justifiés parce quil ne saurait en être autrement avec ce quils sous-tendent en intérêt politique tous azimuts. Lattribution de la légion dhonneur au prince héritier saoudien et la levée de boucliers de politiques, intellectuels, artistes, appartenant ou proches du pouvoir en place, et son extension à un tollé international a, selon ce qui a été rapporté par lhebdomadaire satirique Le Canard enchaîné, fait bredouiller J.-M. A. sur les ondes dune radio hexagonale : «&Cest une tradition démocra& euh, une tradition diplomatique&»
Comme quoi en politique il y a toujours possibilité de dire et/ou faire une chose est son contraire avec une déconcertante duplicité. Et dans cet exercice, lhôte de lAlgérie fait pénitence pour son pays. «Nous avons assisté à des tensions que nous ne pouvons pas ignorer (comprendre les coups de gueule de lAlgérie par rapport à certains attitudes et démarches françaises peu orthodoxes en faveur du palais. Ndlr)», dira-t-il.
Néanmoins, la parade& politique, diplomatique, idiosyncratique est là. «Parfois, on nous a reproché dentreprendre cette démarche, mais celle-ci avait un but dapaisement», ajoute M. Ayrault. Et sil sexcuse de ne pas demander pardon au nom du pays quil représente, lémissaire français conclut «que le conflit du Sahara occidental qui dure depuis 40 ans ne doit pas être la pierre dachoppement dans lamitié entre lAlgérie et la France». La réal-politique reprenant finalement ses droits.
Le «Je taime, moi non plus» algéro-français est un désormais classique au scénario inébranlable sur lequel aucune interchangeabilité du casting na dinfluence, encore moins laspect spectaculaire des effets spéciaux connexes.
Et sinon, à part cela ? Eh bien ce ne sera que partie remise et aux… brouilles (convenues) à venir.
A. L.

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